Erdogan continuera à renforcer l'influence régionale de la Turquie (ANALYSE)

Par : Norbert |  Mots clés : Turquie-Erdogan-politique
French.china.org.cn | Mis à jour le 30-05-2023

Le président turc sortant Recep Tayyip Erdogan s'est assuré un troisième mandat après avoir remporté le second tour de l'élection présidentielle qui s'est tenu dimanche. Les experts estiment que ce vétéran de la politique devrait maintenir un équilibre entre l'Occident et l'Orient afin de continuer à positionner la Turquie comme un poids lourd régional.

Lors du scrutin de dimanche, M. Erdogan a obtenu 52,14% des voix. Son rival, Kemal Kiliçdaroglu, en a recueilli 47,86%, a déclaré le président du Conseil électoral suprême turc, Ahmet Yener. Cette victoire permet à M. Erdogan de rester au pouvoir pour cinq années supplémentaires.

Depuis longtemps, pour renforcer l'importance stratégique de la Turquie, le dirigeant turc attache de l'importance à l'appartenance du pays à l'OTAN d'une part, et s'est engagé dans un délicat exercice d'équilibre entre l'Occident et l'Orient, d'autre part.

Lorsqu'il a dévoilé son programme électoral à Ankara en avril dernier, M. Erdogan a laissé entendre que son pays continuerait à jouer un rôle actif dans les affaires régionales.

"Nous construirons l'axe de la Turquie avec une politique étrangère où notre pays, notre région et l'humanité trouveront la paix et la stabilité, le multilatéralisme, plus de coopération, la paix, la stabilité et la diplomatie humanitaire", a-t-il déclaré.

Batu Coskun, analyste indépendant des risques politiques basé à Ankara, a déclaré qu'il était peu probable que M. Erdogan change de cap, ajoutant qu'une tâche majeure pour le pays serait de se réconcilier avec d'anciens ennemis.

"En matière de politique étrangère, je ne m'attends pas à un grand changement par rapport à la politique étrangère précédente, avant le début du cycle électoral", a-t-il déclaré à Xinhua lors d'une récente interview. L'une des priorités de la diplomatie turque est d'encourager la réconciliation avec la Syrie, a-t-il déclaré.

Des signes de dégel des relations turco-syriennes ont été observés l'année dernière lors de réunions entre des ministres et des responsables turcs, syriens et russes à Moscou.

Ces dernières années, la Turquie a rétabli ses liens avec Israël, l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis après un isolement régional difficile. L'Egypte est le prochain pays visé par les efforts de la Turquie, selon Batu Coskun.

"Dans un monde multipolaire, la Turquie s'efforce d'être autonome par rapport au bloc occidental, en menant une politique étrangère indépendante", a-t-on déclaré à Xinhua de source proche du gouvernement turc en assurant que la Turquie "continuera de mener une diplomatie proactive".

En ce qui concerne la Russie, les analystes estiment qu'Ankara continuera d'entretenir des relations politiques et financières étroites avec Moscou, malgré les critiques de ses alliés occidentaux.

"Il est peu probable que la position de la Turquie sur la Russie change. La Turquie continuera d'avoir des relations avec Moscou et (le président Vladimir) Poutine à la fois financièrement, politiquement et stratégiquement", a noté M. Coskun.

Cet équilibre a valu à la Turquie une réputation lors de la crise ukrainienne. Ankara ne s'est pas associé à la campagne de sanctions occidentales contre la Russie, mais a servi de médiateur entre les parties, en facilitant les échanges de prisonniers, l'Initiative céréalière de la mer Noire et les pourparlers de paix au début du conflit.

Kerim Has, un spécialiste des affaires russes et eurasiennes basé à Moscou, partage ce point de vue. "La Turquie, sous l'administration de M. Erdogan, approfondira et élargira ses relations avec la Russie dans les domaines commercial, économique, financier et énergétique".

En ce qui concerne les relations avec les Etats-Unis, M. Erdogan a exprimé dans un entretien avec les médias sa volonté de coopérer avec le président américain Joe Biden et son administration.

Les liens entre Ankara et Washington sont devenus tendus en raison de leurs divergences politiques sur la Syrie, la Libye et la Méditerranée orientale. La Turquie a également été sanctionnée par les Etats-Unis pour avoir acheté des missiles russes S-400, se faisant exclure du programme d'avions furtifs F-35.

Selon M. Coskun, il y a peu de place pour une amélioration des relations entre la Turquie et les Etats-Unis. "Je ne m'attends pas nécessairement à de nouvelles frictions (avec les Etats-Unis), mais je ne m'attends pas non plus à un engagement ou à une détente. L'administration Biden semble être assez éloignée de la Turquie".

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Source: Agence de presse Xinhua
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