L'Europe appelée à améliorer ses relations avec la Chine

L'UE et la Chine pourraient apaiser les tensions dans les domaines du commerce et des investissements

« Les pays européens devraient se réveiller et améliorer leurs relations avec la Chine afin de profiter d'énormes opportunités mutuellement avantageuses, au lieu de suivre aveuglément la politique étrangère des États-Unis comme ces dernières années », ont avancé des universitaires internationaux et d'anciens diplomates.

Jeffrey Sachs, économiste et professeur à l'Université de Columbia, a déclaré que les relations sino-européennes étaient extrêmement importantes et pouvaient être extrêmement bénéfiques pour les deux parties.

« L'Europe doit se réveiller et ne pas se contenter d'une politique étrangère américaine, mais avoir sa propre politique étrangère », a-t-il soutenu mercredi à Bruxelles face au China Daily.

« J'espère que l'arrivée de l'administration (de Donald) Trump donnera à l'Europe la conviction que nous avons besoin d'une politique étrangère indépendante et respectueuse, et que cela impliquera de bonnes relations avec la Chine – que ce soit en matière de commerce, d'investissement, ou de partenariat entre la stratégie européenne “Global Gateway” et l'initiative de “La Ceinture et la Route”. »

« Tout cela sera un énorme gagnant-gagnant », a avancé M. Sachs, qui a été conseiller spécial auprès de plusieurs secrétaires généraux des Nations Unies.

Les propos de M. Sachs font écho à ceux du ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi, qui a déclaré le 14 février lors de la Conférence de Munich sur la sécurité que « la Chine est prête à mettre en synergie une coopération de haute qualité entre l'initiative de “La Ceinture et la Route” et la stratégie “Global Gateway” de l'Union européenne (UE), afin de se renforcer mutuellement et d'offrir davantage d'autonomie au monde entier ».

« La Chine a toujours considéré l'Europe comme un pôle important dans le monde multipolaire. Les deux parties sont des partenaires, pas des rivaux », a affirmé M. Wang.

Notant que cette année marquait le 50e anniversaire des relations diplomatiques entre la Chine et l'UE, M. Wang a assuré que la Chine était prête à travailler avec l'Europe pour approfondir la communication stratégique et la coopération mutuellement bénéfique, ainsi que pour orienter le monde vers un avenir brillant de paix, de sécurité, de prospérité et de progrès.

Kishore Mahbubani, un chercheur de l'Institut de recherche sur l'Asie de l'Université nationale de Singapour, a critiqué l'Europe pour avoir « imité la politique hostile des États-Unis à l'égard de la Chine ».

« Quelles pressions géopolitiques ont provoqué le déclin des relations UE-Chine ? Les Européens ont bêtement cru qu'une loyauté servile envers les priorités géopolitiques américaines leur rapporterait de riches dividendes géopolitiques. Au lieu de cela, ils ont été frappés au visage », a-t-il soutenu le 18 février dans le magazine Foreign Policy, évoquant la détérioration drastique des relations entre les États-Unis et l'UE au cours des dernières semaines suite à diverses décisions controversées de l'administration Trump.

M. Mahbubani, qui a été représentant permanent de Singapour auprès de l'ONU et président du Conseil de sécurité de l'ONU, a affirmé que « la Chine peut aider l'UE à faire face à son véritable cauchemar géopolitique à long terme, étant donné l'explosion démographique en Afrique ».

Il a fait valoir qu'une vague de migrants africains en Europe produirait des dirigeants de type Trump en Europe.

Selon lui, « les Européens devraient accueillir favorablement tout investissement étranger en Afrique qui crée des emplois et garde les Africains chez eux ».

« Au lieu de cela, les Européens se tirent une balle dans le pied en critiquant et en s'opposant aux investissements de la Chine en Afrique. Cet acte à lui seul montre à quel point la réflexion stratégique européenne à long terme est devenue naïve », a-t-il prétendu, écrivant que « Bruxelles sacrifie ses propres intérêts stratégiques pour servir les intérêts américains dans l'espoir que la soumission géopolitique mènera à des récompenses ».

Ding Chun, directeur du Centre d'études européennes de l'Université Fudan, à Shanghai, a déclaré qu'étant donné l'unilatéralisme de Donald Trump et le retrait des États-Unis d'organisations et traités internationaux, l'UE et la Chine avaient davantage de points communs pour le maintien du multilatéralisme et des règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) ainsi que la lutte contre le changement climatique.

« L'UE et la Chine pourraient apaiser leurs tensions dans les domaines du commerce et des investissements », a noté M. Ding. Il a ajouté qu'un changement fondamental pour l'UE, tel qu'abandonner sa stratégie de réduction des risques, pourrait cependant ne pas se produire.

Le message sur la Chine prononcé le 4 février par Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, durant la conférence annuelle des ambassadeurs de l'UE à Bruxelles a été perçu comme beaucoup moins hostile qu'auparavant.

« Ce sera une année intense dans nos relations avec la Chine, alors que nous célébrons un demi-siècle de relations diplomatiques », a-t-elle déclaré.

« Je pense que nous pouvons trouver des accords qui pourraient même élargir nos liens commerciaux et d'investissement », a-t-elle ajouté.