Le respect du droit international humanitaire est fondamental pour la paix, selon la présidente du CICR (INTERVIEW)
Il est très important de mobiliser tous les pays pour qu'ils respectent et appliquent le droit international humanitaire, favorisant une culture de paix dans le cadre multilatéral, a estimé Mirjana Spoljaric Egger, présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
Dans une interview exclusive accordée à Xinhua, en marge d'une discussion spéciale organisée jeudi par le CICR, Mme Spoljaric a noté que les violations du droit international humanitaire étaient actuellement répandues à travers de nombreuses zones de conflit dans le monde.
Selon elle, ce n'est que lorsque les Etats membres de la Convention de Genève prendront des mesures concrètes pour renforcer le respect du droit international humanitaire et cultiver une culture globale de paix que cette tendance alarmante pourra être inversée.
"Ce que nous constatons aujourd'hui, c'est un nombre de conflits en forte croissance. Nous en recensons 120 actuellement en cours, soit plusieurs fois le nombre d'il y a 25 ans. Nous constatons également que ces conflits sont non seulement d'une grande ampleur, mais qu'ils sont aussi menés avec une intensité élevée", a rappelé Mme Spoljaric, avant de signaler : "Il y a une tendance croissante à interpréter de manière permissive, voire carrément dédaigneuse, le droit international humanitaire et la manière dont il s'applique à la conduite des hostilités".
S'agissant des conséquences du non-respect du droit international humanitaire, Mme Spoljaric a souligné que tolérer les violations en temps de guerre augmentait considérablement le coût des conflits, que sont "les souffrances, les pertes et les blessures humaines, les déplacements de population et un nombre très élevé de personnes disparues".
"En Syrie, des dizaines de milliers de familles sont en train de rechercher leurs proches, et nous ne savons toujours pas s'ils seront un jour retrouvés ou combien de temps cela prendra", a-t-elle déclaré, notant que les conflits font peser une immense charge financière sur les Etats, et qu'une meilleure adhésion au droit international humanitaire pourrait réduire la nécessité d'une aide humanitaire importante.
A propos de l'application du droit humanitaire dans les zones de conflit, Mme Spoljaric a rappelé que la Convention de Genève de 1949 a été ratifiée par les Etats membres dans le but fondamental de protéger les civils et les infrastructures essentielles en temps de guerre.
Elle a toutefois déploré que ces principes soient aujourd'hui violés quotidiennement, les équipes du CICR se voyant souvent refuser l'accès aux zones de conflit où l'aide humanitaire est urgemment nécessaire.
Commentant le rôle du CICR dans la promotion des engagements politiques en faveur du droit international humanitaire, Mme Spoljaric a précisé que l'initiative en la matière a déjà recueilli le soutien d'au moins 50 pays, et que le CICR espérait organiser une conférence internationale en fin de 2026 pour renforcer les mesures spécifiques en vue de la mise en œuvre du droit international humanitaire.
Saluant la contribution de la Chine en tant que pays initiateur crucial, Mme Spoljaric a évoqué la participation active de la Chine aux opérations de secours humanitaires dans diverses zones de conflit et sa coopération de longue date avec le CICR. "La Chine est un partenaire et un soutien très important du CICR", a-t-elle conclu.
