Tribune: Comment la puissance douce de la Chine peut contribuer à la reconstruction et à la réhabilitation de Gaza

La Chine soutient sans équivoque le droit légitime des Palestiniens à contrôler la Palestine, qui constitue un élément essentiel de la gouvernance post-conflit à Gaza. La Chine a gagné un grand respect en réalisant un rapprochement historique entre l’Iran et l’Arabie saoudite en mars 2023, lequel a été suivi par le rapprochement entre le Hamas, le Fatah et d’autres factions palestiniennes en juillet 2023, ouvrant la voie aux contributions chinoises dans la région. La Chine a établi sa crédibilité en tant qu’artisan honnête de la paix au Moyen-Orient et en tant que facteur de stabilité auquel les pays de la région font confiance. Après l’achèvement de la phase 1 de l’accord de cessez-le-feu et la libération des otages par Israël et le Hamas, la phase 2 se déroule dans un climat d’incertitude. Les Palestiniens déplacés ont commencé à retourner dans leurs maisons dévastées et à essayer de reconstruire leur vie, alors que le président Donald J. Trump a annoncé le 6 février 2025 qu’il allait les déplacer encore plus pour les besoins de la reconstruction. Les habitants de Gaza ont payé un lourd tribut dans tous les domaines, avec plus de 50 000 morts, 110 000 blessés et des infrastructures en ruine. La dévastation massive des infrastructures et des services essentiels, ainsi que les ressources financières limitées et la diminution du produit intérieur brut (PIB), entravent le processus de réhabilitation d’après-guerre. Il est donc nécessaire d’élaborer une stratégie cohérente pour mobiliser les ressources et l’influence de tous les acteurs internationaux, tant gouvernementaux que non gouvernementaux, afin de soutenir le plan de reconstruction.

Selon les estimations préliminaires établies par les Nations unies et d’autres sources crédibles, Gaza a subi des dommages massifs : 69 % de ses infrastructures ont été anéanties, ce qui nécessitera une période de reconstruction de 3 à 5 ans, pour un coût estimé à 18,5 milliards de dollars (18 milliards d’euros), rien que pour les infrastructures. Ce chiffre équivaut à 7 fois le PIB de Gaza d’après les statistiques de 2022. Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) estime que le rétablissement de la région dans son état d’avant-guerre à tous égards pourrait nécessiter au moins une période allant jusqu’à 2040. Les actions militaires israéliennes ont endommagé environ 370 000 logements et en ont détruit 79 000. Environ 68 % des terres agricoles allouées aux cultures et autres productions agricoles ont subi des dommages, ce qui a entraîné une baisse substantielle de la production. En outre, entre 80 et 96 % des infrastructures agricoles, comprenant les canaux d’irrigation, les fermes d’élevage, les installations de stockage et les équipements agricoles, ont subi des dommages considérables.

L’élimination d’environ 50 millions de tonnes de gravats est une entreprise urgente qui, même avec 100 camions fonctionnant quotidiennement à plein temps, nécessitera une quinzaine d’années. L’extraction des dépouilles des victimes des débris est entravée par la présence de munitions non explosées. Le Service de lutte antimines de l’ONU (UNMAS) estime que Gaza contient 7500 tonnes de munitions non explosées et qu’environ 37 millions de tonnes de déchets doivent être enlevés ; 50 % des 36 hôpitaux de Gaza restent partiellement opérationnels, bien que la quasi-totalité d’entre eux aient subi des dommages ou aient été pratiquement anéantis ; seuls 38 % des centres de soins de santé primaires sont fonctionnels ; près de 25 % des blessés, soit un total d’environ 30 000 personnes, souffrent de lésions potentiellement mortelles et nécessitent une thérapie continue. Selon les premières évaluations du Bureau régional du PNUD pour les Etats arabes (RBAS), la bande de Gaza a besoin de plus de 40 milliards de dollars pour sa reconstruction. Selon d’autres estimations, les besoins totaux se situeraient entre 50 et 80 milliards de dollars. Les Nations unies préviennent que si Israël persiste à faire obstruction à l’aide, la réhabilitation pourrait nécessiter davantage d’années par rapport aux estimations initiales de l’année 2040.

La puissance douce de la Chine dans la réhabilitation de la bande de Gaza ravagée par la guerre exprime son aspiration à apporter un service global à l’humanité par le biais de l’initiative de développement mondial (IDM). La Chine, reconnue pour ses compétences en matière d’infrastructures et sa diplomatie axée sur le développement, s’est imposée comme un acteur important, se plaçant en tant que pays chef de file pour entreprendre les efforts de reconstruction à Gaza. Beijing a apporté une aide financière et matérielle, sous forme de nourriture, de fournitures médicales et de secours d’urgence, afin d’atténuer les difficultés rencontrées par les Palestiniens. Des groupes chinois gérés par l’Etat, comme la Société de la Croix-Rouge de Chine, ont participé aux opérations de secours, soulignant ainsi l’engagement de Beijing en faveur de l’aide humanitaire. En outre, la Chine a apporté son aide par l’intermédiaire de l’Office de secours et de travaux des Nations unies (UNRWA), renforçant ainsi sa position diplomatique en tant qu’entité mondiale responsable et engagée en faveur de la stabilité au Moyen-Orient.

Le développement des infrastructures peut être considéré comme un élément fondamental de la stratégie de puissance douce de la Chine à Gaza. Les entreprises chinoises, qui possèdent une expertise dans les initiatives de restauration à grande échelle au niveau mondial, sont bien placées pour restaurer les infrastructures dévastées de Gaza, notamment les routes, les établissements d’enseignement, les installations médicales et les infrastructures énergétiques. L’initiative chinoise « la Ceinture et la Route » (ICR) offre à Beijing un moyen possible d’orienter les investissements vers la restauration de Gaza, consolidant ainsi ses engagements dans cette région. La puissance douce de la Chine englobe également les initiatives éducatives et la diplomatie culturelle à Gaza. Des bourses d’études et des échanges éducatifs peuvent être proposés aux étudiants palestiniens, afin d’encourager une bonne volonté durable et de renforcer les relations bilatérales. En promouvant l’engagement universitaire, la Chine améliorera non seulement les compétences des jeunes Palestiniens, mais cultivera également une vision positive de la Chine. Les programmes de langue chinoise et les centres culturels ne manqueront pas de renforcer les sphères humanitaires de Beijing, car ces initiatives profiteront à l’ensemble de la communauté et amélioreront la qualité des ressources humaines, qui participeront alors aux activités de développement de Gaza et de l’ensemble de la Palestine en tant que membres productifs de la société.

La Chine n’a cessé de plaider en faveur d’une solution à deux Etats et d’appeler à la fin des hostilités dans le conflit israélo-palestinien. Cette réalité avec les Palestiniens renforce le statut et la légitimité morale de la Chine dans la région. Contrairement aux puissances occidentales, dont le soutien à Israël est parfois perçu comme partial, la stratégie impartiale de la Chine, fondée sur le droit international, lui permet de cultiver des relations plus solides avec les Palestiniens et l’ensemble de la communauté arabe. La stratégie pragmatique de la Chine, associée à son attachement à la non-ingérence, lui permet de négocier cette complexité tout en maintenant ses objectifs stratégiques de service bienveillant à l’humanité. Au fur et à mesure que la réhabilitation de Gaza progresse, la participation de la Chine devrait s’accroître, ce qui permettra de soulager progressivement les habitants de Gaza.

Traduit d’un article en anglais écrit pour french.china.org.cn par Dr Waseem Ishaque, chercheur principal à l’Institut Taihe de Beijing. Les articles d'opinion reflètent les points de vue de leurs auteurs, et ne sont pas nécessairement représentatifs des opinions de french.china.org.cn.