![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
[A A] |
À qui la politique américaine va-t-elle réellement « rendre sa grandeur » ?
Au moment où le gouvernement américain diminue considérablement ses financements et ses visas pour le secteur de la science, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a proposé lors de la conférence « Choose Europe for Science », tenue le 5 mai à l’Université de la Sorbonne, à Paris, une « nouvelle enveloppe de 500 millions d’euros » pour la période 2025-2027 « afin de faire de l’Europe un pôle d’attraction pour les chercheurs ». « À moyen et long terme, avec nos États membres, nous voulons atteindre l’objectif de 3% du PIB pour l’investissement dans la recherche et le développement (R&D) d’ici à 2030 », a-t-elle ajouté.
Le président français Emmanuel Macron a de son côté déclaré lors de cette conférence que la France allait investir 100 millions d’euros « supplémentaires » pour attirer les chercheurs étrangers, notamment américains, et que ce montant serait financé par le programme d’investissement public France 2030.
Depuis son arrivée au pouvoir en janvier, le gouvernement américain a réduit ses financements de la recherche scientifique et a arrêté de nombreux projets scientifiques – allant du climat à la biomédecine – sous le prétexte de vouloir revoir les projets validés par le gouvernement précédent, d’éviter le gaspillage et de réajuster les dépenses de recherche scientifique pour « correspondre aux priorités de l’Amérique ».
Cela a suscité de nombreuses critiques au sein de l’opinion publique, pour qui la cause scientifique américaine est en train d’être anéantie.
Face à un environnement politique très incertain, de plus en plus de chercheurs américains envisagent de quitter le pays. L'Europe, qui avait perdu un grand nombre de scientifiques au profit des États-Unis avant et après la Seconde Guerre mondiale, est aujourd'hui devenue un abri pour les « réfugiés de la recherche scientifique » américains.
En tant qu’un des pays les plus actifs en matière de recrutement de talents, la France a envoyé des lettres à ses instituts de recherche et universités en espérant qu’ils proposent des suggestions concrètes afin de recruter des talents des secteurs importants de la recherche scientifique qui souhaitent « fuir » les États-Unis.
Afin d'accélérer le recrutement de talents, la France a officiellement lancé le mois dernier la plateforme « Choose France for Science », gérée par l'Agence nationale de la recherche, permettant aux universités et aux institutions de recherche françaises de demander un financement gouvernemental spécial pour attirer des talents internationaux et les aider à s'installer en France et à poursuivre leurs recherches.
Des universités françaises comme l'Université d'Aix-Marseille et l'Université Paris Sciences et Lettres ont déjà annoncé qu'elles lanceraient des plans de recrutement pour accueillir des chercheurs scientifiques américains.
Il est rapporté qu’un premier groupe de chercheurs scientifiques qui ont « fui » les États-Unis commenceront officiellement à travailler dans des universités françaises en juin.
Eric Berton, président de l’Université d’Aix-Marseille, a déclaré souhaiter la création d'un nouveau statut de « réfugié scientifique » et l'accueil de davantage de chercheurs américains en France et en Europe.
L’administration Trump, qui s’est toujours plaint que l’Europe « profite des États-Unis » en matière de commerce et dans d’autres domaines, a cette fois-ci donné « l’avantage » à l’Europe elle-même. Le président français a déclaré lors de la conférence « Choose Europe for Science » à la Sorbonne que « personne n'aurait pu imaginer, il y a quelques années, qu'une des plus grandes démocraties du monde, dont le modèle économique repose si fortement sur la science libre, (…) allait faire une telle erreur ».
Il faut noter qu’en plus d’être « l’ennemi de la science », les tarifs douaniers ont également une influence négative sur la cause scientifique aux États-Unis.
Le magazine britannique Nature a souligné que les États-Unis occupaient une position importante dans le commerce mondial des équipements et réactifs de laboratoire, soulignant que la valeur de ces produits importés était énorme chaque année. Les nouvelles mesures tarifaires entraîneront une forte augmentation des prix des équipements et des fournitures de recherche scientifique aux États-Unis, ce qui aura de graves impacts sur les recherches scientifiques du pays.
En raison de l’impact causé par la récente politique tarifaire de la Maison Blanche sur les marchés financiers internationaux, un phénomène rare de chute simultanée des trois principaux marchés américains s’est produit : le marché boursier, le marché obligataire et le marché des changes ayant tous fortement chuté. Selon Bloomberg, cela est un « signe d'une réticence croissante des investisseurs à détenir des actifs américains ».
Selon le New York Times, l’utilisation excessive des tarifs douaniers par le gouvernement américain a ébranlé la confiance de longue date dans la sûreté des actifs financiers américains, ce qui a créé des opportunités pour l’Europe.
Signe concret que les fonds affluent aujourd’hui vers l'Europe, l'euro a gagné 5,4% par rapport au dollar depuis début avril, dépassant 1,13 dollar, soit son niveau le plus élevé depuis fin 2021.
Kristin J. Forbes, économiste au Massachusetts Institute of Technology (MIT), a déclaré lors d’une interview que l’enthousiasme des investisseurs pour l’euro lui rappelait la situation lors de la création de cette monnaie en 1999, où certains économistes et décideurs politiques avaient évoqué la possibilité qu’elle remplace le dollar.
Pourtant, à la suite de nombreuses crises, la confiance des investisseurs pour l’euro a considérablement diminué. Aujourd’hui, alors que les problèmes liés aux actifs en dollars américains s’aggravent, l’euro reprend de la vigueur.
Selon Bloomberg, la Deutsche Bank a mis en garde contre une tendance structurelle à la baisse du dollar dans les années à venir, ce qui ramènerait la monnaie américaine à son plus bas niveau par rapport à l'euro depuis plus d'une décennie.
Selon un article publié par CNN, même si le président Donald Trump souhaite un nouveau monde où « l’Amérique est la première (America first) », dans la course au contrôle de l’inflation, les États-Unis pourraient bien finir derniers. Les économistes estiment que, compte tenu de la situation actuelle, les tarifs douaniers américains pourraient réduire le taux d’inflation en Europe de plusieurs manières au cours de cette année et l’année prochaine. D’après l’article, les changements politiques radicaux de Donald Trump ont éloigné les investisseurs des actifs en dollar américain. Une autre raison avancée par la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, est qu’il est probable que la Chine pourrait « réorienter » ses exportations vers l’Europe au lieu des États-Unis.
Source:french.china.org.cn | ![]() |
![]() |
![]() |