La fonte des châteaux d'eau naturels va aggraver les crises mondiales, selon un rapport onusien
Le dérèglement climatique, la perte de biodiversité et les activités non durables transforment à un rythme sans précédent les environnements montagneux, soit "les châteaux d'eau naturels". Les ressources en eau dont dépendent des milliards de personnes et d'innombrables écosystèmes sont ainsi menacés, avertit le Rapport mondial 2025 des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau.
Publié le 21 mars, à l'occasion de la première Journée mondiale des glaciers, par l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) pour le compte d'ONU-Eau, ce document montre que les montagnes fournissent jusqu'à 60% des flux annuels d'eau douce dans le monde, avec plus de deux milliards de personnes dépendant directement de l'eau provenant des montagnes pour leur eau potable, leurs installations sanitaires et leurs moyens de subsistance.
Les régions montagneuses sont aussi vitales pour des secteurs tels que le pastoralisme, la sylviculture, le tourisme et la production d'énergie. Dans les pays andins, 85% de l'énergie hydroélectrique provient des zones montagneuses, d'après la même source.
Cependant, face aux perturbations du climat et de la biodiversité, les glaciers du monde entier fondent à un rythme sans précédent, les changements rapides dans la quantité, la fréquence et la régularité des chutes de neige perturbent gravement l'approvisionnement en eau, car dans de nombreuses régions, les flux d'eau douce dépendent davantage de la fonte saisonnière du manteau neigeux que des glaciers. Ces changements dans les précipitations augmentent également le risque de catastrophes naturelles telles que les sécheresses et les inondations dues aux débordements des lacs glaciaires.
Aujourd'hui, la situation est critique : jusqu'à la moitié des habitants des zones montagneuses rurales des pays en développement souffrent d'insécurité alimentaire, en premier lieu les femmes et les enfants. A l'échelle mondiale, le recul des glaciers et la diminution des chutes de neige dans les montagnes vont impacter deux tiers de l'agriculture irriguée dans le monde et auront des conséquences importantes pour la grande majorité de la population, révèle le rapport.
"Quel que soit l'endroit où nous vivons, nous dépendons tous d'une manière ou d'une autre des montagnes et des glaciers. Mais ces châteaux d'eau naturels au rôle essentiel font face à un péril imminent", a déclaré Audrey Azoulay, directrice générale de l'UNESCO, ajoutant que "ce rapport démontre non seulement l'urgence à agir, mais aussi que les solutions les plus efficaces sont nécessairement multilatérales".
Cette première Journée mondiale des glaciers, le 21 mars, souligne l'urgence d'une action internationale immédiate et coordonnée, en lien avec la Journée mondiale de l'eau le 22 mars. Avec une série d'événements organisés jeudi et vendredi à Paris, l'UNESCO co-dirige cette journée aux côtés de l'Organisation météorologique mondiale, ainsi que l'Année internationale de la préservation des glaciers 2025, une initiative mondiale visant à mobiliser des ressources et des engagements pour la conservation des glaciers. L'UNESCO co-dirige également la Décennie de l'action pour les sciences cryosphériques (2025-2034), destinée à faire progresser la recherche scientifique et les solutions politiques.