"Les volcans actifs" de la méfiance envers l'OTAN en Europe (PAPIER GENERAL)

Par : Lisa |  Mots clés : OTAN,Europe
French.china.org.cn | Mis à jour le 27-03-2023

"Pourquoi les médias occidentaux ignorent-ils les manifestations anti-OTAN qui se déroulent aujourd'hui à Paris, en France?" s'interroge la commentatrice géopolitique libanaise indépendante Sarah sur son compte Twitter, faisant référence à la manifestation du 18 mars à laquelle des milliers de Français ont pris part pour appeler à la sortie de la France de l'OTAN.

Ce rassemblement dans la capitale française est la dernière démonstration de la méfiance envers l'alliance militaire de la population européenne qui n'en veut plus.


MANIFESTATIONS DANS PLUSIEURS PAYS


La manifestation à Paris, baptisée "Marche pour la paix", a commencé près du Palais du Luxembourg, siège du Sénat français. Les manifestants brandissaient des banderoles sur lesquelles on pouvait lire notamment : "Arrêtez la guerre provoquée par les Etats-Unis et l'OTAN", "Liberté, Vérité, Résistance" et "Le vote de censure, c'est la paix en France".

Des manifestations similaires ont eu récemment lieu dans plusieurs autres pays européens. A Berlin, environ 10.000 manifestants se sont réunis le 25 février contre la founiture d'armements à l'Ukraine. "Pas notre guerre", pouvait-on lire sur une banderole lors du rassemblement organisé au lendemain du premier anniversaire de l'escalade de la crise ukrainienne. Dans la foule, des milliers de tracts prônant une Allemagne hors de l'OTAN ont immédiatement trouvé preneur.

Le même jour à Londres, une marche a mobilisé environ 4.000 personnes réclamant la fin de l'envoi d'armes supplémentaires à Kiev. "Non à l'expansion de l'OTAN", lisait-on sur des pancartes. "Les Etats-Unis manipulent le monde pour leurs propres intérêts", a indiqué Talia, une manifestante.

Au cours des dernières années, l'opposition à l'OTAN en Europe s'est intensifiée, suscitant des critiques de la part d'hommes politiques et d'universitaires, ainsi que des manifestations anti-OTAN. Ce phénomène montre que les opinions européennes sur l'OTAN sont en train de changer, le conflit russo-ukrainien n'a pas affaibli la méfiance contre l'alliance atlantique, et les manifestations se sont multipliés.


MEFIANCE DANS LES MILIEUX POLITIQUES


Ces mouvements trouvent écho chez des personnalités politiques. La place de la France au sein de l'OTAN a déjà constitué un sujet brûlant pendant la campagne présidentielle de l'année dernière. La majorité des prétendants au palais de l'Elysée, y compris Marine Le Pen (Rassemblement national) , la candidate qualifiée au second tour, et Jean-Luc Mélenchon (France Insoumise), arrivé en troisième position au premier tour, sont favorables à la sortie de la France de l'OTAN, notamment de son commandement intégré.

"Il faut sortir de l'OTAN, organisation inutile dont le président Macron avait dit qu'elle était en état de mort cérébrale. Je propose que nous construisions des alliances altermondialistes qui partent de la nécessité de l'intérêt général humain", a suggéré M. Mélenchon. Pour lui, l'alliance militaire née en 1949 "provoque par son agitation un peu partout des tensions, espérant en retirer ici ou là des subventions pour je ne sais quelle agence".

Florian Philippot, chef des Patriotes, un parti de droite français et organisateur de plusieurs rassemblements à Paris pour la paix et la dissolution de l'alliance atlantique, est monté sur scène lors d'une des manifestations récentes et a utilisé des ciseaux pour couper en deux le drapeau bleu de l'OTAN. "L'OTAN, c'est la guerre", a-t-il proclamé.


MECONTENTEMENT DE L'OPINION PUBLIQUE


Cette position est également de plus en plus exprimée par l'opinion publique. L'institut Montaigne affirme dans une analyse intitulée "L'OTAN vue par les candidats présidentiels français", publiée fin mars 2022, que l'opinion française sur l'OTAN s'est détériorée ces dernières années.

"Les opinions positives sur l'OTAN sont en baisse constante depuis 2009, date à laquelle la France en a rejoint le commandement militaire intégré. Soixante-et-onze pour cent des Français étaient favorables à l'alliance en 2009, contre seulement 50% en 2020", constate l'analyse.

Et la tentative d'élargir l'alliance jusqu'en Ukraine est à l'origine de l'actuelle crise ukrainienne, a rappelé Pierre Conesa, ancien haut fonctionnaire du ministère français de la Défense dans un entretien accordé à Xinhua.

Pour Antonio Ingroia, l'un des fondateurs du parti politique italien Démocratie souveraine et populaire, "la majorité des Italiens ne veulent pas de cette guerre, ne veulent pas être une colonie des Etats-Unis et de l'OTAN".

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Source: Agence de presse Xinhua
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