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par Lisa Carducci
Si je vous demandais de nommer cinq matières desquelles on peut tirer des œuvres d’artisanat, vous ne nommeriez sans doute pas le cuir. Même si je vous en demandais dix. Et pourtant, la peau de divers animaux sert à confectionner bon nombre d’objets utiles, d’objets d’agrément, oude vêtements.
Nos ancêtres préhistoriques s’habillaient de feuilles, d’écorce, et de peaux. De nos jours, les défenseurs des droits des animaux critiquent l’utilisation de la fourrure pour confectionner des manteaux; certains refusent de porter des gants ou des chaussures de cuir, ou d’utiliser un sac à main en cuir. Ils ont bien raison puisque l’on dispose de matériaux synthétiques même plus chauds et aussi élégants, comme ces bottes mongoles en soie brodée avec semelle en tissu.
À l’Exposition nationale d’artisanat 2009, j’ai rencontré des fabricants de chapeaux et gants en peau de lièvre, laquelle peut être rasée ou non.
Des autochtones du Heilongjiang exposaient des bottes et des vestes en peau de saumon, d’une rare élégance. Si vous vous inquiétez del’odeur de poisson, sachez qu’il n’en subsiste absolument aucun relent. Quant à la résistance, elle est étonnante!
Cette artisane âgée appartient au groupe ethnique oroqen (orochon). Elle fabriquait à la main des vêtements en peau de daim.
En cuir, les Mongols fabriquent des gourdes qui contiennent de l’eau ou de l’alcool pour les longs parcours à cheval, des fouets et des uurga (perche à lasso) et d’autres objets utilitaires comme ce portecrayon en forme de selle.
Les Tibétains entre autres ethnies peignent sur le cuir de chèvre.
Outre le domaine de l’habillement, des accessoires et des œuvres d’art, le cuir s’est fait une place parmi les objets de luxe, ou décoratifs; par exemple, un portemonnaie raffiné ou des couvertures de livres de collection. Dans le domaine artisanal chinois, la peau de l’âne, raclée, étirée au maximum et séchée, sert à fabriquer les silhouettes du théâtre d’ombres chinoises.
Cette forme d’art est répandue dans tout le pays, mais son nom varie avec les lieux: théâtre d’ombres au Shaanxi, ombres Luanzhou au Hebei, silhouette de cuir d’âne au Nord-Est, spectacle d’ombres et lumières au Sichuan, nannan de cuir au Guandong, et « manipuler le singe » au Fujian et à Taiwan.
Une année où j’ai passé le Chunjie (nouvel an) au Shaanbei (nord de la province du Shaanxi où les traditions sont encore très vivantes), je suis arrivée avec trois Chinois dans un village où la population était réunie, en plein air, devant une scène de spectacle d’ombres chinoises. Alors, c’est la waiguoren (l’étrangère) qui a volé la vedette; le public entier s’est tourné vers nous, oubliant totalement les manipulateurs de figures d’ombres, eux aussi fascinés par l’extraterrestre qui venait de débarquer.
L’art du théâtre d’ombres remonte en Chine à la dynastie des Han (206 av–220 de notre ère). Les spectacles sont populaires dans les campagnes à toutes les grandes occasions et fêtes; ils durent parfois plusieurs jours de suite.
Selon la pièce jouée, il faut entre deux et huit manipulateurs. L’écran consiste en un cadre de bois d’un mètre sur deux, tendu d’un drap blanc. Cet écran est éclairé de l’arrière par une lampe vive qui projette les ombres sur le drap. Il faut une habileté étonnante pour manipuler plusieurs figurines en même temps, et parler, chanter. De plus, aux personnages s’ajoutent souvent des meubles, des plantes et d’autres accessoires. Des musiciens, que le public entend mais ne voit pas, mettent en relief les moments importants de la pièce: combat de guerriers, querelle de couple, chevaux en débandade. Les chants et pleurs se mêlent aux rires et cris de l’auditoire passionné.
Outre la peau d’âne, on utilise aussi, selon les endroits, la peau de chèvre peinte, la peau de vache, et même (au Jiangxi et au Yunnan), du papier collé entre deux épaisseurs de tissu de couleur.
Les figurines ont environ 35 cm de hauteur.Leurs fabricants doivent connaitre la préparation du cuir, la gravure, le découpage, le coloriage et l’assemblage. Chaque figurine comporte diverses parties mobiles: tête, haut et bas du corps, avant-bras et mains, haut et bas des jambes). Les grands spectacles comptent jusqu’à 80 personnages et 400 têtes, lesquelles sont interchangeables.
Source:french.china.org.cn |