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Vous avez dit Neiliansheng ?

French.china.org.cn | Mis à jour le 22. 08. 2016 | Mots clés : Neiliansheng ,Beijing,chaussures de coton

Lisa Carducci

Neiliansheng

Oui, c'est bien ce que j'ai dit. Ce nom vous chatouille les oreilles si vous vous intéressez à la culture chinoise, en particulier à la culture de Beijing.

Il ne s'agit pas du nom d'une personne; c'est l'appellation d'une des plus anciennes industries de la capitale encore active et demeurée artisanale. Neiliansheng fabrique des chaussures de coton, à la main. Le nom signifie « grimper rapidement les échelons de la cour ».

 

Modèle classique

L'entreprise fut fondée en 1853 par Zhao Ting. Après avoir chaussé le pied impérial, le fondateur acquit rapidement une réputation auprès de la cour. Puis, il se mit à fabriquer des bottes pour les fonctionnaires.

Effort physique - confection de la semelle

Fabriquées en toile noire, avec une semelle faite de 32 épaisseurs de coton blanc, cousues à la main, ces chaussures attiraient tous les regards. Porter des chaussures Neiliansheng devint donc une mode et un signe de statut élevé.

Ce qui attirait les clients était non seulement la confection de qualité, mais aussi le service : les ouvriers se rendaient chez eux prendre les mesures et procéder à l'essayage. Mais le patron trouvait que c'était une perte de temps; aussi décida-t-il de noter les noms, les mesures et les requêtes particulières, données qui serviraient pour les commandes suivantes. Cette méthode permettait aux gens du peuple d'offrir des chaussures Neiliansheng en cadeau à un fonctionnaire dont on voulait s'attirer les faveurs, ou encore de commander pour eux-mêmes un modèle conçu pour la cour.

Zhao pensait qu'il fallait servir aussi bien le peuple que la noblesse. Il conçut un modèle spécial pour les porteurs de chaises impériales, un modèle souple, qui enveloppait le pied et pouvait absorber la sueur. On peut dire que ces chaussures furent les premières chaussures de sport de Chine. De plus, elles sont encore adoptées dans la pratique des arts martiaux.

Parmi les gens célèbres qui ont porté des Neiliansheng se trouvent les hommes politiques Mao Zedong, Zhou Enlai, Deng Xiaoping, l'écrivain Lao She, l'expert étranger Israel Eipstein, le cinéaste Zhang Yimou, l'acteur Jackie Chan et bien d'autres. Des visiteurs étrangers de haut rang sont aussi rentrés dans leur pays avec des chaussures Neiliansheng aux pieds.

À la fin du siècle dernier, j'avais interviewé le plus vieil artisan de Neiliansheng, qui racontait que quelques techniques anciennes étaient déjà perdues, et qu'il n'était pas facile de trouver une relève. Les techniques ont été rédigées, mais apprendre auprès d'un maitre est bien différent.

Semelles piquées à la machine

Il ne faut pas se méprendre : les chaussures de toile ou velours qui se vendent dans les rues et même dans les Chinatown à l'étranger ne proviennent pas toutes des ateliers Neiliansheng. Les produits véritables sont entièrement faits à la main. Mes chaussures de coton ont des semelles piquées à la machine, car les points à la main donnent de petites croix séparées, non une ligne continue. Aujourd'hui, l'empeigne peut être de couleur, ou brodée, ou en cuir souple comme celles que portait Deng Xiaoping. On verra tout cela dans le musée du 3e étage du magasin Neiliansheng, rue Dazhalan, où il s'est établi en 1956, après plusieurs destructions et déménagements forcés.

Xu Wenhao au travail

Une paire de chaussures requiert quatre ou cinq jours, et un effort physique considérable. C'est surtout la semelle qui demande du temps avec ses 4 000 piqures ! Xu Wenhao (徐文浩), répond patiemment à mes questions tout en travaillant.

À ma question si le fil est de coton ou de nylon, Xu, qui se considère encore un apprenti après quatre ans de travail, me montre le chanvre séché dans l'atelier. On mouille les lisières de chanvre, puis les roule entre ses mains. Seul ce gros fil de chanvre résistera au temps, dit-il.

Ne serait-ce que pour vous faire plaisir un jour de congé, la visite de la plus vieille rue commerciale de Beijing, qui va de Qianmen Dajie vers l'ouest, vous réjouira les yeux et l'esprit.

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Source: french.china.org.cn

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