par Lisa Carducci

Qui dit pierre fait allusion non seulement au jade mais aussi au marbre, à l’albâtre, à la jadéite, qui en sont des manifestations, ainsi qu’à toute une gamme de pierres qu’on appelle « précieuses ». À Genève, en Suisse, où abondent les musées de haute qualité et à l’entrée gratuite, j’ai passé plusieurs heures au Musée des pierres précieuses. On y trouve une immense salle pour chaque pierre comme le rubis, le diamant, l’améthyste, le saphir, le topaze, l’onyx. Je suis restée longtemps dans la salle de l’émeraude, qui est ma pierre de naissance et ma préférée. J’y ai appris que l’émeraude est le produit de la phase finale du jade dans son évolution à travers les millénaires. On pourrait dire que l’émeraude est du jade à l’état pur.

Il y a plus de quatre millénaires, on croyait déjà aux propriétés miraculeuses du jade. C’est pourquoi on fabriquait, avec une grande sensibilité artistique et une habileté infinie des objets funèbres en jade comme le disque rituel percé d’un large orifice central qui représente le ciel, des vases cylindriques dont la base carrée représente la terre, des animaux, des ornements vestimentaires comme boutons et ceintures, et des parures à cheveux.

Le jade, croit-on, a une âme, ce qui en fait un legs précieux; c’est pourquoi on le transmet de génération en génération.

Le mot albâtre vient de sa couleur – blanc – tout comme le mot « aube », quand le ciel commence à blanchir. C’est une variété de gypse, semblable au marbre mais plus chaud au toucher. Il est parfois translucide, c’est pourquoi on en fait des lampes qui donnent une lumière douce et tendre, légèrement rosée.

J’ai photographié cette intéressante sculpture au musée d’art Tiantan, lequel se trouve dans la rue est-ouest au nord du marché (des perles) Hongqiao Shichang. C’est un musée d’art chinois « naturel » que je vous invite à visiter.

Une des mille variétés de l’onyx ?

S’y trouvait aussi cette énorme urne de 4 mètres réalisée dans une seule pièce d’onyx. Mais je ne donnerais pas ma tête à couper quant à l’identification de la matière.

Montagne de singes

C’est une pièce de ma collection personnelle. Imaginez le temps, la patience et la force qu’il a fallu pour sculpter cette montagne ajourée composée de « singes », d’une hauteur de 18 cm. Voir travailler un artiste de la pierre me donne des frissons, car le bruit de sa tige abrasive rappelle le son de la fraise du dentiste.

Ce n’est que vers 1920 qu’on a adopté des machines pour sculpter la pierre artistique.

Dès ma première visite en Chine, en 1985, j’avais pu admirer un paysage complet taillé dans une immense pièce de marbre et comprenant forêts, jardins, pavillons, animaux, etc. L’artiste y travaillait depuis sept ans, et croyait en avoir pour encore trois ! J’en ai vu d’autres semblables par après, en ivoire ou en jade, dans des halls d’hôtels de luxe ou dans des musées.

Une autre réalisation étonnante est la « boule de Canton » (on dit maintenant Guangzhou). En marbre, jade, albâtre ou même en bois ou en ivoire, elle peut avoir 2 cm de diamètre aussi bien que 15. Les petites font de jolis pendentifs, les plus grosses sont posées sur un socle comme objet décoratif.