La Chine a fortement protesté dimanche contre la rencontre du président français Nicolas Sarkozy avec le dalaï lama, soulignant que ce geste "a gravement miné les intérêts clés de la Chine".
Le vice-ministre chinois des Affaires étrangères He Yafei a convoqué l'ambassadeur de France en Chine Hervé Ladsous et exprimé la vive protestation de la partie chinoise auprès de la partie française, selon le ministère chinois des Affaires étrangères.
Sarkozy, actuellement président en exercice de l'Union européenne (UE), a persisté à rencontrer le dalaï lama samedi, au mépris de la forte opposition du peuple chinois et des avertissements répétés de la partie chinoise. "Cela a interféré de façon brutale dans les affaires internes de la Chine", a ajouté He Yafei.
"Cela a de plus sérieusement sapé les intérêts essentiels de la Chine, gravement blessé les sentiments du peuple chinois et saboté la base politique des relations entre la Chine et la France et la Chine et l'UE", a-t-il fait remarquer, ajoutant que "le gouvernement chinois s'oppose fermement à cette action".
Sarkozy avait publiquement souligné son obligation dans le cadre de la présidence tournante de l'UE de rencontrer le dalaï lama et un drapeau européen était sur le lieu de la rencontre.
"Tout cela a montré que la partie francaise imposait sa mauvaise conduite à l'UE, établissant un très mauvais précédent."
Cette action a endommagé la confiance politique mutuelle durement gagnée, la coopération globale et les perspectives favorables créés depuis l'établissement des relations entre la Chine et la France il y a 45 ans, a-t-il dit, ajoutant que la partie francaise devait porter la responsabilité de toutes les conséquences graves.
"Nous demandons instamment à la partie française de considérer prioritairement les relations bilatérales et les intérêts des peuples des deux pays, à attacher véritablement de l'importance à la position solennelle et juste et aux préoccupations raisonnables de la Chine, à comprendre pleinement les dommages générés par la rencontre entre le président Sarkozy et le dalaï lama sur les relations bilatérales, ainsi que les relations sino-européennes, et à prendre des actions concrètes pour corriger les erreurs sur les questions relatives au Tibet," a-t-il dit.
De son côté, Liu Jianchao, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a reproché dimanche à Nicolas Sarkozy sa rencontre avec le dalaï lama.
La Chine a averti à plusieurs reprises la France des conséquences éventuelles de cette rencontre, en demandant à la France de traiter de façon appropriée le problème du Tibet et de créer le climat et les conditions à un développement normal des relations sino-françaises et entre la Chine et l'UE, selon M. Liu.
"Regrettablement, le dirigeant français a obstinément suivi sa propre voie concernant la question majeure relative aux intérêts essentiels de la Chine et causé des dommages sévères aux relations bilatérales", a-t-il indiqué.
"La Chine ne veut pas voir une telle situation et croit que la majorité de ceux qui oeuvrent pour l'amitié sino-française et entre la Chine et l'UE ne veulent pas voir cela non plus. La partie française doit en assumer la pleine responsabilité," a-t-il fait remarquer.
Sarkozy a eu samedi une rencontre d'une demi-heure avec le dalaï lama à Gdansk, en Pologne.
La Chine n'a pas d'autre choix que de réagir, a annoncé Liu Jianchao dans une déclaration le 28 novembre.
La décision du gouvernement chinois de reporter le sommet a reçu un soutien énorme de la part des internautes chinois.
Les protestations en ligne sont les plus récentes d'une série d'activités visant la France.
La rupture du relais de la flamme olympique à Paris en avril dernier avait suscité en Chine un boycottage des produits et entreprises français, dont Carrefour, qui avait nié les rumeurs comme quoi il aurait soutenu le dalaï lama.
Une autre enquête en ligne ayant interrogé plus de 170 000 personnes en juillet a montré que plus de 89% ne souhaitait pas la présence de Nicolas Sarkozy à la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques. Le président français avait annoncé plus tôt que sa participation à la cérémonie d'ouverture dépendrait des progrès enregistrés dans les pourparlers entre le gouvernement chinois et les représentants personnels du dalaï lama. |