Acheter ou non un appartement est
devenu un véritable casse-tête pour Liu Yan, une conceptrice en
ingénierie âgée de 27 ans vivant à Shanghai, après que le
gouvernement chinois a adopté vendredi une taxe de 20% sur les
bénéfices liés aux ventes de logements.
De l'avis général, cette décision
est la mesure la plus récente du Conseil des Affaires d'Etat
(gouvernement chinois) pour freiner la spéculation immobilière,
mais Liu Yan doute qu'elle fasse une réelle différence.
Cette taxe représentait auparavant
de 1% à 2% du prix de vente.
"Les vendeurs feront très
certainement porter le poids de cette augmentation sur les épaules
des acquéreurs, ce qui poussera les prix vers de nouveaux sommets",
a indiqué Mlle Liu. Cette dernière loue pour 2.500 yuans (398
dollars) l'une des deux chambres d'un vieil appartement du
centre-ville de Shanghai construit dans les années 1980.
La baisse largement anticipée des
transactions sur le marché immobilier de l'occasion suscitée par
cette nouvelle politique poussera davantage à la hausse les prix
locatifs, prévoit-elle.
En outre, avec un salaire annuel de
120.000 yuans, acheter un appartement dans le centre-ville de
Shanghai est pour elle mission impossible. Le prix de vente moyen
des nouveaux appartements en dehors du périphérique extérieur est
de 16.541 yuans par m2, a-t-on appris du Bureau municipal des
statistiques.
L'augmentation de la taxe par le
gouvernement chinois a été dévoilée quelques jours avant les
importantes sessions annuelles de l'Assemblée populaire nationale
(APN, parlement chinois) et du Comité national de la Conférence
consultative politique du peuple chinois (CCPPC).
Une photo de Jiang Weixin, ministre
du Logement et de la Construction urbaine et rurale, pourchassé
samedi par des journalistes, est devenue virale sur Internet. Les
questions posées par les journalistes faisaient écho aux jeunes
chinois comme Liu Yan.
Cette nouvelle politique vise à
freiner la spéculation immobilière, a annoncé Zhang Hongming,
membre de l'organe consultatif suprême et membre du comité des
experts du ministère du Logement et de la Construction urbaine et
rurale.
M. Zhang a admis que cette mesure
pourrait faire baisser la demande des primo-accédants, notamment
les jeunes qui espèrent acheter un logement avant leur mariage.
Selon lui, elle pourrait également
décourager les personnes souhaitant vendre leur logement pour en
acheter un plus grand et améliorer leurs conditions de vie.
De nombreuses personnes estiment
qu'un lourd impôt sur les propriétaires de plus de deux logements
serait un meilleur choix.
"Un certain temps est nécessaire
pour une réforme globale du système de prélèvement de l'impôt
immobilier", a déclaré M. Zhang.
Liu Yan espère que les prochaines
sessions annuelles des organes législatif et consultatif suprêmes
donneront aux jeunes diplômés comme elle l'espoir de poursuivre
leurs rêves dans les villes.
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