![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
![]() |
[A A] |
70e anniversaire de la Conférence de Bandung : raviver l’esprit de coopération avec le Sud global
L’année 2025 marque le 70e anniversaire de la Conférence historique de Bandung, au cours de laquelle 29 pays asiatiques et africains nouvellement indépendants se sont réunis en Indonésie pour plaider en faveur de l’unité et de la coopération dans le monde en développement. Le discours historique du Premier ministre Zhou Enlai avait contribué de manière significative à apaiser les tensions et à établir les bases du Mouvement des non-alignés. Dans un ordre international incertain et en constante évolution, l’essence de la Conférence de Bandung, qui met l’accent sur la solidarité plutôt que sur la division, reste d’une grande pertinence.
Soixante-dix ans après la conférence de Bandung de 1955, le paysage mondial est confronté à un autre moment charnière, caractérisé par une escalade des tensions géopolitiques, des disparités économiques persistantes, les changements climatiques et la vulnérabilité des institutions multilatérales. La Conférence de Bandung fut un rassemblement révolutionnaire de 29 nations asiatiques et africaines, qui se sont unies pour affirmer leur souveraineté, s’opposer à l’assujettissement colonial et jeter les bases d’une collaboration Sud-Sud. Elle a généré les idéaux de solidarité, de respect mutuel de la souveraineté et de non-alignement, mais aussi un désir collectif d’autodétermination économique et politique.
A l’occasion de ce 70e anniversaire, il est impératif de raviver l’esprit de Bandung pour relever les difficultés auxquelles sont confrontés les pays du Sud global dans un paysage mondial en évolution rapide. L’ordre international actuel a besoin d’un engagement renouvelé en faveur du multilatéralisme et du développement inclusif, en particulier dans un contexte où de nombreux pays du Sud global sont confrontés à une dette extérieure croissante, à un accès inéquitable à la technologie et aux soins de santé, et aux effets néfastes des changements climatiques.
Pour raviver l’esprit de Bandung, il est nécessaire de transcender les simples gestes symboliques et de cultiver des mécanismes concrets de collaboration à travers des organisations régionales, des cadres d’investissement Sud-Sud, des plateformes de transfert de technologies et des actions diplomatiques collectives. Il s’agit de réaffirmer l’action du Sud global dans les plateformes de gouvernance mondiale, telles que les Nations Unies, le G20 et l’OMC, pour n’en citer que quelques-unes.
L’émergence de nouveaux centres de pouvoir comme la Chine, l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud, ainsi que leur rôle croissant au sein des BRICS, de l’Union africaine et de l’ASEAN, créent des opportunités pour formaliser un nouveau type de solidarité et de collaboration Sud-Sud. Ce rajeunissement doit être intersectionnel, mettant l’accent sur la coopération entre Etats tout en stimulant la société civile, la jeunesse et les populations marginalisées dans tout le Sud global. En promouvant les échanges d’informations, les partenariats climatiques et la diplomatie culturelle, les pays du Sud peuvent reconfigurer les paramètres de l’engagement international, en faisant passer l’accent de la dépendance à la résilience réciproque.
L’héritage de Bandung souligne que la collaboration entre les pays en développement n’est pas simplement une référence historique mais une nécessité stratégique pour construire un monde juste, pacifique et durable. A soixante-dix ans, la Conférence de Bandung n’est pas un artefact de l’histoire, mais un cadre dynamique capable d’inspirer une nouvelle époque d’action collective, enracinée dans les principes d’équité, de solidarité et d’autonomie qui ont initialement uni l’Asie et l’Afrique en 1955. En réaffirmant son attachement à ces principes, le Sud global pourra tracer sa propre trajectoire au XXIe siècle, non seulement en tant que bénéficiaires passifs des tendances mondiales, mais aussi en tant qu’architectes d’un ordre international plus équitable et plus compatissant, qui soit inclusif, juste et transparent.
L’ordre international évolue et se trouve au bord d’une catastrophe humanitaire, en raison du plaidoyer sans précédent en faveur de l’unilatéralisme comme nouvelle norme par les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux. Les partisans de l’unilatéralisme ont tendance à soutenir de nombreuses idéologies régressives, telles que la suprématie blanche, la souveraineté limitée et le choc des civilisations. Ces conceptions découlent d’une mentalité capitaliste et d’une domination du marché, en opposition aux principes de croissance inclusive. Plusieurs institutions des Nations Unies, dont la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), ont émis des avertissements contre les risques croissants liés aux conflits commerciaux, à la baisse des investissements et à la hausse des niveaux d’endettement, qui provoquent une incertitude quant à l’indice de croissance économique mondiale.
Il y a sept décennies, les Principes de Bandung ont répondu efficacement à ces préoccupations, soutenant de manière univoque les droits fondamentaux des êtres humains, adhérant aux principes de la Charte des Nations Unies, honorant la souveraineté et l’intégrité territoriale de toutes les nations, reconnaissant l’égalité de toutes les races et de tous les pays, quelle que soit leur taille, et prônant la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres nations. Par conséquent, les Principes de Bandung fournissent des bases solides au droit international visant à instaurer une paix et une prospérité durables pour toutes les nations.
La civilisation humaine se trouve à un carrefour crucial, nécessitant une unité profonde dans la diversité caractérisée par le respect mutuel et l’intégrité au sein de la communauté mondiale. La Chine est le porte-drapeau d’une diplomatie multidimensionnelle visant à faire avancer une nouvelle phase de la civilisation. Le président Xi Jinping a souligné à maintes reprises l’objectif d’établir une communauté de destin pour l’humanité, comme en témoignent les BRICS, l’Organisation de coopération de Shanghai, le Mouvement des non-alignés et la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures, qui incarnent tous les valeurs de la Conférence de Bandung à l’époque contemporaine.
Les Principes de Bandung prônent avec force la reconnaissance de l’égalité raciale et de la parité de toutes les nations, quelle que soit leur taille. Ils défendent la promotion des intérêts communs et de la collaboration, ainsi que la résolution de tous les conflits internationaux par le dialogue et des moyens pacifiques conformément à la Charte des Nations Unies. Par conséquent, cet esprit perdurera au profit du Sud global et du monde entier.
Traduit d’un article en anglais écrit pour french.china.org.cn par Dr Waseem Ishaque, chercheur principal à l’Institut Taihe de Beijing. Les articles d’opinion reflètent les points de vue de leurs auteurs, et ne sont pas nécessairement représentatifs des opinions de french.china.org.cn.
Source:french.china.org.cn | ![]() |
![]() |
![]() |