Le "gouvernement tibétain en exil" est en fait un pouvoir théocratique, l'intégration d'une église et d'un "Etat" avec à sa tête le dalaï lama, selon une tibétologiste.
Sous prétexte de séparation des pouvoirs, le "gouvernement tibétain en exil" a établi un cadre législatif ("Assemblée des députés du peuple tibétain"), un organe exécutif (Kashag) et un organe judiciaire (Commission de la justice suprême du Tibet), mais le dalaï lama reste toujours au sommet au contrôle des pouvoirs religieux et exécutif, a rappelé Bi Hua, chercheuse du Centre de recherche tibétologique de Chine.
La nature de son "intégration entre l'église et l'Etat" reste inchangée, a-t-elle ajouté. "Il s'agit juste d'une autre église médiévale d'Europe déguisée en démocratie occidentale d'aujourd'hui".
Le dalaï lama est un saint représentant du culte religieux tibétain, cependant, aussi bien le "gouvernement en exil" et sa constitution le considèrent comme le dirigeant au sommet, ce qui signifie que sous l'apparence de séparation des pouvoirs et de politiques démocratiques, ce "gouvernement" est doté de fortes caractéristiques religieuses et féodales, a-t-elle poursuivi.
"Il est complètement ridicule qu'un lama incarné représentant une sainte administration soit considéré comme un représentant des droits civils et un combattant pour la démocratie", selon Bi Hua.
Au sein du "gouvernement en exil", ainsi bien le président de l'Assemblée que les Kalons (ministres) du Kashag sont soumis au dalaï lama, à la fois "saint" et "gouverneur" car c'est lui qui a le dernier mot sur les résolutions du Kashag et de l'Assemblée ainsi que sur la nomination des officiels "gouvernementaux".
Le dalaï lama a même le droit de décider de la suspension ou du calendrier des réunions de l'Assemblée.
Le pouvoir suprême du dalaï lama sur le religieux et le politique est inscrit dans la constitution du "gouvernement en exil", constituant une important caractéristique de la longue tradition d'intégration de la politique et de la religion, d'après l'expert.
Le dalaï lama est une figure religieuse mais qui remplit des devoirs en tant que "dirigeant d'Etat". Ses frères DamCe Tubdainnorb et Dainzin Qoi'gyai sont tous des bouddhas vivants, mais nommés comme officiels du "gouvernement".
Un certain nombre de moines occupent aussi des postes au sein du "gouvernement en exil", a-t-elle fait remarquer, ajoutant que l'actuel Kalon Tripa (ministre en chef du Cabinet) Samdhong Rinpoche était lui-même un bouddha vivant.
"Le gouvernement en exil" veut séparer le Tibet de la Chine, afin de restaurer sa gouvernance politique et religieuse sous le contrôle du dalaï lama.
Aussi bien la constitution de 1963 que les amendements de 1991 reconnaissent le statut suprême du dalaï lama au sein du " gouvernement", a dit Zhu Xiaoming, chercheur du Centre de recherche tibétologique de Chine.
L'édition de la constitution de 1991 a ajouté simplement des mots tels que "liberté", "démocratie" et "paix" à l'ancienne version, mais ces deux constitutions sont en fait presque identiques en termes de leur esprit de recherche d'"indépendance du Tibet", a-t-il poursuivi.
Les partisans du dalaï lama prônent le règne sur un "plus grand Tibet", qui couvre une superficie de 2,4 millions de km2 regroupant le Tibet, le Qinghai et une large partie du Sichuan, du Xinjiang, du Yunnan et du Gansu, ce qui est sans aucun fondement et recherche le soutien de forces anti-chinoises, a-t-il souligné.
Outre la théocratie, le dalaï lama pratique aussi le copinage dans la nomination des officiels, selon les experts.
Le frère cadet du dalaï lama Gyalo Toinzhub a occupé des postes importants dans les départements militaire, diplomatique et financier, alors qu'un autre frère cadet, Losang Samdain, est actuellement en charge de la section de la santé. Sa soeur cadette Jezuin Bai'ma dirige le département de l'éducation. Son beau-frère a été "ministre de la sécurité" pendant 18 ans depuis 1968. De nombreux parents du dalaï lama ont occupé des postes importants dans son "gouvernement".
En tant que résultat de la gouvernance théocratique, faction interne, persécution religieuse et assassinats ont été répandus dans l'histoire du "gouvernement en exil". De nombreux moines ont été exclus de monastères seulement parce qu'ils croyaient en d'autres dieux. |