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par Lisa Carducci
Avant que je m’implante en Chine en 1991, le terme « laque » n’appartenait pas à mon vocabulaire. Je savais que la laque était une sorte de colle, mais n’en avais jamais vue. Quand les guides chinois, dans des musées par exemple, parlaient d’objets « en laque », je croyais à une faute de vocabulaire. Mais je découvris bientôt que les articles en laquesans carcasse ont une longue histoire en Chine. On en a trouvés en 1964 dans le tombeau de Zuojiatang à Changsha, relevant de la période moyenne des Royaumes combattants.
La laque est une résine issue de la sève de divers arbustes. En général très toxique, elle forme en séchant un revêtement solide et résistant.
Déjà sous la dynastie des Zhou (XIe siècle– 481 av. notre ère), on en fabriquait des objets funéraires; etvu son caractère d’imperméabilité et d’imputrescibilité, on s’en servait pour protéger les cercueils.Peu à peu, elle devint la matière de divers objets de luxe comme d’usage courant. Aujourd’hui, elle est présente dans les peintures qu’on dit alkydes.
J’ai lu que, pendant une entrevue avec des hôtes étrangers au palais de l’Assemblée populaire nationale, le premier ministre Zhou Enlai avait soulevé – seul et sans difficulté – une statue de lion en bronze. Tous les témoins s’extasiaient devant sa force. Cependant, le premier ministre Zhou leur avait expliqué qu’il n’était pas si fort, mais qu’il s’agissait d’un article en laque sans carcasse, fabriqué à Fuzhou, dans la province du Fujian au sud-est du pays, selon une technologie d’imitation du bronze.
Les articles en laque sans carcasse étaient en vogue sous la dynastie des Han. On appelait cette technique « Jiazhu ». Le procédé de fabrication consiste en la préparation d’une pâte de vernis dont les éléments principaux sont le plâtre et la laque. Cette pâte se présente sous trois formes: la laque à gros grain, à moyen et à fin grain. On utilise les vernis selon divers procédés technologiques, lesquels requièrent une préparation différente de la laque.
Ce magnifique vase que j’ai photographié à l’Exposition nationale d’artisanat de 2009 a subi le nombre incroyable de 160 couches de laque! Sa finition mérite d’être examinée en gros plan:
La technique du moulage multicouche consiste à appliquer couche par couche la pâte de laque sur les tissus. Or, ce tissu est de la toile de chanvre. Avant de l’appliquer sur la carcasse en plâtre, il faut enduire le tissu d’une couche de savon liquide ou de colle de façon à pouvoir facilement séparer le tissu moulé du modèle en plâtre, après le séchage à l’ombre.
Dans le seul ouvrage didactique sur le sujet, intitulé La décoration, l’auteur, qui était un célèbre laqueur de la dynastie des Ming, mentionnait spécialement la peinture de la laque. Longtemps on a peint la laque d’une unique couleur.Mais plus près de nous, les artisans ont adopté des matériaux variés, et combiné l’incrustation de fil doré avec des couleurs de laque variées, conférant aux produits artistiques un charme moderne.
Le nombre de couches de tissu varie selon la dimension de l’objet laqué; chaque couche doit être enduite de pâte de laque. L’utilisation et l’assortiment rationnel et rigoureux de trois genres de laque assurent une pièce solide qui ne se déformera pas.
Source:french.china.org.cn |