Les grottes bouddhiques célèbres de Chine sont celles de Dunhuang au Gansu, de Yungang à Datong, de Longmen à Luoyang et de Dazu à Chongqing. À ma récente visite de ces dernières, je me suis demandé pourquoi elles se classaient au quatrième rang. Bien qu'elles aient toujours été fréquentées par les fidèles, elles ont été découvertes « officiellement » seulement en 1980. Mélange d'époques, de styles et de religions (bouddhisme et taoïsme), les grottes de Dazu se répartissent sur un très vaste territoire. J'ai visité celles de Beishan et celles de Baoding – un must! Vraiment grandioses!

Il reste encore de la couleur originale, diverses nuances de bleus et de verts tirés de substances minérales. La peinture bien conservée se voit plutôt en haut des fresques, là où elle se trouve à l'abri du vent et de la pluie. De plus, loin dans la montagne, les sculptures de Baoding n'ont pas subi l'attaque des vandales ni de la Révolution culturelle.

Les bouddhas et bodhisattvas sont plus beaux l'un que l'autre. Les Chinois font beaucoup de cas des remarques de tel ou tel président des États-Unis qui aurait surnommé une déité « Monna Lisa orientale» ou « Vénus d'Asie ». Je souris en me demandant si les auteurs des « déclarations » se souviennent d'avoir prononcé ces mots désormais célèbres et s'ils ont jamais vu les originaux qui font l'objet de la comparaison.

J'ai beaucoup apprécié la Roue de la vie qui montre les étapes de la vie humaine intégrées aux croyances bouddhistes, et les souffrances du monde d'ici-bas. Par exemple, un chat souffre de ne pouvoir atteindre la souris qui, à son tour, souffre de ne pouvoir quitter la branche où elle s'est réfugiée.

Par ailleurs, les immenses fresques parfaitement conservées des dix-huit enfers nous racontent, comme dans un grand livre illustré, ce qu'il advient des pécheurs de ce monde après leur mort. Le moine qui boit, les tenanciers de taverne qui encouragent la consommation d'alcool, l'ivrogne qui agresse sexuellement sa propre mère, le mari ivre qui bat sa femme, le grand frère saoul qui ne reconnaît pas son cadet, tous ces personnages se retrouveront dans un même enfer où leur châtiment consistera à se faire casser les genoux à coup de masse. Mais les éleveurs qui tuent des animaux pour la consommation commettent aussi un péché selon le bouddhisme, et expieront leur crime en enfer.

Ailleurs, on peut méditer sur la piété filiale selon Confucius, représenté lui-même en train de se trancher la chair pour nourrir ses parents malades ou portant ceux-ci dans les deux paniers d'une palanche.

Le grand Bouddha couché est devenu le symbole de Dazu. Ma présence à son chevet donne une idée des dimensions.

Enfin, Dazu n'est pas seulement le berceau de ces merveilleuses grottes, mais aussi une jolie petite ville de 930 000 habitants, un district relevant de Chongqing, en fait, où, en l'absence d'industries, l'air est encore pur. Somme toute, Dazu me rappelait certaines localités d'Italie avec des fleurs à chaque fenêtre, ses rues en pente, ses places où jusqu'à 2 h du matin, on peut entendre les gens converser tout en prenant le frais.