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La crise du FMI ouvre la porte aux pays émergents

L'arrestation de Dominique Strauss-Kahn a précipité le Fonds monétaire international dans un dilemme de gouvernance au moment même où il joue un rôle essentiel dans la gestion de la crise de la dette européenne et d'autres défis mondiaux.

Elle accélère également la possibilité d'une confrontation entre l'Europe et des pays en voie de développement de plus en plus riches qui revendiquent une première place soit au FMI soit au sein de son organisation sœur, la Banque mondiale. Depuis leur création juste après la Seconde Guerre mondiale, le FMI a toujours été dirigé par un Européen et la Banque mondiale par un Américain.

Pour Eswar Prasad, professeur d'économie internationale à l'université Cornell, les plus hauts postes pourraient faire l'objet d'âpres négociations, les principaux pays tentant de décrocher des postes pour leurs meilleurs candidats.

« Ce sera une lutte acharnée et longue parce qu'il y a beaucoup d'enjeux », a déclaré M. Prasad.

M. Prasad a ajouté que les États-Unis souhaiteraient voir à la tête du FMI un fonctionnaire issu des pays en développement. Mais il a souligné que la chancelière allemande Angela Merkel a déjà affirmé qu'elle voulait voir la gouvernance du FMI rester dans les mains des Européens. De nombreux analystes s'attendent à ce que les pays en développement fassent pression en faveur de leurs propres candidats.

Caroline Atkinson, une porte-parole du FMI, a assuré que le Fonds demeurait « pleinement opérationnel ». Le conseil d'administration du FMI s'est réuni lundi pour entendre son directeur général par intérim John Lipsky et le conseiller juridique du fonds, Sean Hagan. Atkinson n'a annoncé aucune autre mesure.

Parmi les possibles successeurs à M. Strauss-Kahn sont cités Kemal Dervis, ancien ministre des Finances turc, actuellement en poste à la Brookings Institution, et Mohamed El-Erian, un Égyptien à la tête de Pimco, le plus important fonds obligataire mondial. M. El-Erian est un ancien fonctionnaire du FMI.

Les analystes notent que l'Europe, dont la crise de la dette a absorbé le FMI depuis plus d'un an, détient un nombre important de droits de vote au sein du FMI et sera peu disposée à céder la gouvernance sans se battre. D'après certains analystes, la ministre française des Finances, Christine Lagarde, est la candidate européenne la plus probable.

Le FMI, composé de 187 pays membres, prête de l'argent aux États qui ne peuvent honorer leurs dettes. La Banque mondiale accorde des prêts aux pays pauvres destinés à la construction de routes et de barrages et d'autres projets de développement.

L'arrestation de M. Strauss-Kahn ne devrait pas constituer une entrave au fonctionnement quotidien du FMI. Le conseil d'administration peut continuer à approuver les accords de crédit. Et les plans de sauvetage accordés au Portugal devraient être autorisés, dans le cadre d'un programme plus important, négocié par les ministres européens des Finances lundi dernier.

Cependant, l'arrestation de M. Strauss-Kahn complique les délicates négociations en cours des dirigeants européens et du FMI sur la possibilité et les conditions d'un nouveau soutien à la Grèce.

Le plan de sauvetage de l'an dernier n'a pas suffi à résoudre la crise de la dette grecque. La rumeur d'une restructuration de la dette enfle.

Avant son arrestation, nombreux étaient ceux qui s'attendaient à ce que M. Strauss-Kahn démissionne dans les mois à venir et soit candidat à l'élection présidentielle en France. Le conseil d'administration du FMI s'est donc déjà probablement penché sur sa succession.

Un nouveau directeur général pourrait être élu dès juin ou juillet, a déclaré James Rickards, directeur général senior chez Tangent Capital Partners. Un sommet mondial de la finance se tiendra en novembre à Cannes, et le FMI devra avoir un nouveau directeur permanent bien avant cette date.

Le numéro deux de l'organisation, John Lipsky, qui vient d'être nommé directeur général intérimaire, est davantage perçu comme un technocrate que M. Strauss-Kahn, avec moins d'influence politique, notamment en Europe. Et M. Lipsky avait déclaré qu'il démissionnerait en août, au terme de son mandat.

« La conjonction laisse le FMI sans gouvernance dans l'un des moments les plus critiques de son existence depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, » a déclaré M. Rickards.

M. Strauss-Kahn est considéré comme l'un des directeurs les plus avisés des 64 années d'existence du FMI et il a tissé des liens étroits avec les décideurs européens. Il a joué un rôle essentiel en négociant l'an dernier le plan de sauvetage de l'Union européenne et du FMI pour la Grèce et pour les autres pays européens en difficulté. Il est également considéré comme un défenseur efficace des intérêts de l'Europe devant le Conseil d'administration du FMI, qui représente ses pays membres.

« Remplacer l'habilité de Strauss-Kahn à naviguer ces eaux ne sera pas facile », a déclaré Uri Dadush, un associé senior du Carnegie Endowment for International Peace et ancien directeur de la politique économique de la Banque mondiale.

M. Strauss-Kahn n'a pas encore officiellement démissionné. Mais peu d'analystes s'attendent ce qu'il reste à son poste.

Morris Goldstein, un grand économiste qui fut au FMI pendant 25 ans et officie désormais au Peterson Institute, estime que les Français avanceront probablement que Mme Lagarde serait un choix judicieux, puisque le FMI aura besoin d'une personne étroitement associée aux négociations des plans d'aide à la Grèce, à l'Irlande et au Portugal. Si tel était le cas, Mme Lagarde serait la première femme à diriger l'institution.

« Ils pourraient plaider qu'à ce stade délicat des négociations des plans d'aide à la dette européenne, le FMI a besoin de quelqu'un qui connaisse bien ces problèmes », a ajouté M. Goldstein. Il a précisé que si les Européens perdaient la gouvernance du FMI, ils pourraient insister pour que les États-Unis renoncent à la gouvernance de la Banque mondiale qu'ils occupent depuis des années lorsque le mandat du président Robert Zoellick s'achèvera le 30 juin 2012.

Les pays non européens feront sans doute valoir qu'il est temps d'ouvrir la gouvernance du FMI aux plus importants pays en voie de développement, dont la croissance augmente plus rapidement que celle des pays développés. Certains, comme la Chine, ont au cours des dernières années augmenté leurs contributions au FMI.

« L'inquiétude grandit, notamment parmi les pays émergents », a déclaré Jan Randolph, analyste chez IHS Global Insight. « La Chine pourrait user de son influence pour soutenir la candidature d'un pays émergent à la direction du FMI ».

L'intervention des États-Unis, le plus important bailleur de fonds du FMI, est certaine.

« Ce sera un jeu de chaises musicales plutôt compliqué », a précisé Uri Dadush.

french.china.org.cn     2011/05/18

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