La population rurale chinoise devrait passer de 900 millions de personnes actuellement à 400 millions d'ici 30 ans, a indiqué mercredi Han Jun, directeur du Département de recherches sur l'économie rurale du Centre de recherches sur le développement, directement rattaché au Conseil des Affaires d'Etat (gouvernement chinois).
Selon lui, de plus en plus d'agriculteurs se rendront dans les villes. "On est arrivé à ce chiffre sur la base de nos récentes études, sur la base de l'actuel taux d'urbanisation et de la capacité d'accueil des villes", explique-t-il.
La Chine compte une population de 1,3 milliard d'habitants, la plus grande du monde. Les Nations unies ont prévu en 2003 que la population chinoise atteigne un pic de 1,45 milliard d'habitants en 2030.
La pénurie de main-d'oeuvre dans des villes d'exportations côtières ne signifie pas, selon Han Jun, que les agriculteurs ne veulent plus travailler dans les villes.
"D'après nos recherches, la majorité des travailleurs migrants qui ont quitté les grandes villes s'est engagée dans des commerces non agricoles dans les petits bourgs proches de leur région natale", analyse-t-il.
S'ils rentrent chez eux, et en particulier les travailleurs moins qualifiés, c'est principalement en raison du déplacement des industries des régions côtières vers les régions intérieures, explique Han Jun. "Cela a rendu possible l'emploi dans leur région natale".
A cela s'ajoute qu'il est moins onéreux pour les travailleurs migrants de travailler près de chez eux.
"Ils ne sont plus obligés de payer un loyer ou de placer leurs enfants en crèche. Ils vivent chez eux, et leurs enfants sont gardés par les grands-parents", ajoute-t-il.
Han Jun prévoit que la pénurie de main-d'oeuvre forcera les employeurs des grandes villes et des régions côtières à améliorer le bien-être des travailleurs migrants.
D'après lui, la tendance à l'urbanisation permettra de corriger la structure anormale de la population dans les régions rurales, où les femmes, les enfants et les personnes âgées constituent la majorité de la population, comme en temps de guerre.
Avec le déplacement des populations, la Chine doit accélérer ses réformes afin que les nouveaux citadins se sentent chez eux, propose Han Jun.
"Entre autres, le système d'enregistrement familial [le système du "hukou"] qui divise les habitants entre ruraux et citadins doit être réformé de manière approfondie, et permettre aux travailleurs migrants de jouir des mêmes droits que les citadins sur le plan de l'achat d'appartements, d'éducation et de sécurité sociale", affirme-t-il.
Il existe environ 240 millions de travailleurs migrants en Chine, dont la moitié sont nés dans les années 1980, indiquent les études de Han Jun.
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