République de Corée : la Cour constitutionnelle confirme la destitution du président Yoon
La Cour constitutionnelle de la République de Corée a approuvé vendredi une motion déposée par l'Assemblée nationale visant à destituer le président Yoon Suk-yeol pour son éphémère imposition de la loi martiale, verdict rendu en direct à la télévision.
Moon Hyung-bae, président en exercice de la cour, a lu l'arrêt concernant la destitution de M. Yoon, indiquant qu'il s'agissait d'une décision unanime de huit juges.
Il a déclaré que M. Yoon avait manqué à son devoir de protection de la Constitution en portant atteinte aux institutions constitutionnelles, telles que le Parlement, et avait violé les droits fondamentaux des citoyens en mobilisant l'armée et la police.
M. Moon a souligné que le bénéfice de la protection de la Constitution par la destitution de M. Yoon dépassera largement la perte nationale résultant de son limogeage.
M. Yoon avait décrété une loi martiale d'urgence dans la nuit du 3 décembre de l'année dernière, mais celle-ci avait été révoquée par l'Assemblée nationale dirigée par l'opposition quelques heures plus tard.
Tout au long de la nuit de cette tentative ratée d'instauration de la loi martiale, des hélicoptères militaires avaient atterri à l'Assemblée nationale et des centaines de soldats des forces spéciales avaient fait irruption dans le bâtiment du Parlement.
En vertu de la loi, le verdict de la cour entre en vigueur immédiatement après sa lecture et une élection présidentielle anticipée doit être organisée dans un délai de 60 jours. L'élection devrait avoir lieu fin mai ou début juin.
Le dirigeant conservateur a officiellement perdu tout pouvoir exécutif, devenant ainsi le deuxième président en exercice du pays à être écarté du pouvoir par la justice, après la destitution de l'ancienne présidente conservatrice Park Geun-hye en 2017.
M. Yoon est devenu le troisième président à être destitué par l'Assemblée nationale dans l'histoire constitutionnelle du pays. Le président défunt de gauche Roh Moo-hyun avait été rétabli dans ses fonctions après avoir été destitué par l'Assemblée nationale en 2004.
Depuis l'adoption de la motion de destitution de M. Yoon le 14 décembre de l'année dernière, onze audiences au total ont eu lieu devant la Cour constitutionnelle jusqu'au 25 février.
Il a fallu 111 jours pour que la Cour constitutionnelle rende son verdict final, contre 92 jours pour la destitution de Mme Park et 64 jours pour celle de M. Roh.
M. Yoon avait été appréhendé dans le bureau présidentiel le 15 janvier et avait été inculpé le 26 en tant que meneur présumé de l'insurrection, devenant ainsi le premier président en exercice du pays à être arrêté et poursuivi en justice.
S'il est reconnu coupable d'être le meneur de l'insurrection, M. Yoon pourrait être condamné à la peine de mort ou à l'emprisonnement à vie.
Il avait été remis en liberté le 8 mars, le parquet ayant décidé de ne pas faire appel de l'approbation de sa libération par un tribunal de Séoul.