Zhou Enlai en 1920.
Fin 1920, Zhou Enlai et 1 500 autres étudiants chinois se rendent par bateau en Europe pour rechercher la vérité révolutionnaire. En décembre, ils arrivent au port de Marseille puis prennent le train vers Paris pour commencer quatre ans d'études en France. L'objectif de Zhou Enlai est très clair : étudier les théories révolutionnaires et rechercher une voie pour transformer fondamentalement la Chine. Dès son arrivée, il s'attèle à la lecture des ouvrages marxistes et des journaux et périodiques progressistes, se livre à des activités révolutionnaires dans les quartiers où habitent principalement les travailleurs chinois et les étudiants qui participent au mouvement Travail-Etudes. De plus, il fait la navette entre différents pays d'Europe pour développer ses activités révolutionnaires.
Zhou Enlai vit dans une chambrette de l'hôtel Godefroy, un endroit tranquille à deux pas de la place d'Italie au sud de Paris. Il écrit chaque jour des articles pour présenter à son pays la situation politique et sociale de la France et de l'Europe, ainsi que la vie des Chinois sur place.
Le samedi après-midi et dimanche, il se rend dans les cafés fréquentés par les travailleurs et étudiants chinois pour faire des discours. Il propage les théories révolutionnaires, réfute et dénonce les propos absurdes des réactionnaires. Selon son auditoire, ses discours sont convaincants et excitants, reçoivent toujours des applaudissements et laissent une impression très profonde.
Une histoire sur les cigares de Zhou Enlai y circule. Dans la rue Saint-Germain-des-Prés au cœur de Paris se trouvent trois célèbres cafés, dont le Café de Flore. Le panneau portant les trois caractères chinois de Zhou Enlai, surmontant la porte d'entrée, attire les passants. Le patron raconte que le café fut construit vers 1870, à la fin du Second Empire. Il a été fréquenté par des personnalités des milieux culturels et artistiques et des hommes politiques, dont Zhou Enlai. Pascal, un ancien serveur, montrait une grande compassion pour les étudiants miséreux souvent plongés dans leurs livres toute la journée. Plusieurs fois, il leur a porté secours pour subvenir à leurs besoins urgents. Entre autres, le jeune homme venu d'Asie impressionne par son regard magnétique. Pascal confie son admiration pour ce Chinois parti loin de son pays, avec pour résolution de changer le monde. Les deux jeunes gens sont devenus amis. Après de longues années, un Chinois est venu au café et dit à Pascal que Zhou Enlai, déjà Premier ministre de la nouvelle Chine, lui transmettait son bon souvenir et lui avait fait apporter un paquet de ses cigares préférés.
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