share
Envoyer [A A]

Les fabricants américains de puces exhortent l’administration Biden à approuver les ventes à la Chine

French.china.org.cn | Mis à jour le 14. 03. 2024 | Mots clés : Etats-Unis,semi-conducteurs
french.china.org.cn | 14. 03. 2024

Intel aurait obtenu une licence pour continuer à vendre à Huawei dans un contexte d’intensification de la répression américaine contre l’industrie chinoise des semi-conducteurs. Selon plusieurs spécialistes, cette décision montre que les Etats-Unis imposent des restrictions ciblées pour contenir le développement des puces électroniques en Chine dans le but de limiter l’impact sur leur propre industrie.

Ces derniers notent que la répression américaine a pourtant causé des dommages importants aux entreprises américaines et à la chaîne d’approvisionnement mondiale, tout en alimentant le développement de l’industrie chinoise des semi-conducteurs.

Intel a survécu à un effort visant à empêcher la vente de plusieurs centaines de millions de dollars de puces électroniques à Huawei, malgré les plaintes croissantes de ses rivaux commerciaux et la pression toujours plus forte de certains politiciens américains cherchant à révoquer les licences d’exportation, rapportait mardi l’agence d’information Reuters, citant des personnes familières avec la question.

A la fin de 2020, le Département du Commerce des Etats-Unis a accordé à certains fournisseurs américains de Huawei − dont Intel − une autorisation spéciale pour vendre certains articles au géant chinois des équipements de télécommunications.

Le fabricant américain de semi-conducteurs AMD a fait valoir qu’il était injuste qu’il n’ait pas reçu de licence pour vendre des puces similaires à Huawei. AMD cherche également à obtenir l’approbation des Etats-Unis pour vendre une intelligence artificielle (IA) adaptée à la Chine, mais on lui a dit qu’il devait obtenir une licence car sa puce était « trop puissante », alors même qu’elle est plus faible que ce que la société vend en dehors de la Chine, a rapporté Bloomberg plus tôt ce mois-ci.

De nombreux experts de l’industrie des télécommunications estiment que le système de licences des Etats-Unis est utilisé pour s’assurer de manière dynamique que seules les exportations qui ne contribueront pas à faire progresser la technologie chinoise sont autorisées.

« La licence pour les exportations de puces d’Intel à Huawei doit également être évaluée pour s’assurer que ses puces ne peuvent pas aider Huawei ou la Chine à réaliser des percées technologiques et à devenir des leaders. […] Pour Intel, l’obtention de cette approbation est sans aucun doute un développement positif lui permettant de conserver un client important. Le marché chinois est très vaste, avec une part de marché et une base de consommateurs élevées », souligne Ma Jihua, un analyste de l’industrie des télécommunications.

Selon lui, il est probable que d’autres entreprises de semi-conducteurs obtiennent des licences. Aux Etats-Unis, de tels mécanismes d’octroi de licences offrent une marge de manœuvre pour le lobbying politique et les négociations.

« Pourtant, l’approbation d’une licence d’exportation ne signifie pas que les Etats-Unis vont relâcher leur pression sur le secteur chinois des semi-conducteurs. Ils persisteront dans une approche dure à l’égard de la Chine, tout en veillant à minimiser les dommages causés à leur propre industrie », explique Xiang Ligang, le directeur général de l’Alliance pour la consommation d’informations, basée à Beijing.

Lundi, la secrétaire américaine au Commerce, Gina Raimondo, a fait savoir que les Etats-Unis évaluaient constamment la nécessité d’étendre les contrôles à l’exportation pour empêcher la Chine d’acquérir des puces informatiques avancées et des équipements de fabrication susceptibles d’être utilisés pour renforcer son armée.

En 2023, les Etats-Unis ont élargi leurs contrôles à l’exportation, notamment en prenant une mesure visant à couper la Chine de certains semi-conducteurs fabriqués partout dans le monde avec des équipements américains, ce qui a gravement menacé la stabilité des chaînes d’approvisionnement industrielles.

Ces nouvelles règles annoncées en octobre 2023 ont également interdit les exportations de puces A800 et H800 de Nvidia vers la Chine, lesquelles avaient pourtant été conçues pour se conformer aux règles d’exportation précédentes. Ces restrictions ont sapé les revenus de Nvidia en Chine, la société enregistrant une baisse séquentielle de près de 53 % au 4e trimestre de son exercice fiscal.

« La tentative de Washington de réprimer la Chine s’est retournée contre [les Etats-Unis], propulsant la Chine vers des droits de propriété intellectuelle indépendants et l’autosuffisance en matière de développement de semi-conducteurs », fait remarquer Ma Jihua.

D’après les données des douanes chinoises, la Chine a importé 479,56 milliards de circuits intégrés en 2023, soit une baisse de 10,8 % en glissement annuel et son niveau le plus bas en quatre ans. La même année, la Chine a connu une réduction d’environ 65 milliards de dollars (59 milliards d’euros) de ses importations de puces par rapport à 2022.

« Ces pertes ont été principalement subies par les entreprises américaines », affirme Xiang Ligang.

Selon lui, le taux d’autosuffisance des puces chinoises a considérablement augmenté, passant de 5 % en 2018 à plus de 25 % en 2023, ce qui correspond en grande partie à la perte de parts de marché des entreprises américaines en Chine. Cette tendance devrait se poursuivre, avec une augmentation du taux d’autosuffisance de la Chine en puces électroniques.

Suivez China.org.cn sur Twitter et Facebook pour rejoindre la conversation.
Source:french.china.org.cn