L'association allemande de l'industrie automobile appelle à l'abandon des droits de douane prévus sur les VE chinois

Le projet de la Commission européenne (CE) d'imposer des droits de douane sur les véhicules électriques (VE) fabriqués en Chine a suscité une forte opposition de la part de l'industrie et des experts. Ainsi, l'Association allemande de l'industrie automobile (VDA, Verband der Automobilindustrie) a appelé mercredi la CE à abandonner ses droits de douane prévus sur les VE chinois.

Les experts chinois ont fustigé la pratique protectionniste de l'UE, notant que cette décision déraisonnable se retournerait contre eux, mais qu'elle donnerait aussi le mauvais exemple en utilisant l'unilatéralisme pour résoudre les différends commerciaux bilatéraux, ce qui pourrait avoir de graves implications pour le développement normal du commerce mondial.

La VDA a souligné que les droits de douane nuisaient aux constructeurs automobiles européens et américains exportant depuis la Chine, et que le risque de représailles de la Chine avec des contre-tarifs frapperait durement l'industrie allemande compte tenu de son volume élevé d'exportations vers la Chine, a rapporté l'agence d'information Reuters.

Selon la VDA, la valeur des exportations de voitures particulières de l'Allemagne vers la Chine l'année dernière était trois fois supérieure à la valeur des importations en provenance de Chine, et la valeur des exportations des fournisseurs de composants était quatre fois supérieure à la valeur des importations.

« La CE devrait se concentrer sur la sécurisation de l'accès aux matières premières critiques, dont beaucoup sont contrôlées par la Chine pour l'industrie européenne des véhicules électriques, la réduction des obstacles à l'accès au marché et la transparence de la politique commerciale », a indiqué la VDA, proposant la création d'un conseil pour discuter de ces questions et affirmant que « les droits de douane antisubventions ne sont pas une mesure adéquate pour renforcer la compétitivité et la résilience européennes à long terme ».

« La politique tarifaire de l'UE conduira à une situation perdant-perdant. Une fois les droits de douane [supplémentaires] entrés en vigueur, les véhicules électriques fabriqués en Chine, y compris ceux fabriqués par Tesla et d'autres sociétés étrangères, perdront leur avantage de prix. Etant donné que de nombreux véhicules électriques chinois exportés vers l'UE sont produits par des constructeurs automobiles européens, ces droits de douane pourraient finir par nuire à l'UE elle-même », a déclaré mercredi Sun Yanhong, un chercheur principal à l'Institut d'études européennes affilié à l'Académie des sciences sociales de Chine (ASSC).

La coopération industrielle sino-européenne dans le secteur automobile a commencé il y a 40 ans, lorsque l'allemand Volkswagen a pris l'initiative de créer des coentreprises avec des partenaires chinois. Par la suite, le groupe français PSA Peugeot Citroën, l'allemand BMW, Daimler et d'autres constructeurs automobiles sont également venus en Chine.

Au cours de ces 40 dernières années, les constructeurs automobiles européens ont apporté en Chine des technologies de pointe, une expérience de gestion et des processus de production. Ils ont adopté les hauts rendements sur le marché chinois. A la fin de 2022, Volkswagen a livré environ 40 millions de véhicules en Chine. Plus tôt cette année, en mai, BMW Brilliance, une coentreprise sino-allemande, a sorti de ses usines son 6 000 000e véhicule et la Chine représente plus de 30 % des ventes mondiales totales de Volkswagen et BMW.

« L'Europe s'est longtemps enorgueillie d'être l'un des défenseurs du multilatéralisme et des règles commerciales, mais les récentes mesures protectionnistes en violation des règles de l'OMC et l'approche unilatéraliste de la résolution des différends commerciaux bilatéraux ont en fait donné un mauvais exemple », affirme Yang Chengyu, un chercheur associé à l'Institut d'études européennes de l'ASSC.

Malgré les mesures de plus en plus protectionnistes de l'UE contre le secteur chinois des véhicules électriques, la tendance croissante à la collaboration entre les entreprises des deux parties ne s'est pas arrêtée.

Le groupe allemand Volkswagen et le chinois SAIC Motor vont par exemple continuer de renforcer leur présence sur le marché des véhicules électriques, après avoir signé jeudi dernier plusieurs accords de coopération en matière de technologie énergétique. D'après ces accords, les deux parties développeront conjointement trois modèles hybrides rechargeables et deux modèles purement électriques en Chine, qui seront lancés dès 2026.