Le jour de la Saint-Valentin.

Le jour de la Saint-Valentin, le 14 février, les amoureux échangent des mots doux, des cadeaux et des roses rouges, en faisant fi de l'inflation qui frappe les fleurs fraîches et le chocolat. Qu'est-ce que l'amour ? Des Chinois racontent leur expérience et les changements qui ont marqué les trois dernières décennies de développement rapide.

Les années 1980 : le règne des entremetteurs

« Lorsque nous étions jeunes, l'amour devait rester secret », rappelle Wang Guangren, un citoyen de Changsha, la capitale provinciale du Hunan, âgé de 53 ans. Au lancement de la politique de réforme et d'ouverture, après une décennie de liberté de pensée très limitée, les jeunes aspiraient à l'amour, mais en avaient aussi peur. La présentation d'un(e) petit(e) ami(e) par d'autres était la manière la plus normale de rencontrer l'être cher.

« Des collègues attentifs servaient d'intermédiaires pour aider les jeunes en âge de se marier à faire connaissance. Pour choisir un compagnon ou une compagne, on faisait plus attention à l'origine de classe qu'à la situation financière. Des préjugés demeuraient contre les descendants de propriétaires fonciers, de paysans riches ou d'industriels et commerçants, tandis que les militaires et les chauffeurs étaient fort appréciés ».

Certaines amours naissaient spontanément. Les amateurs de littérature avaient davantage leurs chances. Envoyer clandestinement une missive donnant libre cours à ses sentiments était considéré comme un acte très romantique.

Dans les années 1980, les amoureux n'avaient pas le courage de se montrer ensemble au grand jour. « Pour un rendez-vous dans la rue ou dans un parc, nous marchions en général l'un derrière l'autre, de crainte de rencontrer des connaissances », dit Wang Guangren.

La liste de mariage idéale comportait alors une montre, un vélo et une machine à coudre.