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Un bain de thé

French.china.org.cn | Mis à jour le 09. 02. 2015 | Mots clés : Zhejiang,Huzhou

Maitre Zhao me donne une leçon.

Lisa Carducci

On ne connait bien quelque chose que lorsqu'on s'en imprègne totalement. Cette fois, à Huzhou, au Zhejiang, je peux dire avoir pris un bain de thé. L'activité était organisée par Radio Chine internationale. Des étrangers de dix langues différentes étaient envoyés chacun dans un endroit différent de la province du Zhejiang, et nous logions dans une famille de cultivateurs de thé.

Nous avons d'abord suivi une « formation » intensive de deux jours à l'Université d'agriculture et de foresterie du Zhejiang à Lin'an. Une dizaine de professeurs nous ont donné un aperçu de l'histoire du thé en Chine, des variétés de thés et leurs caractéristiques, des rites complexes et stricts de la cérémonie du thé, etc. Nous avons eu l'occasion d'explorer le laboratoire, de planter des théiers, puis de visiter la salle d'exposition des recherches sur le thé de l'Académie d'agriculture de Chine.

Notre premier repas se composait de mets créés par le personnel de l'université, tous composés de thé. Par exemple, un œuf sur une tranche de jambon salé, le tout reposant sur un lit de feuilles de thé amer. Les mets qui ne cessaient d'arriver sur la table nous tiraient des « oh! » par leur originalité et leur jolie présentation.

On compte six cents variétés de thé classées par les Chinois en thé noir, vert, rouge, jaune, blanc, selon la couleur des feuilles, tandis que les Occidentaux nomment le thé par la couleur de l'infusion, d'où la confusion entre thé rouge et thé noir. Il existe aussi des thés fermentés comme le Oolong (graphie du cantonais car ce thé vient du Guangdong), dont le plus célèbre est sans doute le Tie Guanyin. Le Pu'er est souvent présenté en briques commodes pour le transport à longue distance au Tibet, au Yunnan, en Mongolie intérieure.

Il existe aussi une grande variété de théières, de tasses, de bols et de verres ; plusieurs modes de confection, préparation et service ; un grand nombre de dégustateurs et autant de préférences.

Le troisième jour, nous avons été pris en charge par nos familles d'accueil. Pour ma part, j'étais à Mogan Shan de Deqing, chez les Shen. À cet endroit, on cultive le thé jaune – dont j'ignorais l'existence, bien que je sois amateur de thé depuis longtemps. C'est, semble-t-il, le thé le plus cher de Chine, car sa production est limitée à moins de 1% de la production totale du pays.

Hangzhou et les environs étaient déjà tout en fleurs; pourtant, la température faisait des siennes, tout comme à Beijing cette année. Le jour où l'on annonçait de la pluie, il a fait soleil, et c'était celui de mon initiation à la cueillette du thé par les soins de maitre Zhao. Quelles feuilles choisir, comment les cueillir. L'œil exercé de l'expert était beaucoup plus rapide que le mien ; aussi maitre Zhao m'a-t-il aidée à remplir mon panier, si bien qu'après une heure d'ouvrage, j'avais 250 g de feuilles de haute qualité. Si ce travail avait été payé, il m'aurait rapporté 20 yuans. Les cueilleuses saisonnières venues de l'Anhui travaillaient depuis 5 h du matin quand je les ai vues faire la queue pour se faire payer à midi, avec des paniers pleins.

L'après-midi, j'ai visité l'usine où l'on procède au séchage du thé jaune et du vert. Les opérations sont nombreuses, et j'ai eu le plaisir d'y mettre la main. Les thés de haute qualité ont droit au séchage à la main dans un wok en fer, à une température qui peut monter jusqu'à 200 degrés. On travaille à mains nues; va sans dire qu'il ne faut pas toucher le métal. Même l'emballage se fait à la main, pour éviter que les feuilles se brisent.

Après cette journée bien remplie, un autre copieux repas nous attendait à la maison. Les pousses de bambou – et pas les minuscules que nous connaissons à Beijing – sont cultivées et consommées par toutes les familles locales. Elles constituent un mets savoureux dont j'ai bien profité.

Monsieur Shen reçoit chez lui des clients des États-Unis, du Canada, d'Australie, d'Inde. Les connaisseurs viennent nombreux pour s'emparer du thé du printemps. Sa maison est toujours remplie, et parfois les deux immenses tables rondes de la salle à manger sont occupées. Ce jour-là, après le déjeuner, nous sommes tous allés visiter l'immense hôtel tenu par le Français Christophe Peres, au cœur d'une plantation en montagne. Autant la construction de l'hôtel et des résidences attenantes que la méthode de culture du thé de Peres sont écologiques. L'air et l'eau sont purs, et la qualité du thé en bénéficie.

Le dernier jour, nous nous sommes tous retrouvés sur la place Wushan à Hangzhou. Comme il pleuvait, on avait prévu des imperméables et des auvents. Maitre Zhao, qui remplaçait le chef de famille, m'a remis une attestation de « membre d'une famille de gens de thé ». J'avais été comblée de cadeaux par ma famille d'accueil, et ce jour-là, chacun des participants à l'expérience a reçu un vêtement de style chinois créé par des gens de la haute couture et confectionné sur mesure.

Le temps était venu de nous séparer. Mais je retournerai sans doute à Deqinq, puisque j'y ai maintenant « une famille ».

 

 

* L'orthographe rectifiée (1990) est adoptée dans ce texte.

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Source: french.china.org.cn

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