La Chine demande une enquête sur la dissimulation du dopage par les Etats-Unis

L’organisme de surveillance antidopage chinois a demandé l’ouverture d’une enquête indépendante sur la dissimulation par l’Agence américaine antidopage (USADA) de violations des règles en matière de dopage, après que l’organe directeur international des sports propres a accusé l’USADA d’avoir gravement enfreint le code mondial antidopage.

Dans un communiqué publié mercredi, l’Agence mondiale antidopage (AMA) a révélé que depuis 2011, il y avait eu au moins trois cas d’athlètes américains ayant enfreint les règles antidopage, qui avaient été disculpés par l’USADA et autorisés à continuer à concourir en échange de leur rôle d’« agents infiltrés », ainsi que de la collecte d’informations sur d’autres contrevenants au dopage.

L’AMA a souligné qu’elle n’avait jamais approuvé un tel arrangement et qu’elle avait ignoré l’existence de cette pratique de l’USADA jusqu’en 2021, demandant à l’USADA de révoquer immédiatement ces accords.

Dans l’un des cas, un athlète de haut niveau ayant participé à des compétitions internationales et à des épreuves de qualification olympique aux Etats-Unis a admis avoir pris des stéroïdes et des médicaments renforçant l’érythropoïétine, mais celui-ci a été autorisé à poursuivre la compétition jusqu’à sa retraite.

« L’affaire n’a jamais été publiée, les résultats n’ont jamais été disqualifiés, l’argent du prix n’a jamais été remboursé et aucune suspension n’a jamais été purgée », a noté l’AMA, faisant remarquer qu’il était hypocrite de la part de l’USADA d’accuser d’autres organisations antidopage de ne pas « respecter les règles ».

Jeudi après-midi, l’Agence chinoise antidopage (CHINADA) a publié une déclaration, dans laquelle elle affirme que la pratique de l’USADA bafoue de manière flagrante le principe du fair-play dans le sport, porte gravement atteinte aux droits et aux intérêts des athlètes non dopés, et témoigne d’un grave manque de transparence dans le travail antidopage de l’USADA.

« Le fait de ne pas poursuivre les contrevenants en échange d’informations constitue dans les faits une dissimulation des violations des règles antidopage par l’USADA », a critiqué la CHINADA, qui a demandé une enquête indépendante et la divulgation complète des cas concernés.

Il s’agit de la troisième déclaration publiée par l’organisme chinois de surveillance antidopage cette semaine, appelant les Etats-Unis à cesser de faire preuve de deux poids et deux mesures dans le traitement des affaires impliquant leurs propres athlètes et ceux d’autres pays.

Plus tôt dans la journée de jeudi, la CHINADA a appelé l’Agence internationale de contrôle (ITA) à intensifier sa surveillance des athlètes américains — en particulier ceux qui participent à des épreuves d’athlétisme — et à rétablir la confiance mondiale, citant le cas de la star olympique du sprint Erriyon Knighton, qui a été contrôlé positif à la trenbolone, un stéroïde interdit destiné à améliorer les performances, lors d’un contrôle hors compétition en mars dernier.

L’athlète, âgé de 20 ans, a été unilatéralement disculpé par l’USADA et autorisé à représenter les Etats-Unis aux Jeux olympiques de Paris. Il est devenu finaliste de l’épreuve masculine du 200 m après avoir remporté la troisième demi-finale mercredi avec un temps de 20,09 secondes.

Dans un communiqué publié jeudi matin, la CHINADA a noté que cette affaire avait été largement rapportée par les médias nationaux et internationaux, ce qui avait incité l’USADA à publier une déclaration publique affirmant que « la trenbolone est un contaminant courant aux Etats-Unis ».

D’après l’agence chinoise, des centaines de contrôles positifs à la trenbolone ont eu lieu dans le monde entier ces dernières années, mais seuls les athlètes américains ont échappé aux sanctions sur la base des conclusions de l’enquête de l’USADA et des allégations de « contamination de la viande ». Bien qu’Erriyon Knighton ait été contrôlé positif à la trenbolone, l’USADA a décidé qu’aucune suspension ne lui serait imposée, estimant que le résultat positif était dû à la consommation de viande contaminée.

« Le cas de Knighton a une fois de plus mis en lumière les incidents de dopage aux Etats-Unis. De tels incidents sont beaucoup trop fréquents dans l’athlétisme américain, et la gestion de ces cas par l’USADA a été incohérente et discutable », a estimé la CHINADA.

Dans un autre cas, l’athlète américain Aldrich Bailey a été contrôlé positif à l’ostarine, un agent anabolisant qui contribue à la croissance musculaire, à la perte de graisse et à la régulation de la testostérone, lors d’un contrôle hors compétition réalisé en avril. Bien que l’ostarine ne soit pas un contaminant courant, l’USADA a estimé que le résultat positif était « dû à des manchons en néoprène contaminés », couramment utilisés par les athlètes.

« Compte tenu du mépris répété de l’USADA pour les procédures et les normes, il y a lieu de soupçonner que le problème du dopage dans l’athlétisme américain est systémique. Les cas positifs doivent donc faire l’objet d’une enquête et d’un suivi continus », a appelé la CHINADA dans son communiqué.

L’agence chinoise a vivement encouragé l’ITA à intensifier ses contrôles sur les athlètes américains concourant en athlétisme et appelé l’Unité d’intégrité de l’athlétisme à renforcer sa supervision antidopage, afin de protéger les droits et intérêts légitimes des athlètes propres, mais aussi de rétablir la confiance dans les athlètes du monde entier.