Le pont Eiffel se réincarne en Chine
French.china.org.cn | Mis à jour le 04-11-2014
Le pont Eiffel se réincarne en Chine
Il est certainement moins connu que la Tour Eiffel, mais le pont Eiffel, construit en 1864 près de la petite ville méridionale de Bayonne, est toujours considéré comme une prouesse d'ingénierie de son temps, à la fois pour les techniques utilisées et pour son esthétique. Conçu par Gustave Eiffel (1832-1923), le pont était un site pittoresque célèbre de Bayonne malgré des années de désuétude et de délabrement avant sa démolition en 2013.
« C'est ce qui m'a motivé à sauver ces poutres de fer qui ont été démantelées avec le pont », a déclaré Fan, directeur artistique du P'Art, le parc artistique sino-français de Shunde, dans la province du Guangdong. « Je voulais les faire renaître dans les mains de 50 artistes renommés de Chine et de France au parc artistique sino-français. »
Lorsque ces reliques rouillées, témoins culturels et historiques de la révolution industrielle, ont atterri en Chine, un lieu où la démolition des vestiges culturels qui se trouvent sur la voie du progrès n'est pas chose rare, ils ont provoqué une réaction explosive à travers les cercles artistiques chinois.
Le P'Art, construit à l'occasion du 50e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France, couvre 200 000 mètres carrés de terrain.
Fan, qui a vécu en France pendant plusieurs décennies, a une opinion forte sur l'apport artistique à l'espace public.
Le parc est clairement influencé par ses idées sur l'art et la société. Sur le thème « AA Utopia », le parc artistique a attiré de nombreux grands artistes en Chine.
En Chine, le terme « AA » évoque l'idée de partager l'addition dans un restaurant. Fan explique que dans ce cas, « AA Utopia » fait référence au fait que le projet a été achevé grâce aux efforts conjugués de tous les acteurs et n'est pas l'œuvre d'un seul individu.
L'exposition d'ouverture, prévue le 20 novembre, sera composée de 50 œuvres créées à partir du pont Eiffel par 50 artistes. La participation de grands noms comme Wang Guangyi, Sui Jianguo et Xu Bing annonce une grande diversité de styles artistiques, ce qui selon Fan, était l'un de ses principaux objectifs pour la construction du parc.
Alors que l'art minimaliste, aussi appelé art minimal, était il y a quelques années encore très populaire, il n'est plus aussi populaire aujourd'hui. Quoi qu'il en soit, Fan savait qu'il voulait amener ce style en Chine.
Un pont entre les époques
La décision du gouvernement de Shunde, un centre national, même mondial, de transformation et de grande distribution, d'établir ce P'Art sino-français a une signification importante.
« Quand les ruines du pont Eiffel, qui représentent la révolution industrielle, ont été transportées à et reconstruites à Shunde, cela était comme la construction d'un pont reliant le passé et le présent », a déclaré Lu Mingjun, l'un des les commissaires de l'exposition d'ouverture.
Le travail de l'artiste Wang Du illustre parfaitement ce propos. « L'histoire (du démantèlement du pont Eiffel) qui s'est passée en France me rappelle certains événements d'ici, où nous détruisons fréquemment des reliques culturelles pour les remplacer par des fausses », a déclaré M. Wang lors d'une conférence de presse organisée mercredi à Beijing pour l'ouverture du parc.
« Ici, les histoires de l'Ouest et de l'Est n'en font plus qu'une. Le matériau du pont lui-même symbolise cela », a-t-il ajouté.
Sous les mains habiles de Wang, les pièces du pont ont été transformées en site de fouilles archéologiques imaginant la découverte du pont Eiffel à Shunde, en transformant les données spatio-temporelles pour donner aux visiteurs l'impression que cette œuvre occidentale est redécouverte en Extrême-Orient.
Affinités culturelles
L'Occident et l'Orient, l'industrie et l'urbanisation, et les réactions provoquées par ces différentes combinaisons sont visibles partout dans le P'Art. Pour que les nombreuses connotations derrière ces œuvres puissent être pleinement comprises par le public, Fan a décidé d'inviter trois commissaires à diviser les 50 œuvres en trois thèmes.
Outre le fait que les poutres en fer utilisées par les artistes provenaient de l'un des premiers projets de Gustave Eiffel, le matériau était aussi attirant pour les artistes chinois, car l'acier et le fer sont des mots qui avaient une importance particulière durant le Grand Bond en avant (1958-1961), lorsque l'ordre d'augmenter la production d'acier a conduit les familles chinoises à parcourir le pays en quête de tous les débris de fer et d'acier qu'elles pouvaient trouver.
« L'acier et le fer sont des symboles importants de certains événements historiques et politiques de l'histoire chinoise, en particulier de l'histoire révolutionnaire », a déclaré Lu, dont le thème est « Jardin révolutionnaire ».
« Les liens complexes entre l'histoire et la réalité, la culture et la société, et l'art et la politique donnent matière à réfléchir aux gens aujourd'hui », a-t-il observé.
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