La visite d'Emmanuel Macron en Chine, un exemple réussi de la diplomatie de chefs d’État

A l’invitation du président chinois Xi Jinping, le président français Emmanuel Macron a effectué du 5 au 7 avril sa troisième visite officielle en Chine en tant que chef d’Etat. Les premières étapes des deux visites d'État du président français dans le pays en 2018 et 2019 furent respectivement Xi'an et Shanghai. La première ville est la capitale de la culture chinoise et le point de départ de l'ancienne Route de la Soie, et la seconde la capitale de l'économie chinoise. Dans le cadre de cette troisième visite d'État, Emmanuel Macron s’est d’abord envolé vers la capitale Beijing, d’où, après des activités politiques, il est parti en direction de Guangzhou. Guangzhou, la capitale de la province du Guangdong (sud de la Chine) est un lieu majeur de la réforme et de l'ouverture de la Chine et l'une des villes représentatives du décollage économique du pays. Les trois villes choisies lors de ses trois voyages en Chine représentent les caractéristiques fondamentales du pays, une nation à la fois ancienne et jeune, dynamique et en développement, prospère et glorieuse. Ce choix reflète les considérations politiques d'Emmanuel Macron pour mieux comprendre la Chine et développer des relations globales avec elle.

Lors de cette visite, Xi Jinping et Emmanuel Macron ont défini l'orientation générale et le ton principal du développement des relations sino-françaises et sino-européennes, et donné des orientations stratégiques. Les échanges à tous les niveaux entre la Chine et la France et la Chine et l’Europe ont été globalement relancés, des éléments de coopération mutuellement bénéfiques dans divers domaines ont été activés, des interférences et défis ont été éliminés, et un nouvel élan au développement des relations sino-françaises, sino-européennes et à la stabilité et la prospérité de la paix mondiale a été insufflé. La visite d'Emmanuel Macron en Chine avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen reflète la volonté positive de l’Union européenne de développer ses relations avec la Chine, ce qui est conforme aux intérêts communs de l’une et de l’autre. À l'heure actuelle, la situation internationale est complexe et en constante évolution, la crise en Ukraine se prolonge et s’avère difficile à résoudre, la dynamique de reprise économique mondiale post-épidémie est notoirement insuffisante, le marché financier international est instable et les pays en développement sont confrontés à des difficultés croissantes. La Chine et l'Europe doivent adhérer au dialogue et à la coopération, maintenir la paix et la stabilité mondiales, favoriser le développement et la prospérité communs, promouvoir le progrès de la civilisation humaine et travailler ensemble pour relever les défis mondiaux.

Les économies chinoise et française ont une complémentarité naturelle, et il en va de même entre les économies chinoise et européenne. L'Europe est le continent avec la plus forte concentration de pays développés, avec de forts atouts en termes de capitaux et de technologie. Il y a des décennies, les puissances européennes attachaient une grande importance au potentiel du marché chinois, et maintenant elles considèrent la Chine comme un marché important pour leur développement économique. En 2022, les investissements de l'Union européenne et de la Chine l'un chez l'autre s'élevaient respectivement à 10 milliards de dollars et 6,9 milliards de dollars, en croissance de 96,6 % et 23,7 % respectivement d’une année sur l’autre. Les médias français ont souligné que Emmanuel Macron, accompagné de plus de 50 grands entrepreneurs, est venu en Chine pour démontrer que l'Europe ne souhaite pas se découpler ou à se séparer de la Chine, mais bien plutôt à continuer à entretenir des relations économiques avec elle. Le 5 avril, Emmanuel Macron s'est exprimé à Beijing, tentant de réfuter l'affirmation selon laquelle les tensions entre la Chine et l'Occident « montent inévitablement en spirale ». En outre, il a également salué le courage exceptionnel de la Chine dans la lutte contre l'épidémie de COVID-19.

Dans le même temps, sous les yeux des deux chefs d'Etat, Airbus a signé un certain nombre d'accords de coopération avec des partenaires chinois, dont l'accord d'achat par lots de 160 avions pour un montant total de près de 20 milliards de dollars, le plan de construction de la deuxième ligne d’assemblage et le développement de la coopération sur le carburant d'aviation durable (Sustainable Aviation Fuel, SAF). En outre, les deux pays ont également signé de multiples documents de coopération bilatérale dans des domaines tels que l'agriculture, l'alimentation, la technologie, l'aviation, le nucléaire civil, le développement durable, la culture, etc. On peut dire que la coopération entre la Chine et la France dans des domaines tels que l'économie, le commerce, la science et la technologie et la culture ont été largement approfondis. Par ailleurs, une nouvelle réunion des trois mécanismes de dialogue de haut niveau sur les échanges stratégiques, économiques, financiers et culturels entre la Chine et la France aura lieu cette année. Enfin, la France sera l'invitée d'honneur de la Foire internationale du commerce des services de Chine (CIFTIS) 2024 et de la 7e Exposition internationale des importations de Chine (CIIE). En d’autres termes, la coopération sino-française a un grand potentiel et de larges perspectives.

Entre 2003 et 2004, l'Année culturelle sino-française a favorisé la compréhension mutuelle entre les deux peuples, déclenchant une « fièvre de la France » en Chine et une « fièvre de la Chine » en France. Le soir de son arrivée à Beijing, Emmanuel Macron a assisté à la cérémonie d'ouverture du 17e festival Croisements, soulignant l'importance des échanges culturels dans les relations bilatérales et annonçant une série de nouveaux projets d'échanges culturels. L'année 2024 marquera le 60e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France. A cette occasion, les deux pays organiseront conjointement une série d'activités de célébration et l'Année du tourisme culturel Chine-France sera officiellement lancée. Les Jeux olympiques de Paris seront également l'occasion d'approfondir les échanges culturels et la coopération entre les deux pays. Dans le même temps, le château de Versailles organisera d'avril à juin 2024 à la Cité interdite de Beijing une exposition intitulée « La Chine au château de Versailles », présentant l'influence de la culture chinoise du XVIIIe siècle sur le château de Versailles et même sur l'Europe dans son ensemble. 2024 sera donc une grande année pour les échanges sino-français, et la « fièvre de la France » en Chine et la « fièvre de la Chine » en France devraient atteindre un nouveau paroxysme.

Pour sa visite en Chine, le président Emmanuel Macron a décidé d'inviter la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, soulignant qu'il souhaitait que l'Union européenne parle d'une seule voix, montrant avec force que « la France est toujours le leader politique de l'Union européenne, et le timonier politique de l'Union européenne est toujours la France ». De leur côté, les médias français ont commenté que Emmanuel Macron espère toujours contacter la Chine en tant que leader de l'Union européenne, et en même temps influencer la position d’Ursula von der Leyen.

Après son arrivée à Beijing, Emmanuel Macron a mentionné dans son discours que la Chine peut jouer un « rôle majeur » pour trouver le chemin de la paix. Il a souligné que l'invitation de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen à effectuer une visite conjointe visait à discuter avec la Chine des moyens de résoudre la crise en Ukraine. Au cours des discussions, la partie européenne a exprimé son appréciation des efforts de la Chine pour promouvoir une solution politique à la crise, dit attendre avec impatience que la Chine joue un rôle plus important et s’est dit disposée à coopérer avec elle pour trouver des moyens de favoriser la paix et d’encourager les négociations.

La Chine et la France sont deux pays qui possèdent un héritage culturel profond et un fort esprit d'indépendance et d'autonomie. La stabilité est une caractéristique importante et un atout précieux des relations sino-françaises. L’esprit « d’indépendance, de compréhension mutuelle, de clairvoyance et de coopération gagnant-gagnant » proposé par le président Xi Jinping est le principe directeur de base pour promouvoir le partenariat stratégique global sino-français à un plus haut niveau.

La visite d’Etat d’Emmanuel Macron à un moment opportun a été saluée par les peuples français et chinois et a suscité une vaste attention dans le monde entier. Ce déplacement en Chine a donné des résultats fructueux, donnant un nouvel élan à la promotion de la coopération pratique entre les deux pays et approfondissant le développement des relations bilatérales. La présence et le discours du président Xi Jinping lors de la cérémonie de clôture de la 5e réunion du Conseil des entreprises franco-chinois a grandement encouragé les entreprises des deux pays. Comme le dit le proverbe, « Si l’on veut savoir pourquoi l’eau du canal est si pure, c’est parce que la source d’où elle vient est pleine de vitalité ».

Le fait que les deux chef d’Etat ont dessiné l’avenir des relations sino-françaises et qu’ils sont parvenus à un large consensus sur les questions d’intérêt commun, telles que les affaires internationales et la gouvernance mondiale, est un exemple réussi de la diplomatie de chefs d’Etat. La coopération et la paix sont les aspirations des peuples, tandis que la confrontation et la division vont à contre-courant de la tendance historique. Le désir et la poursuite des gens pour la paix et une vie heureuse doivent être satisfaits, et le découplage et la confrontation de groupe doivent être condamnés et combattus. Un vieil adage dit aussi que « la tendance mondiale est vaste et puissante. Ceux qui suivent prospéreront, ceux qui s'opposeront périront ».

Par Sun Haichao, vice-président de la Fondation chinoise pour les études internationales et directeur du Centre européen de la fondation, ancien ambassadeur de Chine à l'étranger.