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Un cessez-le-feu global est la clé d’une paix durable
Le fait que la Russie et l’Ukraine aient accepté cette semaine le principe d’un accord de cessez-le-feu limité négocié par les Etats-Unis, au lieu d’un accord global, laisse penser que les deux nations ont encore des désaccords à résoudre et qu’une paix durable risque d’être difficile à instaurer. La suggestion du président américain Donald Trump à son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky d’envisager de donner aux Etats-Unis le contrôle des centrales nucléaires ukrainiennes pour assurer leur sécurité à long terme montre par ailleurs que l’administration Trump donne la priorité aux intérêts américains.
Mercredi, après une conversation téléphonique d’environ une heure entre M. Trump et M. Zelensky, la Maison Blanche a indiqué dans un communiqué que le président ukrainien avait demandé des systèmes de missiles Patriot supplémentaires et que Donald Trump avait accepté de « travailler avec lui pour trouver ce qui était disponible, en particulier en Europe », montrant également la volonté du président américain de réduire l’engagement des Etats-Unis en faveur de la sécurité en Europe. Les deux présidents se sont mis d’accord sur un cessez-le-feu partiel qui couvrirait l’énergie, mais M. Zelensky souhaiterait également que les chemins de fer et les ports soient protégés.
A la suite de la conversation téléphonique de mardi entre M. Trump et le président russe Vladimir Poutine, le Kremlin a cependant fait savoir que les discussions sur un cessez-le-feu limité se référaient plus étroitement aux « infrastructures énergétiques ». Il est donc clair que les trois parties ont des points de vue différents sur ce qu’implique l’accord, ce qui pourrait constituer une première embûche sur la voie d’une paix durable. Au lendemain des efforts de médiation des Etats-Unis, la Russie et l’Ukraine ont néanmoins annoncé mercredi qu’elles avaient chacune échangé 175 prisonniers dans le cadre de l’un des plus importants échanges depuis le début du conflit il y a trois ans.
Cui Hongjian, le directeur du Centre d’études sur l’Union européenne et le développement régional affilié à l’Université des études étrangères de Beijing, note que les récents efforts diplomatiques ont permis de faire progresser le processus de paix entre la Russie et l’Ukraine, les Etats-Unis s’efforçant activement d’amener les deux parties à la table des négociations.
« Toutefois, une résolution pacifique à long terme du conflit reste hors de portée, étant donné l’échec d’un accord de cessez-le-feu global et l’écart important entre les deux parties sur les différends territoriaux et les garanties de sécurité. […] La Russie n’a pas accepté la proposition de cessez-le-feu global de 30 jours soutenue par les Etats-Unis, optant plutôt pour un cessez-le-feu limité axé sur les "infrastructures énergétiques". Cela indique que les Etats-Unis n’ont pas obtenu de gains substantiels à cet égard », fait-il remarquer.
Zhang Hong, un chercheur à l’Institut d’études russes, d’Europe de l’Est et d’Asie centrale affilié à l’Académie des sciences sociales de Chine (ASSC), estime que cet échec de l’accord de cessez-le-feu global proposé à l’origine montre que la réalisation des objectifs des Etats-Unis dépend de la volonté de coopération de la Russie et des autres parties : « Les progrès récents concernant le cessez-le-feu en Ukraine constituent une étape modeste mais importante pour sortir de l’impasse diplomatique. Bien que cette étape ait une valeur politique importante, ce n’est qu’un début. Le plan de Trump d’obtenir une résolution rapide [de ce conflit] pourrait connaître des revers », souligne-t-il.
Concernant la remarque de M. Trump selon laquelle la « propriété américaine » des centrales nucléaires ukrainiennes « pourrait être la meilleure protection pour cette infrastructure », Cui Hongjian note qu’une telle décision montre qu’en jouant le rôle de médiateur dans le conflit entre la Russie et l’Ukraine, les Etats-Unis visent un « double avantage » : « Les Etats-Unis veulent faire avancer le processus de paix pour le prestige international qu’il implique, et s’assurer le contrôle des infrastructures énergétiques et des ressources minérales de l’Ukraine pour servir leurs propres intérêts. […] Ils tentent de persuader l’Ukraine d’accéder à leur demande en présentant la coopération américaine sur les ressources minérales et énergétiques de l’Ukraine comme une stratégie visant à dissuader la Russie d’endommager ces actifs », constate-t-il.
Selon lui, « assurer un rôle aux Etats-Unis dans la reconstruction de l’Ukraine après la guerre donne à l’administration Trump l’occasion de dire au peuple américain qu’elle donne systématiquement la priorité aux intérêts américains ». En outre, la réponse du président américain à la demande de M. Zelensky concernant une assistance supplémentaire en matière de défense aérienne témoigne de la volonté de M. Trump de redéfinir le rôle des Etats-Unis en matière de sécurité en Europe.
« Traditionnellement, les Etats-Unis ont pu agir en tant que leader, mais Donald Trump estime désormais que la sécurité européenne est avant tout l’affaire de l’Europe, les Etats-Unis offrant, au mieux, un filet de sécurité minimal, car le président américain est réticent à continuer à assumer ce qu’il considère comme le fardeau du leadership. […] Alors que M. Trump souhaite engranger les profits, il est moins disposé à contribuer qu’auparavant, ce qui marque un changement important dans la politique étrangère des Etats-Unis », précise Cui Hongjian.
Source:french.china.org.cn | ![]() |
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