L'ouverture de la société chinoise a entraîné une culture pluraliste. M. Wang Meng, écrivain et ancien ministre de la Culture, a exprimé, au cours d'une interview, ses points de vue sur les changements et la vitalité de la culture chinoise au cours de ces 30 dernières années.
La fusion de la culture d'élite et de la culture populaire à travers le conflit
Selon M. Wang Meng, dès sa mise en œuvre, la politique de réforme et d'ouverture a animé immédiatement la culture populaire en Chine. Cela est dû, en grande partie, au développement économique du pays. La culture doit satisfaire les besoins divers du peuple, qui ne cessent de s'accroître, suite à la progression de l'économie de marché. C'est la demande qui fait naître un marché et permet le cycle vertueux de la production et de la consommation culturelles. D'où les besoins diversifiés de produits culturels pour répondre à la demande croissante en divertissements personnalisés ainsi qu'en loisirs distrayants et relaxants. Avec l'élévation du niveau de vie matérielle, on dispose d'une plus grande marge de manœuvre pour réaliser ses droits en matière culturelle.
« Rendre la culture plus accessible au peuple [a déclaré M. Wang] n'est pas un phénomène uniquement chinois, c'est un courant mondial. À mesure que la réforme et l'ouverture gagnent en profondeur, des valeurs profitables au développement de la culture populaire, comme la liberté, la démocratie, l'égalité, le droit et le partage, ont été absorbées et manifestées à divers degrés dans les domaines politique, économique et culturel de notre pays. Le grand public doit en éprouver un sentiment plus fort ». « En tant qu'important vecteur de l'idéal social et de l'esprit humaniste, la culture d'élite recherche l'homogénéité et la normalité académiques ainsi que la sauvegarde du système des valeurs sociales. La culture populaire, qui est née de l'économie de marché, ne doit, quant à elle, pas se montrer superficielle, vulgaire, mercantile et même dépourvue de « sens éducatif». Elle est ainsi accusée de ne rechercher que le divertissement. Les différences entre ces deux cultures expliquent le fait qu'il y ait des contradictions et des conflits entre elles. En effet, l'émergence de la culture populaire prend d'assaut le marché de la culture d'élite. C'est la raison pour laquelle l'élite intellectuelle n'apprécie guère la culture populaire », a poursuivi M. Wang.
La télévision centrale a diffusé une émission, intitulée « la Tribune des cent écoles », qui permet de mettre les œuvres classiques à la portée des gens du peuple, en transposant le contenu de ces œuvres dans un style populaire. À ce sujet, M. Wang a déclaré que « les œuvres classiques devaient quitter leur tour d'ivoire et entrer en contact avec les gens du peuple. Dans leur conflit, la culture d'élite et la culture populaire tendent à s'assimiler et à fusionner. C'est là une tendance universelle. Le public a chaleureusement accueilli Luciano Pavarotti qui a interprété « Mon soleil» avec un chanteur non-voyant. Placido Domingo a également déclaré qu'il ne voyait pas d'inconvénient à interpréter des chansons de style traditionnel et populaire. L'élite intellectuelle a la responsabilité de laisser la culture d'élite pénétrer dans la vie sociale et d'éveiller ainsi la conscience culturelle de la société. En envisageant les choses dans leur ensemble, ces deux forces culturelles rectifient mutuellement leur tir dans leur conflit et parviennent progressivement à reconnaître la raison d'être de l'autre.
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