Avec l'amplification du phénomène de violence au sein des stades et établissements sportifs, les autorités tunisiennes de tutelle ont rapidement réagi afin d'éviter le pire des scénarios, et ce, via des mesures urgentes et un projet de loi des structures sportives qui devra passer au vote par le parlement après avoir été examiné par la présidence du gouvernement.
Dans une interview, rendue publique ce samedi par l'agence de presse officielle TAP, le ministre tunisien du Sport, Kamel Deguiche a regretté que "la violence se soit généralisée aujourd'hui dans tous les sports, même individuels (...) ce fléau est devenu un phénomène de société qui se propage dans plusieurs milieux. Nous devrons trouver des solutions efficaces et pratiques, selon une approche participative (clubs, ministère de l'Intérieur, associations sportives, experts, etc).
Evoquant le projet de loi des structures sportives, le ministre tunisien a révélé que la copie finale avait été remise à la présidence du gouvernement, après quoi elle sera soumise au vote des députés de l'Assemblée des représentants du peuple (parlement)"
"Ce projet va remplacer une législation devenue désuète et qui n'est pas adaptée à la conjoncture actuelle, entachée particulièrement par la violence dans les stades, le truquage des résultats, la dissolution successive des bureaux fédéraux et leur remplacement par des bureaux provisoires (...) je suis confiant quant à l'adoption du nouveau projet, car il répond aux aspirations de tous les Tunisiens".
Cette nouvelle loi stipule, entre autres, la mise en place d'une instance chargée de la bonne gouvernance des structures sportives et qui aura un rôle de régulateur.
Ce projet réclame également l'organisation des élections en proposant un maximum de trois mandats, exception faite pour les membres des structures sportives qui sont également membres au sein des Comités exécutifs des instances internationales et qui pourraient atteindre les cinq mandats.
"L'objectif étant d'encourager la diplomatie sportive et de renforcer la représentativité de la Tunisie au sein des instances internationales ", a expliqué M. Deguiche.
"Le projet propose également la création d'un Tribunal d'arbitrage sportif neutre et indépendant qui remplacera le CNAS considéré par certains comme non crédible et partial, les obligeant même à saisir le TAS. Les membres de ce tribunal seront élus et doivent être des experts hautement qualifiés dans le domaine législatif", a fait savoir le responsable
L'une des nouveautés apportées par ce projet de loi est la mise en place de sociétés sportives anonymes qui seront chargées de soutenir financièrement les associations sportives. Cela permettra aux associations d'investir dans le domaine sportif, mais d'une façon indirecte, via un pourcentage de plus de 30%.
Pour M. Deguiche, "au début, cela va certainement semer une certaine confusion au niveau de l'identité de l'association et une interférence entre le sport et l'argent. Cependant, c'est le seul moyen d'éviter certains problèmes et d'améliorer la situation financière des clubs".
Pour ce qui est des mesures engagées par le ministère, M. Deguiche a mentionné un appel aux clubs pour imposer l'abonnement et les tickets électroniques afin d'identifier les spectateurs tout en renforçant le processus de surveillance par les caméras fixes et les drones, au sein des stades tout comme dans tout le périmètre des installations sportives.
"Le ministère de l'Intérieur s'est porté volontaire pour mettre en place un programme de formation de stadiers jouissant d'une autorité morale auprès des supporters. Ils auront la tâche d'encadrer le public et assurer la sécurité dans les stades. La présence sécuritaire reste limitée au périmètre extérieur des espaces sportifs afin d'éviter la provocation des deux côtés", a ajouté le ministre.
