Une plateforme ouverte
L’élargissement du groupe BRICS illustre son engagement envers un développement inclusif et le multilatéralisme.
Le 16e Sommet des BRICS, qui s’est déroulé à Kazan, en Russie, du 22 au 24 octobre, revêt une grande importance pour plusieurs raisons. Il s’agit de la première réunion consécutive à l’élargissement du groupe BRICS, et elle met en évidence le rôle de ce groupe en tant qu’entité « non occidentale » qui n’est pas nécessairement « anti-occidentale ». Il marque le commencement d’une nouvelle ère pour le Sud global, qui doit renforcer sa solidarité tout en œuvrant conjointement pour la paix et le développement à l’échelle mondiale.
Le groupe met en avant qu’il ne constitue pas un « club exclusif » et qu’il s’est engagé, depuis sa création, à faire preuve d’ouverture et d’inclusion, illustrant ainsi son dévouement à favoriser la coopération entre les diverses nations.
Ce sommet a représenté un moment décisif pour les BRICS, où les dirigeants ont discuté de stratégies pour promouvoir un monde multipolaire, convenu de soutenir l’expansion de la Nouvelle banque de développement, réaffirmant ainsi l’engagement du groupe en faveur d’un ordre mondial plus équitable pour les pays du Sud global. Ils ont appelé à des efforts collaboratifs pour réformer le système financier international, encourager le commerce en monnaies locales et promouvoir le développement durable. Par ailleurs, ils ont positionné les BRICS comme un acteur clé dans un paysage géopolitique en pleine mutation, tout en précisant qu’ils ne cherchaient pas à se présenter comme une force opposée à l’Occident.
Le rôle de la Chine
Le sommet a également mis en lumière le rôle actif de la Chine dans la gouvernance mondiale, notamment par le biais d’initiatives comme « la Ceinture et la Route », qui proposent des solutions concrètes aux pays en développement, souvent laissés pour compte par les grandes puissances occidentales. Les participants ont par ailleurs dénoncé l’hypocrisie des politiques environnementales occidentales, soulignant que, malgré leurs discours en faveur de la durabilité, ces pays imposent des taxes et des droits de douane élevés sur les véhicules électriques chinois.
Dans son allocution, le Président chinois Xi Jinping a souligné l’importance de l’élargissement des BRICS, y voyant une étape significative qui reflète les transformations de l’ordre international. Il a plaidé pour une approche collective face aux défis mondiaux, prônant la paix et le développement, et insisté aussi sur la sécurité collective, appelant les BRICS à devenir des défenseurs de la paix et à œuvrer pour la désescalade des tensions.
Le Président Xi a également mis en avant l’innovation comme levier essentiel pour un développement de qualité, annonçant plusieurs initiatives dans les domaines de l’intelligence artificielle et de la coopération industrielle. Par ailleurs, il a réitéré l’importance du développement durable, encourageant les collaborations en matière d’énergies propres et de pratiques écologiques.
Les dirigeants ont également souligné que l’Occident continue de pratiquer le néocolonialisme en Afrique en imposant des programmes et des technologies environnementaux aux pays en développement, sans leur fournir le soutien financier adéquat. Selon eux, ces initiatives occidentales tendent à maintenir ces pays dans une dépendance technologique et financière, plutôt que de promouvoir un développement autonome et inclusif.
Le sommet a introduit le statut de pays partenaire BRICS, offrant aux nations l’opportunité de s’associer au groupe sans en devenir membres à part entière ni bénéficier d’un droit de vote. Le Belarus a été le premier à adopter ce statut, tandis que plusieurs autres pays, comme Cuba, ont exprimé leur intérêt. Des candidats potentiels comme l’Algérie, la Bolivie et l’Indonésie, représentant une part significative de la population mondiale et du PIB global, témoignent de l’intérêt croissant pour les BRICS en tant que plateforme de coopération et de développement.
De manière générale, le 16e Sommet des BRICS représente une étape significative dans l’évolution du Sud global et ouvre la voie à une nouvelle ère de collaboration, d’autonomisation et de vision partagée entre les économies émergentes.
L’adhésion de l’Éthiopie
La décision de l’Éthiopie de rejoindre les BRICS a suscité de nombreuses analyses de la part des experts et commentateurs. À mon avis, cette démarche reflète avant tout des ambitions économiques stratégiques. En s’intégrant à ce groupe d’économies émergentes, l’Éthiopie cherche activement à renforcer sa collaboration et son engagement à l’international. Cette adhésion témoigne d’une volonté réfléchie de garantir son avenir économique dans un monde en évolution rapide, où la coopération entre les économies émergentes revêt une importance croissante.
L’adhésion de l’Éthiopie aux BRICS représente une opportunité majeure pour stimuler son développement socio-économique, notamment grâce à l’augmentation des investissements directs étrangers. Avec une main-d’œuvre jeune et compétitive et de riches ressources naturelles, l’Éthiopie poursuit un processus d’industrialisation ambitieux et améliore ses infrastructures de manière significative. Ces avancées s’alignent sur les intérêts d’investissement des BRICS, en particulier dans des secteurs stratégiques comme l’industrie manufacturière et l’agriculture, moteurs de la transformation économique éthiopienne.
Par ailleurs, l’adhésion aux BRICS ouvre à l’Éthiopie la perspective d’une coopération accrue entre pays du Sud, lui permettant de tisser des partenariats fondés sur des intérêts communs et des bénéfices mutuels. Cette dynamique offre également un meilleur accès à divers marchés et à des technologies avancées. Une telle coopération est cruciale pour soutenir des initiatives de développement durable qui s’alignent sur les objectifs nationaux de l’Éthiopie.
En outre, l’intégration de l’Éthiopie au sein des BRICS pourrait considérablement améliorer sa logistique commerciale et renforcer sa position dans les chaînes d’approvisionnement mondiales. Alors que le pays s’efforce de diversifier ses exportations au-delà d’une gamme limitée de produits de base, et le renforcement des relations commerciales avec les pays membres des BRICS pourrait jouer un rôle essentiel dans la résolution des défis actuels liés à son intégration dans l’économie mondiale. En consolidant ses partenariats commerciaux, l’Éthiopie aurait non seulement la possibilité d’accroître sa résilience économique, mais aussi de créer un environnement économique plus stable et diversifié.
En somme, l’intégration de l’Éthiopie aux BRICS représente une étape cruciale dans la réalisation de ses objectifs de développement et le renforcement de sa position sur la scène économique mondiale. Ce choix stratégique, visant à mobiliser des soutiens financiers, à promouvoir des partenariats internationaux et à encourager le développement durable, illustre l’engagement du pays à relever ses défis en collaborant avec des nations partageant des aspirations similaires.
L'auteur est consultant en communication et publication du Policy Studies Institute, et membre de la faculté à l’Université d’Addis-Abeba, en Éthiopie.