Si le séisme du 12 mai 2008 à Wenchuan a permis de libérer la force formidable de la société civile et de réveiller la « communauté des citoyens », la longue reconstruction de trois ans reflète clairement les préoccupations publiques de l'État. En brisant l'affrontement entre les intérêts centraux, régionaux et locaux, ces préoccupations permettent d'exposer le meilleur aspect de la nature humaine, et ont indirectement remodelé les valeurs fondamentales de la société chinoise.
Suite au séisme, la nation s'est unie d'un grand élan moral, donnant naissance à une armée de bénévoles. Ceux-ci se sont précipités dans les régions sinistrées, une scène rare. 2008 a ainsi été appelée la « première année des bénévoles chinois ».
« Les gens se sont vraiment unis et ont commencé à agir sans qu'on leur demande », se souvient Wu Yu, un bénévole originaire du Guizhou. Vêtu d'un T-shirt portant les mots « J'aime la Chine », il a avancé jour et nuit vers les régions sinistrées au volant de sa Jeep remplie de vêtements, d'eau potable, de pain et de nouilles instantanées.
Face à une grande catastrophe naturelle, la valeur réelle de la vie humaine est apparue à tous. Les gens ont abandonné leurs désaccords du passé. Les malentendus dans la société, entre les ethnies, sont devenus immédiatement négligeables. C'est la splendeur de la nature humaine, même si ce n'est qu'une fois dans l'obscurité qu'elle est bien visible.
Chen Changwen, professeur de sociologie à l'Université du Sichuan, définit ces actes comme une réaction normale aux crises. « Cela doit être vu pleinement pour son essence positive », dit-il. « À cette époque, quelqu'un m'a dit qu'il s'était rendu compte à ce moment de son manque de générosité. C'est en participant aux efforts de secours que son esprit s'est soudain élargi », se souvient M. Chen.
Cependant, sur la question du maintien à long terme de cet altruisme, il se montre pessimiste.
« Cet état se manifeste lors des crises. Il y a ensuite un retour à la normale. Cependant, cela est l'occasion d'observer les valeurs fondamentales de la société chinoise et le bien qui existe en Chine et qui peut se réaliser à tout moment », explique-t-il.
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