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Traiter en externe le problème interne de l'épidémie d'opioïdes aux Etats-Unis ne peut fonctionner

French.china.org.cn | Mis à jour le 04. 07. 2024 | Mots clés : opioïdes,Etats-Unis,drogues,stupéfiants
french.china.org.cn | 04. 07. 2024

La prolifération des drogues aux Etats-Unis est un problème de longue date et profondément enraciné. De ce fait, le sujet revient sur le devant de la scène à chaque élection, et les gouvernements successifs l'ont largement utilisé pour gagner des voix lors de leurs campagnes électorales.

Lors du premier débat télévisé entre les deux candidats à la présidentielle américaine de 2024, lorsque l'animateur a abordé le sujet des stupéfiants, et notamment celui de l'addiction au fentanyl, responsable d'un grand nombre de décès, l'ancien président Donald Trump a affirmé que le nombre de décès liés à la drogue était « très bas » au cours de son mandat, mais qu'il avait augmenté sous la présidence de Joe Biden. Ce dernier a quant à lui déclaré que la quantité de fentanyl et de ses dérivés en circulation dans le pays avait continué de diminuer durant son mandat. A les écouter, l'on pourrait croire que les deux présidents ont plutôt bien remédié à divers problèmes liés aux stupéfiants, y compris concernant l'addiction au fentanyl. Or, la réalité contraste avec leurs propos : le Centre de contrôle et de prévention des maladies des États-Unis a dénombré environ 110 000 décès par overdose dans le pays en 2022, dont 83 000 seraient imputables aux opioïdes de synthèse comme le fentanyl, soit 75,7 %. Quelques temps avant le débat, le Comité restreint sur la concurrence stratégique entre les États-Unis et le Parti communiste chinois de la Chambre des représentants des Etats-Unis avait une fois de plus pointé du doigt la Chine concernant la prolifération du fentanyl, accusant à tort Beijing de contribuer directement à la crise des opioïdes en accordant des subventions à certains de ses laboratoires pharmaceutiques aux Etats-Unis.

Tandis que les deux candidats à la présidentielle tentent de minimiser le problème de la drogue pour prouver leur aptitude à gouverner le pays, quelques voix au sein du Congrès suggèrent que la tradition américaine qui consiste à régler en externe le problème interne des stupéfiants a encore de beaux jours devant elle. Or, cela aura deux conséquences : d'une part, le laxisme de la politique intérieure des Etats-Unis empêchera le pays de résoudre efficacement la crise des opioïdes pendant de nombreuses années ; d'autre part, par calcul politique, les politiciens américains continueront encore durablement de mêler la Chine de façon déraisonnable au problème de la drogue.

Il s'agit d'un problème difficile à résoudre, principalement en raison de l'immense influence des groupes de pression américains sur la politique, mais aussi du manque de rigueur du système d'application des lois, qui empêchent les Etats-Unis de mettre en place un mécanisme de contrôle des drogues efficace.

En outre, les laboratoires pharmaceutiques américains, parfaitement conscients des dangers de l'abus de fentanyl, ont mis au point un « antidote » à l'opioïde : la naloxone. Ainsi, lorsque les médecins prescrivent du fentanyl, ils prescrivent souvent simultanément de la naloxone, ce qui forme un étrange « circuit fermé » offrant aux laboratoires « deux bénéfices pour un seul mal ». Or, ce sont ces chaînes d'intérêts qui constituent les principaux « foyers » de l'épidémie d'opioïdes aux Etats-Unis.

Cependant, en continuant d'appliquer sa vieille stratégie politique consistant à « traiter en externe les maladies internes », Washington cherche à se soustraire à ses responsabilités envers le peuple américain, tout en externalisant ses problèmes intérieurs pour satisfaire ses aspirations géopolitiques.

La véritable solution au problème de la drogue aux Etats-Unis est d'identifier le foyer épidémique et de prescrire le remède approprié. Traiter systématiquement en externe les maladies internes ne fait qu'aggraver les maladies et retarder leur guérison. Le cercle politique américain doit reconnaître les nombreuses failles de son système de contrôle des drogues, au lieu de jouer les victimes d'une Chine qui applique une politique de tolérance zéro à l'égard des stupéfiants. Que l'enjeu soit électoral ou géopolitique, c'est le peuple américain qui souffrira le plus du refus de se soigner des Etats-Unis.

L'auteur est chercheur à l'Institut d'études américaines de l'Académie chinoise des sciences sociales.

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Source:french.china.org.cn