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La Chine et les États-Unis discutent de questions économiques clés alors que Janet Yellen poursuit sa visite dans le pays

French.china.org.cn | Mis à jour le 07. 04. 2024 | Mots clés :
french.china.org.cn | 07. 04. 2024

Le voyage envoie un signe positif, mais « la bonne attitude des États-Unis pourrait ne pas perdurer »

La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, est arrivée samedi à Beijing pour poursuivre ses réunions avec de hauts responsables chinois, après avoir tenu un dialogue « franc, pragmatique et constructif » dans la ville de Guangzhou avec le vice-Premier ministre chinois He Lifeng, qui est également le chargé des affaires économiques et commerciales sino-américaines.

Mme Yellen effectue du 4 au 9 avril une visite à enjeux élevés en Chine, sa deuxième depuis juillet 2023, au cours de laquelle elle a tenu un entretien de cinq heures avec M. He. Les deux responsables s’étaient également rencontrés en marge du sommet sino-américain de San Francisco en novembre 2023.

Bien que la visite d'un haut responsable américain signifie une stabilisation accrue des relations bilatérales, des analystes chinois ont exprimé leur inquiétude quant au fait que « l’attitude des États-Unis pourrait ne pas perdurer », alors que divers points chauds, dont notamment la question de Taïwan et la question de la mer de Chine méridionale, existent toujours « et que les États-Unis continuent d’avoir une mauvaise perception de la Chine ».

Selon l'agence de presse Xinhua, Mme Yellen et M. He ont tenu plusieurs séries de discussions vendredi et samedi à Guangzhou, dans la province du Guangdong (sud).

Se concentrant sur la mise en œuvre de l'important consensus atteint entre les chefs d'État des deux pays, les deux parties ont tenu des discussions franches, pragmatiques et constructives sur la situation macroéconomique des deux pays et du monde, les relations économiques entre la Chine et les États-Unis et les défis mondiaux.

Les deux parties ont convenu de discuter, dans le cadre du groupe de travail économique et financier sino-américain, de questions telles que la croissance équilibrée des États-Unis, de la Chine et de l'économie mondiale, la stabilité financière, la finance durable et la coopération dans la lutte contre le blanchiment d'argent. La partie chinoise a exprimé « sa profonde préoccupation face aux mesures économiques et commerciales américaines restreignant la Chine » et a répondu pleinement à la question de ses capacités de production. Les deux parties ont convenu de continuer à maintenir la communication, a rapporté Xinhua.

La visite de Mme Yellen a eu lieu quelques jours après que le président chinois Xi Jinping et le président américain Joe Biden ont tenu une conversation téléphonique mardi, signalant leur volonté de gérer les tensions malgré des divergences croissantes.

Un signe positif malgré tout

Wang Peng, chercheur associé à l'Académie des sciences sociales de Beijing, a déclaré samedi au Global Times que « grâce aux discussions entre M. He et Mme Yellen, la Chine et les États-Unis pourront, espérons-le, parvenir à une communication efficace pour promouvoir une coopération future au niveau technique, avec une coopération financière et des échanges réglementaires renforcés ».

Dans l’ensemble, les avantages du maintien d’une communication étroite dans les domaines économique et commercial entre la Chine et les États-Unis l’emportent sur les inconvénients, car cela offre des opportunités de renforcer la compréhension mutuelle et la confiance mutuelle, facilite la résolution des défis communs, et envoie des signaux positifs au monde, a affirmé M. Wang. « Face à leur dette intérieure et à d'autres problèmes, les États-Unis doivent maintenir des relations économiques et commerciales stables avec la Chine pour rechercher des intérêts communs », a ajouté M. Wang.

Cependant, Mme Yellen a soulevé la question de la « surcapacité du secteur chinois de l’énergie verte ». Selon Associated Press, Mme Yellen a affirmé que le rôle de la Chine constituait une pression sur d'autres pays et elle n'a pas exclu de prendre des mesures supplémentaires pour contrer les subventions chinoises.

Des observateurs chinois ont également déclaré que « la répression américaine contre les entreprises de haute technologie et le secteur des puces électroniques chinois, les accusations de piratage informatique et les dénigrements contre le développement de la Chine dans le domaine de l'intelligence artificielle (IA) n'ont pas ralenti ».

L'ambassadeur chinois aux États-Unis, Xie Feng, a soutenu lors d'un entretien avec Newsweek que l'accusation selon laquelle la « surcapacité » de la Chine constituait une menace pour d'autres pays était intenable. Il a ajouté: « À l’échelle mondiale, les capacités industrielles de haute qualité et les forces productives de nouvelle qualité ne sont pas excessives, mais font cruellement défaut ».

« Le secteur chinois des nouvelles énergies s'appuie sur l'avantage innovateur des entreprises - forgé dans un contexte de concurrence mondiale - et sur des produits de haute qualité, et non sur de prétendues subventions ou protections. En outre, la capacité verte de la Chine permet aux pays en développement d'atteindre leurs objectifs de réduction des émissions et d'accélérer la transition verte », a déclaré M. Xie.

« Les produits américains, en particulier les panneaux solaires, sont confrontés à la concurrence chinoise sur les marchés étrangers. Accuser la Chine de surcapacité n'est qu'un prétexte pour permettre aux États-Unis d'imposer des droits de douane ou d'autres politiques protectionnistes contre les produits chinois », a avancé samedi Xin Qiang, directeur adjoint du Centre d'études américaines de l'Université Fudan, à Shanghai.

« De telles accusations de la part de Mme Yellen, partisane de la mondialisation, démontrent pleinement la politique de deux poids, deux mesures des États-Unis », a poursuivi M. Xin, selon qui les États-Unis « adoptent le libre-échange lorsqu’ils sont avantagés et imposent des sanctions lorsqu'ils ne le sont pas ».

Des analystes ont affirmé que « même si Mme Yellen a réaffirmé que les États-Unis ne cherchaient pas à se “découpler”, la raison n'est pas qu'ils ne le souhaitent pas, mais que le coût serait trop élevé. Par conséquent, lorsque la Chine est ouverte aux discussions sur des sujets de préoccupation communs, nous ne devons pas surestimer la sincérité des États-Unis et les résultats potentiels de cette visite ».

Une stabilisation durable des relations ?

L'appel téléphonique entre les deux chefs d'État, suivi de la visite de hauts responsables américains en Chine et de la première réunion vice-ministérielle du groupe de travail commercial sino-américain au cours des deux derniers jours, mais aussi la reprise des réunions du groupe de travail sur l’Accord de consultation maritime militaire sino-américain, indiquent tous une tendance à la stabilisation des relations bilatérales, alors que ces dernières sont les plus importantes au monde.

Sun Chenghao, responsable du programme États-Unis-Union européenne au Centre pour la sécurité et la stratégie internationales de l'Université Tsinghua, a déclaré au Global Times que depuis le sommet de novembre, l'engagement bilatéral avait connu des progrès dans des domaines concrets, tandis que la concurrence bilatérale était devenue plus stable.

Les États-Unis recherchent la stabilité avant l'élection présidentielle, et il n'y a pas eu d'événements de type « cygne noir », comme l'incident du ballon ou la visite de hauts responsables américains sur l'île de Taïwan ces dernières années, créant les conditions d'une stabilisation plus poussée, a poursuivi M. Sun.

Cependant, M. Sun et d'autres analystes ont déclaré soupçonner que « l'attitude des États-Unis pourrait changer en fonction de la politique intérieure : ils s'adoucissent dans les domaines qui ont besoin de l'aide de la Chine tout en restant bellicistes dans d'autres ».

Selon M. Sun, « les États-Unis ont repris les pourparlers militaires car ils ne veulent pas s’impliquer dans d’autres conflits possibles avant les élections, sur fond de crise russo-ukrainienne et de guerre à Gaza. Cependant, les attaques contre les véhicules électriques chinois sont également liées à l'élection présidentielle : l'administration Biden doit agir durement pour courtiser la puissante industrie automobile américaine ».

Xin Qiang a déclaré que les États-Unis procédaient à un ajustement utilitaire de leur politique chinoise, ce qui est de nature opportuniste dans la mesure où leur positionnement stratégique sur la Chine reste inchangé et que les listes de sanctions ciblées contre la Chine de l'administration Biden s'allongent.

Des analystes chinois ont indiqué partager l’idée selon laquelle « la Chine invite toujours les États-Unis à discuter et à chercher des moyens de gérer la concurrence et d'éviter les erreurs de jugement, mais nous ne pouvons pas être trop optimistes, alors que les États-Unis rompent de manière répétée leurs promesses ou tentent de forcer la Chine à céder à la pression américaine ».

Les actions comptent

Des experts ont également exprimé leur inquiétude quant au fait que « le battage médiatique américain et les politiques ciblant la Chine empoisonnent également les fondements de la compréhension et de la confiance mutuelle entre les peuples ».

Semblable à sa visite précédente, lorsque la passage de Mme Yellen avait rendu célèbre un restaurant de Beijing et rendu un plat de champignons extrêmement populaire, le public chinois a encore discuté de certains aspects de la visite de Mme Yellen cette fois-ci.

Pour cette visite, le premier arrêt de Mme Yellen était à Guangzhou, et sa commande dans un restaurant de style cantonais est également devenue virale sur les réseaux sociaux chinois. Les internautes ont également eu des réactions mitigées suite à son apparition à l'aéroport avec un simple sac à main.

Certains ont salué son image proche du peuple, tandis que d'autres lui ont reproché de réaliser un « coup de publicité ».

« L’opinion publique chinoise était auparavant favorable à Mme Yellen, qui apparaît plus pragmatique dans ses relations avec la Chine. Mais la réaction du public cette fois-ci suggère que les Chinois sont fatigués de voir les États-Unis “faire la leçon à leurs hôtes tout en visitant leur maison” », a avancé M. Xin.

Après avoir vu des hauts et des bas dans les relations bilatérales, le public est désormais plus avisé et « écoute ce que disent les États-Unis mais regarde aussi ce qu'ils font », ont affirmé des analystes, qui ont exhorté les États-Unis « à respecter leurs engagements et à se joindre à la Chine pour gérer de manière responsable les différends bilatéraux ».




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Source:french.china.org.cn