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APN : Les députés accueillent les journalistes étrangers chaleureusement mais avec une certaine prudence

Les sessions de l'Assemblée populaire nationale (APN) et de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC) de Beijing ont pris une décision inédite en autorisant cette année les médias étrangers à interviewer directement les députés de l'APN et les membres de la CCPPC. Comment cette nouvelle politique fonctionne-t-elle ? China.org.cn s'est intéressée à la question.

La Chine compte 606 correspondants permanents étrangers issus de 319 organismes d'informations d'outre-mer et provenant de 49 pays et régions du monde.

Selon les derniers règlements qui sont entrés en vigueur au 1er janvier, les journalistes étrangers bénéficient désormais de droits égalitaires dans les reportages en Chine sur les préapratifs et durant les JO de Beijing 2008. Les règlements leur permettent également de couvrir d'autres sujets sur la Chine.

« Il est plus facile maintenant de couvrir des sujets en Chine depuis la mise en place de ces nouveaux règlements. Nous sentons que la Chine est devenue plus ouverte », a déclaré à china.org.cn Christoph Lutgert, journaliste en chef de la télévision allemande ARD.

C'est la troisième fois que M.Lutgert couvre le plus grand événement politique annuel du pays. Selon lui, par rapport à avant, le déroulement des reportages est devenu principalement plus efficace parce qu'on ne doit désormais obtenir que la permission des personnes que l'on souhaite interroger. Auparavant, il fallait obtenir une autorisation des autorités chargées des relations avec les médias.

Gennady Krivosheev, chef du bureau de Beijing de l'agence de presse russe Interfax, a indiqué qu'à ce jour il a réussi à couvrir plusieurs discussions avec les délégations. Il a précisé en chinois : « Il n'y a presqu'aucun obstacle. Si votre Chinois est Ok, vous pouvez écouter n'importe quoi et en faire immédiatement un rapport. Non, aucun problème ! Je suis arrivé en Chine en 1978 et cela fait 5 ans que je suis ici à Beijing. Vous voyez : mon Chinois est presque excellent ! ».

« Je prévois d'interroger quelques députés de l'APN et des membres de la CCPPC sur la coopération énergétique entre la Russie et la Chine. Si vous connaissez le peuple, et si vous connaissez la culture et la langue, vous pouvez travailler encore mieux », a-t-il conclu.

Même son de cloche pour Isolda Morillo, productrice qui collabore avec la Télévision espagnole (TVE) : « Vous savez, quand je les interroge en chinois, les députés et les membres sont très surpris mais heureux de répondre à mes questions. J'ai interrogé beaucoup de gens. Ils sont tous coopératifs ».

« Je suis contente que les Chinois soient si francs. Ils sont très heureux d'être interviewés par des médias étrangers », assure-t-elle.

Tout le monde ne peut pas en dire autant. Un journaliste permanent de la chaîne de télévisision japonaise NHK qui a souhaité rester anonyme se souvient : « Un jour, j'ai posé à plusieurs députés de la délégation militaire des questions sur l'augmentation du budget de la défense et Taiwan. Ils ont refusé de me répondre et sont partis ».

« Ils utilisent souvent l'excuse du ‘j'ai un autre rendez-vous'. Donc il faut les arrêter et les bombarder de questions. Il n'est pas très facile de communiquer avec eux », explique Hung Yee Man de la Division d'informations et d'affaires publiques de la Télévision asiatique.

Mais qu'en pensent les députés de l'APN et les membres de la CCPPC ? Rita Fan Hsu Lai-tai, députée et présidente du Conseil législatif de la région administrative spéciale de Hong Kong, a déclaré : « Parfois, nous sommes vraiment très occupés. Nous sommes toujours assaillis par des journalistes. Pour ma part, je suis très occupée et j'ai beaucoup de rendez-vous. Après une longue journée de réunion, je suis souvent fatiguée. Pour être honnête, après une longue discussion, je n'ai pas envie de donner d'interviews. J'attends des médias qu'ils soient compréhensifs ».

Wang Tiecheng, vice-président de la fédération des personnes handicapées de Chine, se plaint que différents journalistes tendent à lui poser les mêmes questions. « Si les mêmes questions reviennent tout le temps durant la journée, Comment peut-on être heureux d'y répondre ? Nous acceptons de répondre aux questions, mais pas si ce sont toujours les mêmes », se justifie-t-il.

Un député de la délégation militaire qui a tenu à rester anonyme, a expliqué qu'il n'est pas toujours commode de répondre à certaines questions, surtout celles en relation avec la sécurité nationale, la diplomatie étrangère ou les problèmes qui pourraient être classés comme secrets militaires.

« Il n'est pas approprié pour les députés ou les membres de faire des commentaires sur certaines de ces questions. Les journalistes devraient obtenir les informations dont il ont besoin des autorités relatives. S'ils veulent rendre compte de ces questions, ils devraient se référer aux politiques publiques disponibles, mais pas aux opinions personnelles », affirme-t-il. Et d'ajouter : « Nous sommes heureux d'accorder des interviews. Mais nous sommes aussi concients que quelques médias étrangers tendent à déformer ce que nous disons et réutiliser nos propos hors de leur contexte dans leurs reportages ».

« Pour simplifier, nous acceptons de répondre aux questions des médias étrangers mais avec une certaine crainte », confie-t-il.

« Parfois les questions sont trop difficiles. Elles sont si complexes qu'on ne peut pas les traiter à la va-vite entre les pauses des réunions. Comme le dit ce vieil adage anglais : ‘Se tromper est humain, pardonner est divin'. Si certains députés disent des choses par inadvertance, les médias devraient en tenir compte et être compréhensif, et ne pas diffuser les informations. Les médias ont aussi leur responsabilité », poursuit-il.

Concernant les questions complexes, plusieurs députés interrogés par china.org .cn ont admis qu'ils ne pouvaient pas répondre à certaines questions parce qu'ils n'avaient pas les connaissances nécessaires.

Wu Xinchun de la délégation du Sichuan a été invitée à donner son avis sur le projet de Loi sur la propriété et la Loi sur l'impôt sur le revenu des sociétés d'un point de vue légal. « Bien que je sois députée, je reste une personne normale. Je ne peux pas tout connaître et répondre à chaque question. Je suis juste un professeur de base. Mes domaines restent l'education et le système de santé ».

« Par l'éducation, j'ai quelques connaissances sur ces nouvelles lois. Mais me demander de donner mon avis sur un plan légal ? C'est trop difficile. Donc je n'accepterai pas de telles interviews. Je veux bien aider les médias, mais seulement jusqu'à un certain point », conclut-elle.

China.org.cn   2007-03-16

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