La Chine veut une croissance de l’IA bénéfique à tous

Alors que les Etats-Unis ont refusé de participer à l’engagement collectif de promouvoir un développement inclusif de l’IA lors du Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle tenu récemment à Paris en France, l’Initiative sur la gouvernance mondiale de l’IA proposée par la Chine, présentée par le président chinois Xi Jinping en 2023, apparaît plus pertinente pour promouvoir la croissance de l’IA pour le bien commun.

Cinquante-huit pays, dont la Chine, et deux organisations internationales, à savoir l’Union européenne (27 membres) et l’Union africaine (55 membres), ont signé la « Déclaration sur une intelligence artificielle inclusive et durable pour les peuples et la planète » lors de ce sommet, qui s’est déroulé du 10 au 11 février sous la coprésidence de la France et l’Inde. Les Etats-Unis ont pour leur part refusé de signer ce document international, le vice-président J. D. Vance indiquant clairement que Washington maintenait une approche de « priorité à l’Amérique » (« America first ») dans le développement de l’IA. M. Vance a laissé entendre que l’administration américaine veillerait à ce que « la technologie américaine de l’IA continue d’être l’étalon-or dans le monde entier », mais que l’accès à cette technologie ne serait pas ouvert à tous.

S’adressant au sommet en tant que représentant spécial du président Xi Jinping, le vice-Premier ministre Zhang Guoqing a réitéré l’engagement de la Chine à travailler avec d’autres pays pour promouvoir le développement, préserver la sécurité, partager les réalisations dans le domaine de l’IA et construire conjointement une communauté de destin pour l’humanité. Face aux opportunités et aux défis liés au développement de l’IA, M. Zhang a appelé la communauté internationale à défendre conjointement le principe du développement de l’IA pour le bien commun, ainsi qu’à approfondir la coopération innovante, à renforcer l’inclusivité et le caractère universel des avantages de l’IA, et à en améliorer la gouvernance mondiale.

La participation de M. Zhang au Sommet de Paris est largement considérée comme la mise en œuvre active par la Chine de l’Initiative sur la gouvernance mondiale de l’IA. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Guo Jiakun, a noté mercredi que la signature de la Déclaration finale par la Chine lors de ce sommet témoignait de son engagement à promouvoir activement le développement et la gouvernance de l’IA dans le monde.

« La Chine continuera à défendre le principe de la consultation étendue et de la contribution conjointe avec des bénéfices partagés par tous, à renforcer les échanges et la coopération avec toutes les parties, ainsi qu’à promouvoir l’intelligence artificielle pour mieux servir le développement mondial et améliorer le bien-être de l’humanité », a-t-il souligné lors d’une conférence de presse régulière.

L’Initiative sur la gouvernance mondiale de l’IA appelle les pays à travailler ensemble pour prévenir les risques et élaborer des cadres, des normes et des standards de gouvernance de l’IA basés sur un large consensus, afin de rendre les technologies de l’IA plus sûres, plus fiables, plus contrôlables et plus équitables.

Le 1er juillet de l’année dernière, la 78e Assemblée générale des Nations unies a adopté une résolution proposée par la Chine sur le renforcement de la coopération internationale en matière d’IA, avec le soutien de plus de 140 pays. Cette résolution, la première de l’ONU sur la coopération internationale pour le renforcement des capacités en matière d’IA, traduit pleinement les principes fondamentaux de l’Initiative sur la gouvernance mondiale de l’IA et répond aux attentes élevées de nombreux Etats membres de l’ONU, en particulier des pays en développement.

Le Sommet de Paris, qui réunissait des chefs d’Etat et de gouvernement, des dirigeants d’organisations internationales, des chefs d’entreprise et des experts en technologie, s’est tenu alors que l’entreprise chinoise DeepSeek a pris par surprise le paysage mondial de l’IA. DeepSeek, qui a construit son modèle d’IA en libre accès pour une fraction du coût de construction de grands modèles de langage similaires et en utilisant des puces moins avancées sur le plan technologique, a réduit les obstacles financiers à la participation mondiale à l’IA et favorisé des conditions de concurrence plus équitables grâce aux avancées technologiques.

D’après Andy Mok, un chercheur senior au Centre pour la Chine et la mondialisation, DeepSeek illustre la vision plus large de la Chine qui vise à fournir des biens publics mondiaux, un modèle qui réimagine la technologie comme une ressource universelle au bénéfice de tous.

« Le succès de l’entreprise chinoise met en évidence la fragilité de l’idée selon laquelle seul le modèle américain, qui met l’accent sur l’individualisme et le laissez-faire économique, peut favoriser le progrès », a-t-il expliqué dans un article d’opinion publié sur le site internet de la chaîne d’information internationale CGTN.

Tout en saluant les progrès de la Chine en matière de développement de l’IA et son Initiative sur la gouvernance mondiale de l’IA, les dirigeants mondiaux participant au Sommet de Paris ont souligné la nécessité d’une coopération internationale en matière de développement de l’IA.