(Avis d'invités) La nouvelle politique douanière américaine incite les pays africains à explorer d'autres marchés
Une vingtaine de pays africains sont frappés de droits de douane américains supérieurs à 10% et de 10% pour les autres. Cette nouvelle politique douanière brutale, unilatérale et protectionniste affectera inévitablement ces économies et leur commerce, poussant ceux-ci à explorer d'autres marchés d'exportation, dont la Chine.
Cette décision américaine viole gravement les droits et les intérêts légitimes des pays. Elle viole également les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et perturbe aussi la stabilité de l'ordre économique et commercial de la planète.
Les pays africains subissent les conséquences de cette politique "America first" en perturbant leur redressement économique. Parmi eux, le Lesotho est le plus touché, se voyant imposer les droits de douane les plus élevés, soit 50%, mais aussi Madagascar (47%), l'Angola (32%), l'Afrique du Sud (30%) et la Côte d'Ivoire (21%).
La nouvelle politique tarifaire, véritable offensive douanière du président américain, s'est propagée comme une onde de choc, exacerbant la vulnérabilité des économies des pays africains. Elle affectera plus gravement ceux qui sont très liés aux Etats-Unis ou qui dépendent d'une manière ou d'une autre de ce pays.
La perturbation des chaînes de production industrielle risquent de désorganiser les marchés et de provoquer de l'inflation, notamment dans les pays les plus visés.
Par exemple, si le décret de Donald Trump devait être appliqué dans son intégralité, l'économie du Lesotho, petit pays enclavé d'Afrique australe, prendrait un coup sérieux. En effet, le secteur du textile, qui est le principal pourvoyeur d'emplois du pays, vit presque exclusivement de la production, principalement exportée vers les Etats-Unis.
Face aux effets directs ou indirects de cette guerre commerciale, le moment est venu d'élaborer une stratégie appropriée pour le continent. C'est aussi le moment pour les pays trop dépendants des Etats-Unis d'envisager de nouvelles voies. Ils doivent montrer à M. Trump qu'ils ont la possibilité de se passer des Etats-Unis.
Les tensions économiques et commerciales créées par Washington obligent donc les pays africains à explorer d'autres marchés, notamment la Chine, et à accélérer l'intégration économique du continent par le biais de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA).
Contrairement aux Etats-Unis qui s'engagent dans une guerre tarifaire mondiale, suivie de sanctions diverses, la Chine en tant que plus grand pays en développement et deuxième économie du monde, doit continuer à ouvrir de plus en plus ses portes, à incarner par des actions pragmatiques une mondialisation économique inclusive et bénéfique pour tous, les Africains en particulier.
En 2024, les échanges commerciaux entre la Chine et les pays africains se sont élevés à plus de 295 milliards de dollars. La Chine est aussi le principal investisseur étranger sur le continent africain. Lors du sommet du Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA) en 2024 à Beijing, la Chine a annoncé la mise en place d'un traitement tarifaire nul en faveur de plus de 40 pays les moins avancés, dont 33 pays africains, sur 100% de leurs produits.
Ces dernières années, la Chine a mis en place un "canal vert" facilitant le commerce des produits agricoles africains sur le marché chinois. Elle soutient également le développement des pays africains dans les secteurs émergents tels que l'économie digitale. Et l'Initiative la Ceinture et la Route (ICR) ouvre le champ de la commercialisation de nombreux produits africains de qualité sur le marché chinois.
L'étroite complémentarité des économies chinoise et africaine explique en grande partie la croissance remarquable de la coopération économique et commerciale entre la Chine et les Africains. Et le renforcement des relations économiques et culturelles entre la Chine et l'Afrique présente d'énormes avantages et potentiels, permettant aux deux parties de tirer d'énormes bénéfices de leurs avantages respectifs et de leurs vastes marchés, ce qui peut contribuer à la construction d'une communauté de destin sino-africaine.
A l'avenir, afin de promouvoir l'intégration continentale et le commerce entre la Chine et les pays africains, la coopération sino-africaine doit continuer à accorder une priorité élevée à la réalisation d'infrastructures appropriées en Afrique. Et les deux parties devraient favoriser la coordination entre le FCSA, l'ICR, la ZLECA et l'Agenda 2063 de l'Union Africaine, afin de faire émerger pleinement l'immense potentiel existant. Fin
Note de la rédaction: Yoro Diallo est ancien haut diplomate malien et ancien président du comité malien du Conseil international des musées. Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l'auteur et ne reflètent pas nécessairement les positions de l'Agence de presse Xinh