Guerres tarifaires titanesques de Trump et tremblements des pays asiatiques

Depuis son entrée en fonction en janvier 2025, le président américain Donald Trump a mis en place plusieurs séries de droits de douane, qui ont provoqué une onde de choc à travers le monde entier.

S’appuyant sur son slogan populaire « Make America Great Again » (MAGA, « Rendre sa grandeur à l’Amérique »), M. Trump a soutenu que l’augmentation des droits de douane sur les importations encouragerait l’industrie américaine et protégerait les secteurs nationaux de la concurrence mondiale déloyale. Il a fixé un tarif douanier minimum de 10 % pour tous les pays et des taux plus élevés pour des dizaines de pays ayant des excédents commerciaux avec les Etats-Unis.

Les pays concernés ont eu des réactions diverses. Alors que certaines nations cherchent à négocier des exemptions, d’autres, comme la Chine, ont déjà mis en place des contre-mesures. Le 9 avril, une semaine après son discours du « Jour de la libération » dans lequel il promettait des droits de douane considérables pour tous les pays du monde, Donald Trump a instauré un moratoire de 90 jours sur les droits de douane les plus élevés, tout en maintenant un taux de base de 10 %. Avec la mise en place officielle de ces tarifs douaniers, des réactions différentes ont pu être observées entre les différents pays.

En réponse aux droits de douane de 32 %, l’Indonésie n’a pas pris de mesures de rétorsion, mais décidé d’adopter une approche pragmatique en privilégiant la diplomatie et les négociations pour trouver des solutions gagnant-gagnant : « Cette approche a été adoptée en tenant compte de l’intérêt à long terme des relations commerciales bilatérales et pour maintenir le climat d’investissement et la stabilité économique nationale », a déclaré Airlangga Hartarto, le ministre indonésien de l’Economie, ajoutant que l’Indonésie aiderait les industries, telles que l’habillement et la chaussure, qui devraient être affectées par ces nouvelles taxes.

Peu de temps après la déclaration de Donald Trump du 2 avril, selon laquelle les exportations japonaises vers les Etats-Unis seraient soumises à des droits de douane de 24 %, le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba a annoncé : « Nous avions demandé au gouvernement américain de revoir ses mesures tarifaires unilatérales à différents niveaux. Nous sommes extrêmement déçus et regrettons que de telles mesures aient été mises en œuvre. » Plus tard, le ministre du Commerce, Yoji Muto, a expliqué que son ministère avait créé un groupe de travail chargé d’enquêter sur les effets des droits de douane et de préparer une réponse globale en vue d’un règlement négocié de cette question avec les responsables américains.

Après la promulgation de droits de douane de 24 % sur ses exportations vers les Etats-Unis, la Malaisie a fait preuve de prudence et de pragmatisme. Son ministère de l’Investissement, du commerce et de l’industrie a laissé entendre que le pays chercherait « des solutions qui respecteront l’esprit du commerce libre et équitable ». Le Premier ministre Anwar Ibrahim a fait savoir que la Malaisie « préparerait une réponse coordonnée de l’ASEAN ». L’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est, composée de dix pays de la région, dont le Vietnam et le Cambodge, est actuellement présidée par la Malaisie. Le Premier ministre a en outre souligné que la réponse serait « calme, ferme et guidée par les intérêts stratégiques de la Malaisie ».

La Corée du Sud a également été durement touchée par les droits de douane de 25 % imposés sur ses industries sidérurgique et automobile. Le président par intérim Han Duck-soo a déclaré à la CNN que son pays avait opté pour le dialogue pour régler la question. La Corée du Sud a envoyé une délégation commerciale à Washington, où elle a proposé des domaines de coopération, tels que l’énergie, la construction navale et la réduction de l’excédent commercial de 55,7 milliards de dollars de la Corée du Sud avec les Etats-Unis.

Le gouvernement a temporairement réduit les taxes sur l’achat de véhicules et augmenté le soutien financier aux constructeurs automobiles de 13 000 milliards à 15 000 milliards de wons (10 milliards de dollars) pour atténuer l’impact de ces mesures. Les responsables américains ont qualifié les efforts de sensibilisation de la Corée du Sud de « calibrés et positifs ». Cependant, le choix d’éviter la confrontation avec le président américain a fait l’objet de critiques au niveau national, ce qui pourrait se transformer en un handicap politique avec les prochaines élections de juin 2025.

Comme lors de son premier mandat, le président Trump se montre également plus enthousiaste à l’idée d’une guerre commerciale avec la Chine. Depuis son arrivée au pouvoir, il a annoncé plusieurs restrictions commerciales et tarifaires contre la Chine, afin de plaire à ses électeurs et aux éléments bellicistes de son gouvernement.

Cependant, la Chine a imposé en dernier recours des droits de douane de rétorsion de 34 % sur toutes les importations américaines. Onze entités commerciales américaines ont également été déclarées « entités peu fiables » par le ministère chinois du Commerce, les empêchant ainsi de poursuivre leurs activités en Chine. « La Chine appelle les Etats-Unis à lever immédiatement leurs mesures tarifaires unilatérales et à résoudre leurs différends commerciaux par le biais de consultations respectueuses, mutuellement avantageuses et sur un pied d’égalité », a déclaré le ministère.

Le 7 avril, Donald Trump a indiqué qu’il répondrait aux représailles douanières de la Chine en imposant des droits de douane supplémentaires de 50 % sur les importations chinoises. La Chine a riposté à cette provocation en augmentant les droits de douane sur les importations américaines à 84 %. Les actions du président américain ont provoqué une onde de choc dans le monde entier, en particulier sur les marchés boursiers américains, et Donald Trump a finalement annoncé une pause de quatre-vingt-dix jours pour stabiliser les marchés, tout en augmentant unilatéralement les droits de douane à 125 % contre la Chine. L’administration a expliqué le lendemain que la taxe de 145 % sur les importations chinoises était le résultat de droits de douane mis en place plus tôt dans l’année.

Le 12 avril, la Chine a augmenté sa taxe sur les importations américaines à 125 %. La porte-parole du ministère chinois du Commerce a qualifié les projets tarifaires de Trump de « mauvaise blague ». Plus tard, l’administration Trump a affirmé que les droits de douane élevés imposés à la Chine ne s’appliqueraient pas à de nombreux produits technologiques, notamment les ordinateurs portables et les téléphones portables. En février, la Chine avait imposé des droits de douane de 10 % sur les camionnettes, plusieurs gros véhicules, le matériel agricole et le pétrole brut. En outre, la Chine prélève une taxe de 15 % sur le gaz naturel liquéfié et le charbon.

Les guerres tarifaires déclenchées par le président Trump 2.0 ont provoqué une onde de choc à travers le monde entier, avec une chute des marchés boursiers et des craintes de récession mondiale. Il est généralement admis que les guerres commerciales ne font pas de gagnants. Le président Trump et son équipe devraient probablement revoir les tarifs douaniers en cours dans l’intérêt de la stabilité économique mondiale.

Traduit d’un article en anglais écrit pour french.china.org.cn par Dr Waseem Ishaque, chercheur principal à l’Institut Taihe de Beijing. Les articles d'opinion reflètent les points de vue de leurs auteurs, et ne sont pas nécessairement représentatifs des opinions de french.china.org.cn.