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par Lisa Carducci
Le buis (de buxus en latin) est un bois connu depuis l’antiquité gréco-romaine pour le moins. En Europe, ce bois sert à fabriquer des pipes et des pièces d’échecs. En Chine, la sculpture du buis remonte à l’époque des Song; elle a donc un millier d’années d’histoire.
En 1991, l’institut privé de recherche Wang Fengzhoufut établi au Zhejiang, rassemblant les artisans de trois générations d’une même famille.
Le bois de buis est solide et d’un grain très fin. Il pousse dans les hautes montagnes et sa période de croissance est très longue. Suivant la différence du terrain, de l’orientation et de l’ensoleillement, le buis montre des nuances dans la veine, la dureté et la forme.
Un buis millénaire ne suffit pas à fabriquer un unique instrument de musique, tout cela le rend donc très précieux. L’artisan doit combiner son imagination et son savoir-faire pour utiliser de façon rentable le bois de buis.
La sculpture de buis combine ingénieusement l’imagination fertile avec un espace particulier; c’est une technique qu’on voit rarement dans les autres types de sculpture, et qui réside principalement dans la forme et le procédé: profiter de la matière première en examinant bien sa forme.
Mon père possédait une pipe de buis – entre autres. C’était sa préférée. Lorsque sa santé requit qu’il cessât de fumer, il l’encadra, et lui dédia un poème en hommage.
À la sculpture en ronde-bosse héritée des beaux-arts traditionnels, on ajoute des caractères issus d’autres arts comme la peinture chinoise de facture minutieuse, la sculpture sur ivoire, et la sculpture ajourée, de façon à satisfaire le gout esthétique des gens d’aujourd’hui.
Outre le buis, plusieurs autres espèces de bois sont utilisées en sculpture, et la gamme d’articles produits est illimitée. Voici quelques objets de ma collection, accompagnés d’anecdotes qui s’y rapportent.
Ce couple de marionnettes de bois, bien assis sur la plus haute tablette de ma bibliothèque, ne me semble pas chinois si je me fie au faciès, mais on m’a assuré qu’il l’était. Au marché d’antiquités de Panjiayuan, quelques minutes avant la fermeture, je parcourais à la course les allées à la recherche d’un Bouddha que m’avait demandé un ami. Or, une marchandeme suivait avec ces marionnettes, disant me les laisser à moitié prix, c’est-à-dire 1000 yuans plutôt que 2000. Afin de me débarrasser d’elle, je lançai que son prix était exagérément élevé, et que je ne paierais jamais plus de 100, ajoutant que de toute façon je n’étais pas intéressée.
Elle me suivait dans les allées, et se mit à marchander… seule: 900, 800, 750, m’invitant à augmenter mon offre. Je ne lui prêtais aucune attention. Quand la sonnerie de fermeture retentit, elle me dit: « D’accord, 200 yuans ». Je n’avais pas trouvé le Bouddha recherché, mais je ne rentrerais pas chez moi les mains vides. À ce prix, l’achat devenait intéressant, et je n’avais même pas eu à marchander.
La sculpture de bois est parfois laissée au naturel, mais le plus souvent est-ellecirée, laquée, ou vernie. Celle-ci est recouverte d’une couche d’or monochrome; d’autres peuvent être peintes de couleurs variées.
Il fut un temps où le marché d’antiquités qui se trouvait dans le bâtiment appelé « HongqiaoShichang », mieux connu aujourd’hui sous le nom de Marché des Perles, à Beijing, vendait un grand nombre de ces appliqués qui décoraient les portes des maisons du sud du pays. Je venais de m’en procurer un quand l’État en interdit la vente, car l’esprit mercantile était en train de démolir la culture locale du sud dans un but lucratif.
La technique de bas-relief est très populaire dans tous les pays et cultures depuis l’antiquité.
J’aime beaucoup le bois, qui est une matière chaude. Même par temps froid le bois n’est jamais glacé. Ces décorations de pattes de meublesne font-ils pas de très jolis appuie-livres?
Un autre de mes trésors est ce plateau à découpures concentriques que j’ai rapporté du Xinjiang. Il est taillé dans une unique planche de bois. Si l’on dévisse les trois pattes avant de le déposer sur une table, il redeviendra une pièce plate. Remarquez ses jolis appliqués de laiton tout autour.
Toujours au Xinjiang, j’ai aussi trouvé cette jolie boite à quatre sections. Elle peut contenir des clés, des bonbons, des épingles, même des piles usagées en attendant d’être jetées écologiquement.
Ces jolis peignes de bois ne sont pas seulement ornementaux; on peut s’en servir. La ville de Changzhou dans la province du Jiangsu est renommée pour cette forme d’artisanat. On dit que les peignes en bois, autrefois réservés à la cour impériale, massent le cuir chevelu et produisent un effet calmant. Ils présentent aussi l’avantage de résister à l’électricité statique, et de ne pas tirer les cheveux.
Une fois de plus nous avons pu constater le charme de l’artisanat chinois.
Source:french.china.org.cn |