Le Qatar accueille les dirigeants du M23 dans le cadre de sa médiation dans la crise en RDC
Les dirigeants du Mouvement du 23 mars (M23), un mouvement rebelle congolais, sont arrivés à Doha, au Qatar, pour poursuivre le dialogue, a-t-on appris vendredi de sources locales. L'émirat joue en effet un rôle de médiateur dans la crise en cours dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC).
Des médias locaux ont rapporté la présence dans la capitale qatarie d'une délégation du M23 conduite par son dirigeant politique, Bertrand Bisimwa, et son chef des renseignements, John Imani Nzenze. Un éventuel échange tripartite entre le M23, la RDC et le Rwanda serait envisagé. Le M23 n'a pas encore fait de déclaration publique. Si ce dernier a confirmé à Xinhua l'arrivée de sa délégation, il n'a pas encore fait de communication publique.
Le 18 mars, sous la médiation de l'émir du Qatar, Tamim ben Hamad al-Thani, le président congolais Félix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame se sont rencontrés à Doha pour la première fois depuis que le M23, un groupe rebelle accusé d'être soutenu par Kigali, a pris la ville stratégique de Goma début 2025.
L'émir du Qatar a déjà joué un rôle de médiateur dans plusieurs efforts diplomatiques de haut niveau, notamment l'Accord de Doha de 2020, qui a conduit au retrait des troupes américaines d'Afghanistan.
Malgré les nombreux efforts régionaux et internationaux, un cessez-le-feu immédiat et sans condition tarde toujours à se concrétiser sur le terrain en RDC.
Selon Bintou Keïta, représentante spéciale du secrétaire général des Nations Unies en RDC, les rebelles du M23 pourraient "s'étendre vers" deux autres provinces de la RDC après avoir établi des administrations parallèles dans celles du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
Elle avait alerté jeudi devant le Conseil de sécurité de l'ONU sur une menace d'expansion des rebelles vers les provinces de la Tshopo et du Maniema. D'après Mme Keïta, le M23 poursuit sa progression vers l'ouest, atteignant Walikale dans le Nord-Kivu, la position la plus occidentale atteinte depuis leur offensive éclair de janvier. Les insurgés ont pris cette ville mercredi, se rapprochant à 400km de Kisangani, quatrième plus grande ville du pays et capitale de la province de la Tshopo.
La RDC et le Rwanda, dont les relations restent tendues, ont chacun donné leur propre interprétation des résultats du sommet du 18 mars à Doha. Kinshasa y voit une "première étape" vers une paix régionale durable, tandis que Kigali insiste sur la nécessité de négociations politiques directes avec le M23, une ligne rouge pour Kinshasa, et appelle à s'attaquer à la question des éléments "génocidaires" des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).
La RDC accuse le Rwanda de soutenir les rebelles du M23, ce que Kigali dément. De son côté, le Rwanda accuse l'armée congolaise de collaborer avec les restes des FDLR, accusé d'avoir participé au génocide de 1994.
L'est de la RDC, riche en ressources minières, reste un foyer de tensions, avec de nombreux groupes armés cherchant à contrôler des ressources telles que le coltan, l'étain, le tantale et l'or. Selon les Nations Unies, environ un million de personnes, dont quelque 400.000 enfants, ont été nouvellement déplacées depuis fin janvier. Ce chiffre pourrait encore augmenter alors que les hostilités se poursuivent dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.