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Les droits de douane commencent à peser sur les prix à la consommation aux États-Unis

La politique tarifaire du président américain Donald Trump a fait grimper les taxes sur les produits étrangers à des niveaux jamais atteints depuis neuf décennies, alourdissant les coûts pour les entreprises et les ménages américains.
Les nouveaux droits de douane, entrés en vigueur début août, touchent désormais la quasi-totalité des partenaires commerciaux des États-Unis. Des chercheurs de l'Université de Yale ont indiqué estimer que le taux moyen de taxation des importations était passé d'un peu plus de 2% en janvier à plus de 18% aujourd'hui, soit le niveau le plus élevé depuis les années 1930.
Hausses de prix
Bien que les taxes soient perçues auprès des importateurs, les économistes affirment qu'une grande partie du coût final sera supportée par les consommateurs sous forme de hausses de prix. Certaines catégories pourraient connaître des hausses particulièrement marquées.
La modélisation économique du Budget Lab de Yale suggère que les prix au détail des chaussures pourraient augmenter d'environ 40% et ceux des vêtements de 37% une fois que l'impact se fera pleinement sentir sur les chaînes d'approvisionnement. Les produits de consommation courante, tels que les fruits, les appareils électroménagers et les automobiles, devraient également voir leurs prix augmenter, les voitures neuves pouvant coûter plusieurs milliers de dollars de plus.
Les petites entreprises du Midwest sont déjà confrontées à une forte inflation des coûts. À Saint-Louis, dans l’État du Missouri, par exemple, les détaillants ont signalé des hausses de prix des fournisseurs allant jusqu'à 30%, et ce couvrant tous les produits, des vélos et produits de beauté aux jeux de société, selon un sondage du Financial Times.
Les machines à laver et les frigos à vin en sont des exemples marquants, alors que leurs prix ont bondi de 35%. Même les produits fabriqués localement ne sont pas épargnés, les fabricants répercutant les coûts élevés des intrants, notamment pour l'acier et l'aluminium importés.
Mike Weiss, propriétaire d'une chaîne de magasins de vélos à Saint-Louis, illustre parfaitement cette situation difficile. « Normalement, nous révisons les prix chaque année, et non chaque jour », a-t-il déclaré au Financial Times. « Les règles du jeu ne cessent de bouger. »
Trinita Rhodes, copropriétaire d'un magasin de produits de beauté situé à Florissant, en banlieue de Saint-Louis, a noté que ses rayons illustraient parfaitement l'impact des droits de douane sur les prix. Depuis que les États-Unis ont imposé des droits de douane supplémentaires sur les importations chinoises en avril, les prix au détail de nombreux articles ont fortement augmenté et n'ont pas baissé, même après l'annonce par Washington d'une trêve de 90 jours avec Beijing.
Transfert des coûts aux clients
Auparavant, les entreprises supportaient une grande partie des droits de douane. Goldman Sachs estime que jusqu'en juin, les entreprises avaient absorbé environ 64% des coûts supplémentaires, les consommateurs en couvrant environ 22% et les exportateurs étrangers 14%. Mais la banque a indiqué s'attendre à ce que la part supportée par les consommateurs atteigne 67% d'ici octobre. Les fabricants nationaux, confrontés à une plus faible concurrence des importations, pourraient également augmenter leurs prix.
Goldman Sachs a prévu que si les droits de douane restent en vigueur, l'indicateur d'inflation privilégié par la Réserve fédérale (Fed) – soit l'indice des prix des dépenses de consommation des ménages – pourrait terminer l'année à environ 3,2%, contre 2,4% sans les droits de douane. L'inflation de base des prix à la consommation en juillet s'établissait déjà à 3,1%.
Selon des analystes, le taux tarifaire moyen global, actuellement de 18,6%, rivalise avec celui imposé par la « Loi Smoot-Hawley sur les tarifs douaniers » de la Grande Dépression. La hausse des coûts se manifeste non seulement sur les produits finis, mais aussi sur les intrants industriels comme l'acier et l'aluminium, qui alimentent la production et la construction américaines.
Pour l'instant, la baisse des prix de l'énergie et les stocks accumulés avant les tarifs douaniers contribuent à contenir l'inflation globale. Mais à mesure que les stocks s'épuisent et que les contrats d'importation se renouvellent à des taux plus élevés, la pression à la hausse sur les prix va s'intensifier, ont prévenu des économistes. Plus les tarifs douaniers perdurent, plus ils risquent de peser sur les dépenses de consommation et de ralentir la croissance économique.
Cela place la Fed dans une situation délicate. L'agence est souvent confrontée aux appels de la Maison Blanche à réduire les taux d'intérêt afin de soutenir un marché du travail chancelant, même si l'inflation liée aux tarifs douaniers reste supérieure à l'objectif de 2%. Pour les propriétaires de petites entreprises comme M. Weiss, le débat politique est éloigné de la réalité quotidienne: il faut soit absorber les coûts plus élevés, soit les répercuter sur les clients, même si ces deux choix ont un prix.
| Source:french.china.org.cn | ![]() |
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