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​La Chine et l’Europe doivent ouvrir le champ des possibilités pour des bénéfices mutuels

French.china.org.cn | Mis à jour le 09. 04. 2024 | Mots clés : Chine,Europe,UE
french.china.org.cn | 09. 04. 2024

Depuis le début de l’année, la Chine renforce le dialogue avec les instances de l’Union européenne (UE) et les pays européens dans un contexte de rivalité commerciale exacerbée avec les Etats-Unis et de turbulence majeure sur l’échiquier géopolitique mondial. Les questions relatives à la paix et à la sécurité sont omniprésentes, rendant indispensable l’avènement d’un monde réellement multipolaire et le renforcement de la collaboration stratégique Chine-UE. 

Le moment est en effet venu de tourner la page de cinq années de relations sino-européennes tumultueuses dont il convient d’en rappeler l’origine par deux dates marquantes, en 2019 et en 2021.

Tourner la page des relations tumultueuses

On se souvient en effet que le 12 mars 2019, le Parlement européen, le Conseil européen et la Commission européenne avaient livré leur nouvelle vision stratégique vis-à-vis de la Chine dans une communication conjointe. La Chine était désormais considérée comme un partenaire de coopération avec lequel l’UE partage des objectifs étroitement intégrés, un partenaire de négociation avec lequel l’UE doit trouver un juste équilibre sur le plan des intérêts, un concurrent économique dans la course à la domination technologique et un rival systémique dans la promotion d’autres modèles de gouvernance. 

Autre coup de boutoir, l’Accord global sur les investissements entre l’Union européenne et la Chine. Un accord de principe sur les investissements avait été adopté le 30 décembre 2020, l’UE voulant réduire l’écart existant entre l’ouverture du marché européen aux investissements étrangers ainsi que les barrières à l’entrée et les discriminations auxquelles sont confrontées les entreprises européennes souhaitant investir en Chine. Outre la libéralisation des investissements, cet accord prévoyait l’ouverture de plusieurs secteurs du marché chinois comme les transports, l’automobile, la santé et le numérique. Fruit de négociations débutées en 2013, il a été suspendu en 2021 dans un contexte géopolitique tendu et n’est toujours pas ratifié à l’heure actuelle.

La période de la pandémie n’a guère facilité la reprise d’un dialogue serein et constructif. Lors du Conseil européen sur la Chine qui a eu lieu à Bruxelles le 30 juin 2023, il a été souligné que l’UE et la Chine continuaient d’être des partenaires commerciaux et économiques importants. Avec un bémol cependant, car conformément aux objectifs du Sommet de Versailles de mars 2022 dans le cadre de la présidence française du Conseil de l’UE, il a été prévu que l’UE continuera de réduire les dépendances et les vulnérabilités critiques, y compris dans ses chaînes d’approvisionnement, et procédera à une réduction des risques et à une diversification lorsque cela sera nécessaire et approprié. Il est à noter cependant que l’UE n’a pas d’intention de procéder à un découplage en règle. 

Les dirigeants de l’UE ont ainsi réaffirmé l’approche multiforme de l’UE à l’égard de la Chine, ainsi que la poursuite du dialogue pour relever les défis mondiaux et pour assurer des conditions de concurrence équitables en vue d’une relation économique et commerciale équilibrée

Il aura fallu la tenue du 24e sommet Chine-UE à Beijing le 7 décembre 2023 pour que Charles Michel, le président du Conseil européen, et Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, rencontrent ensemble le président chinois Xi Jinping et le Premier ministre Li Qiang, pour remettre à plat la politique de l’UE à l’égard de la Chine dans de meilleurs termes sur des sujets tels que les relations commerciales, les droits de l’homme, la situation en Ukraine, le Proche-Orient, le changement climatique, et la coopération dans les domaines de la régulation financière, des échanges de données, et de l’environnement.

L’UE et la Chine sont en effet d’importants partenaires économiques. Le déficit commercial de l’UE à l’égard de la Chine était toutefois estimé à près de 400 milliards d’euros. Il était donc important pour l’UE d’attirer l’attention de la Chine sur la nécessité d’établir des relations économiques plus équilibrées, assorties de conditions de concurrence équitables et d’une réciprocité. L’UE attendait donc de la Chine des mesures plus concrètes afin d’améliorer l’accès à son marché et l’environnement d’investissement pour les investisseurs et les exportateurs de l’UE. C’est évidemment ce que la Chine s’efforce de faire depuis déjà plus d’une décennie, donnant chaque année des gages de sincérité et de transparence dans cette direction. 

Reprendre sur des bases saines 

Prenant note des avancées réalisées pour que le dialogue reprenne sur des bases saines, WangYi, membre du Bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois et ministre chinois des Affaires étrangères, a effectué une tournée européenne du 16 au 21 février 2024. 

Le 17 février, à la Conférence de Munich sur la sécurité, il a prononcé un discours intitulé « Agir fermement en tant que force de stabilité dans un monde turbulent » lors de la session « La Chine dans le monde » de la conférence, Il a souligné que tous les pays devaient rechercher une situation gagnant-gagnant, éviter les pertes multiples, coopérer avec solidarité, travailler ensemble et se soutenir dans les difficultés pour injecter plus de certitude dans le monde et créer un meilleur avenir pour l’humanité. Parlant des relations sino-européennes, il a adressé un message clair, disant que la Chine et l’Europe sont les deux principales forces, marchés et civilisations du monde et doivent comprendre les responsabilités internationales qui leur incombent. Des relations plus stables et plus étroites profitent non seulement aux deux parties, mais profitent également au monde entier. « Il est impératif que la Chine et l’Europe restent à l’écart des distractions géopolitiques et idéologiques, se considèrent comme des partenaires plutôt que comme des rivaux, et injectent conjointement une énergie positive dans les efforts visant à résoudre les turbulences, et fournir une nouvelle direction pour surmonter ensemble les difficultés. »

Durant cette tournée européenne, Wang Yi a coprésidé à Paris le 25e Dialogue stratégique Chine-France avec Emmanuel Bonne, conseiller diplomatique du président français Emmanuel Macron. Il a noté que les deux pays, guidés par le consensus stratégique atteint entre leurs chefs d’État, devaient rester fidèles à leur aspiration initiale, défendre les principes fondamentaux et trouver de nouvelles approches pour rendre leur partenariat stratégique global encore plus solide et dynamique, de manière à contribuer davantage au développement des relations Chine-Europe et à la sauvegarde de la paix dans le monde. Considérant l’Europe comme un pôle important dans le processus de multipolarisation, la Chine soutient l’Europe dans le renforcement de son autonomie stratégique et dans la prise en main de son avenir, a remarqué Wang Yi.

Le 7 mars 2024, lors de la conférence de presse donnée par Wang Yi sur la politique étrangère et les relations extérieures de la Chine lors des « deux sessions » annuelles, il a évoqué en détail les perspectives des relations entre la Chine et l’UE. Il a salué le fait que durant l’année 2023, qui marquait le 20e anniversaire de l’établissement du partenariat stratégique global Chine-UE, les échanges et les dialogues entre les deux parties avaient été relancés à tous les niveaux, et que les lignes de fret ferroviaire Chine-Europe, avec 17 000 convois desservant 219 villes de 25 pays européens, se sont avérées cruciales pour la sécurité et la fluidité des chaînes industrielles et d’approvisionnement. Il a aussi remarqué que l’exemption de visa accordée à plusieurs pays européens avait facilité la mobilité humaine de même que les échanges économiques et commerciaux. Wang Yi a néanmoins fait part de ses doutes quant aux « trois étiquettes » que l’UE a collée à la Chine, à la fois partenaire, concurrent et rival systémique. « Les faits prouvent que ce triptyque, qui n’est ni conforme à la réalité ni viable, a perturbé et entravé le développement des relations sino-européennes », a-t-il dit. « Entre la Chine et l’Europe, il n’existe ni de conflits d’intérêts fondamentaux ni de tensions géostratégiques. Nos intérêts communs l’emportent de loin sur nos divergences. Les relations sino-européennes doivent être définies comme un partenariat, leur aspect dominant doit être la coopération, leur valeur essentielle, l’autonomie, et leurs perspectives, le bénéfice mutuel. » 

Dernier développement en date, le 1er avril 2024, avec la rencontre de Wang Yi avec le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères Stéphane Séjourné à Beijing. A l’issue de leur rencontre, et répondant à la question de la « réduction des risques » de l’UE à l’égard de la Chine et des attentes de la Chine sur les relations sino-européennes, Wang Yi a reconnu que depuis le début de cette année, les échanges sino-européens à tous les niveaux avaient repris leur cours normal et que la volonté de l’UE de coopérer avec la Chine s’était accrue. « Les faits ont prouvé et continueront de prouver que la Chine est une opportunité plutôt qu’un risque pour l’Europe, et un partenaire plutôt qu’un adversaire », a-t-il affirmé. « Certains Européens clairvoyants réfléchissent également et estiment que le véritable risque est le découplage d’avec la Chine. Sur cette question, la position de la Chine est très claire : l’ouverture entraîne le progrès, tandis que l’isolement conduit inévitablement au retard. » 

La Chine assouplit continuellement l’accès à son marché, facilite les flux de données transfrontaliers et encourage les échanges humains entre la Chine et l’UE. Elle montre depuis des années sa détermination à élargir son ouverture à haut niveau et à approfondir la coopération mutuellement bénéfique avec l’UE, qui restera un partenaire durable dans la coopération économique et commerciale, un partenaire prioritaire dans la coopération scientifique et technologique et partenaire de confiance dans la coopération en matière industrielle. La Chine et l’Europe doivent continuer sur la lancée et poursuivre des politiques d’ouverture, soutenir le libre-échange, maintenir la stabilité des chaînes industrielles et d’approvisionnement mondiales et promouvoir la reprise économique mondiale, pour ainsi ouvrir le champ des possibilités pour des bénéfices mutuels. 


Par Jacques Fourrier (L’auteur est un journaliste et commentateur français basé en Chine depuis plus de 25 ans)

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Source:french.china.org.cn