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Vision des hommes politiques et des experts français sur la Chine avant le 18e Congrès du PCC

A l'approche du 18e Congrès du Parti communiste chinois (PCC), alors que la Chine, deuxième puissance économique mondiale, s'apprête à ouvrir un nouveau chapitre de son histoire, les observateurs à travers le monde s'interrogent sur les nouvelles orientations qui vont être données au pays.

Peu avant la tenue de ce Congrès très important pour la vie politique chinoise, qui va débuter le 8 novembre prochain, les correspondants de l'Agence Xinhua ont interviewé des hommes politiques et des experts français, dont l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, le leader du Parti de Gauche Jean-Luc Mélenchon et l'expert en géopolitique Pierre Picquart, pour connaître leurs points de vue sur l'avenir du PCC et de la Chine.

"Ce rendez-vous du 18e Congrès est un rendez-vous qui est très attendu", a souligné Jean-Pierre Raffarin. A son avis, les nouveaux dirigeants n'auront pas beaucoup de temps pour passer à l'action car la crise impose partout dans le monde des actions rapides et souvent urgentes.

"Le Parti communiste chinois a déjà évolué depuis sa création et depuis l'arrivée de Mao Zedong au pouvoir, il a été révisé de multiples fois. Et on voit aujourd'hui qu'à l'intérieur du Parti communiste chinois il y a une tendance à la démocratisation qui s'installe, où les différentes tendances peuvent s'exprimer grâce à des hommes politiques importants, grâce à des fonctionnaires, à des rapports de chercheur, à l'Assemblée populaire qui donne son point de vue", a fait remarquer de son côté Pierre Picquart, docteur en géopolitique de l'Université Paris VIII. "On peut imaginer que demain, sans connaître exactement les réformes qui vont être menées, on va assister à une démocratisation, à une palette d'opinions et d'idées qui seront beaucoup plus représentatives des préoccupations du peuple chinois", a ajouté ce spécialiste de la Chine.

Le 18e Congrès du PCC va coïncider, à quelques jours près, avec les élections américaines et d'autres élections importantes dans le monde. Pour Pierre Picquart, "les choses vont forcément évoluer, avec de nouveaux défis", mais la Chine a montré un fort désir d'"assurer sa stabilité nationale et d'assurer sa stabilité régionale, autrement dit d'éviter d'avoir des conflits et de se renforcer économiquement et politiquement dans sa zone régionale."

"Je pense que [...] la formule qui est retenue pour l'instant par le Parti communiste chinois est de retenir des dirigeants qui ont déjà une expérience importante", a estimé pour sa part l'ancien Premier ministre français Jean-Pierre Raffarin. "Je pense que le défi de la cohésion nationale est un défi très important, je pense que la crise mondiale a accéléré un peu partout les problèmes et a créé un peu partout des tensions, c'est vrai aux Etats-Unis, c'est vrai en Europe, c'est aussi vrai en Chine [...]. Je pense que les nouveaux dirigeants chinois n'auront pas beaucoup de temps, ils devront aller vite pour participer au développement de la croissance, participer à l'harmonie intérieure, protéger la sécurité, faire en sorte que les aspirations du peuple soient comprises par les autorités. Ce sont des éléments qui sont très importants pour une cohésion nationale."

La Chine a connu un développement extraordinaire depuis la réforme et l'ouverture sur l'extérieur, notamment ces dix dernières années, et cela constitue une base solide qui devrait permettre au pays de continuer à se développer d'une manière relativement rapide et de maintenir sa stabilité face aux défis posés par la crise financière mondiale.

Aux yeux du sinologue Pierre Picquart, la Chine est passée d'un rôle de producteur de produits de consommation pour la planète à un rôle de conception et de créativité. "Je connais bien la Chine dans la mesure où j'y ai voyagé plus de 40 fois depuis près de 15 années. J'ai vu le développement extraordinaire de ce pays, sa croissance économique que tout le monde a relevée, mais également le développement de l'urbanisation et le changement de la société chinoise pendant dix ans."

Pour le responsable politique Jean-Luc Mélenchon, le développement de la Chine est "une chance pour l'humanité". "C'est un phénomène extrêmement impressionnant, qui marque beaucoup les esprits. Alors certains sont effrayés. Il y a une dimension xénophobe et même quasi-raciste à certains moments, qui est insupportable", a noté le chef de file du Parti de Gauche.

"Ils [les Chinois] savent que les choses doivent être gérées avec patience et toujours en essayant de combiner la tradition et la modernité", a-t-il souligné.

En ce qui concerne l'avenir de la Chine et son rôle dans le monde après le 18e Congrès du PCC, les personnes interrogées ont plutôt une vision positive.

"On voit bien là que la Chine va jouer un rôle majeur [...]. La Chine aura aussi un rôle important pour peut-être soutenir à la fois son économie, mais aussi pour faire en sorte que des règles internationales plus justes, plus correctes soient mises en place pour éviter que nous ayons de nouvelles crises systémiques comme nous en avons connues", a estimé M. Picquart.

Quant au rôle et aux marges de manoeuvre des instances dirigeantes du pays, pour Pierre Defraigne, économiste et directeur de la Fondation Madariaga, le Parti communiste chinois a "un atout énorme, c'est sa vision à long terme et son réseau qui couvre l'ensemble de la Chine dans les secteurs et dans les régions". "Il a une unité collective de commandement qui permet le débat interne, ce qui est absolument essentiel", a-t-il aussi précisé.

Agence de presse Xinhua     2012/11/05

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