Israël : Nétanyahou retire sa nomination du chef du Shin Bet sur fond de controverse
Le Premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou a retiré mardi la nomination de l'ancien commandant de la Marine israélienne Eli Sharvit au poste de directeur du service de sécurité intérieure Shin Bet, un jour seulement après l'avoir annoncée.
Dans un communiqué, le bureau de M. Nétanyahou a déclaré qu'il avait revu M. Sharvit, l'avait remercié "pour son enthousiasme à répondre à l'appel", et l'avait informé qu'"après réflexion", il songerait à d'autres candidats pour remplacer l'actuel chef du Shin Bet, Ronen Bar, dont le renvoi est en cours d'examen par la justice.
M. Nétanyahou n'a pas expliqué pourquoi il était revenu sur la nomination annoncée lundi, alors que certains médias estiment que cette décision fait suite aux conseils donnés par les alliés de M. Nétanyahou, notamment les Etats-Unis, d'envisager "un choix mieux réfléchi".
Après la nomination, plusieurs médias ont également révélé que M. Sharvit, qui a servi 36 ans dans l'armée israélienne dont cinq à la tête de la Marine, avait participé à des protestations massives contre le projet de réforme de la justice du Premier ministre.
La brusque volte-face de ce mardi a été condamnée par l'opposition israélienne, qui a appelé M. Nétanyahou à prendre sa décision "pour le bien de l'Etat et de sa sécurité" et non en cherchant "un compromis face aux pressions politiques".
Le gouvernement israélien a approuvé le renvoi de M. Bar le 21 mars, évoquant "une perte de confiance". C'est la première fois de l'histoire du pays que le gouvernement a limogé un directeur du Shin Bet.
Cependant, la Cour suprême israélienne a suspendu le renvoi de M. Bar et ne devrait pas rendre son verdict final avant le 8 avril.
Les tensions entre MM. Nétanyahou et Bar se sont accrues au sujet de la responsabilité des échecs qui ont mené à l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023.
Ces frictions ont été alimentées par les enquêtes du Shin Bet sur le processus de prise de décision du gouvernement en temps de guerre et sur l'affaire du "Qatargate", qui implique la révélation de contacts présumés entre des conseillers de M. Nétanyahou et des responsables qataris.
