Le pacte AUKUS n'apportera rien de bon (COMMENTAIRE)

Par :  |  Mots clés : AUKUS-commentaire
French.china.org.cn | Mis à jour le 26-03-2023

Washington, Londres et Canberra ont défié l'opposition internationale et annoncé récemment la feuille de route du pacte AUKUS sur les sous-marins à propulsion nucléaire. Ils ont même contraint le secrétariat de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) à approuver les questions relatives aux garanties.

Cette mauvaise nouvelle du mois de mars, révélatrice de la nature égocentrique des responsables politiques de la nouvelle alliance tripartite, accroît les risques de prolifération nucléaire, affaiblit le régime international de non-prolifération, alimente la course aux armements et détruit la paix et la stabilité dans la région Asie-Pacifique, créant ainsi un précédent préjudiciable.

Depuis la signature du pacte AUKUS il y a plus d'un an, la communauté internationale, en particulier les pays de la région Asie-Pacifique, a exprimé publiquement et à plusieurs reprises ses inquiétudes, ses doutes et ses objections concernant le pacte de sécurité trilatéral. Mais les trois gouvernements alliés ont fait la sourde oreille et ont persisté sur la voie de l'unilatéralisme.

Quelques jours après la première annonce de l'AUKUS en 2021, l'Indonésie, la Malaisie et quelques pays d'Asie de l'Est ont tiré la sonnette d'alarme en affirmant que le pacte déclencherait une course aux armements nucléaires dans la région, comme l'a rapporté le Sydney Morning Herald.

Quelques jours avant l'annonce de la feuille de route à la mi-mars de cette année, de nombreux Etats membres de l'AIEA ont appelé, lors d'une réunion de son Conseil des gouverneurs, à faire progresser les discussions intergouvernementales ouvertes, transparentes, inclusives et durables au sein de l'agence afin d'aborder la question de l'AUKUS.

Plus tard, l'ancien Premier ministre australien Paul Keating a publié une déclaration dans laquelle il a qualifié l'AUKUS de "pire décision internationale prise par un gouvernement du Parti travailliste australien".

Le pacte trilatéral signifie pour la première fois dans l'histoire que des pays dotés d'armes nucléaires ont entrepris de transférer des réacteurs à propulsion nucléaire navale et de l'uranium hautement enrichi de qualité militaire vers un pays non doté d'armes nucléaires.

Constituant un risque grave pour la non-prolifération, l'accord a bafoué de manière flagrante le but et l'objet du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.

Pire encore, l'affirmation des trois gouvernements selon laquelle ils respecteraient les engagements en matière de non-prolifération nucléaire n'est en réalité qu'un tissu de balivernes, car le système actuel de garanties de l'AIEA n'est pas assez puissant pour assurer une surveillance efficace et empêcher que des matières nucléaires ne soient utilisées pour la fabrication d'armes.

Si les trois pays sont déterminés à défier les règles internationales, d'autres pays seront probablement incités à les imiter, ce qui nuira gravement aux efforts mondiaux de non-prolifération et mettra en péril la paix et la stabilité dans la région Asie-Pacifique et dans le monde en général.

Un article publié l'année dernière dans le magazine The National Interest faisait remarquer que l'AUKUS avait "créé un dangereux précédent" car les acteurs potentiels de la prolifération "pourraient utiliser les programmes des réacteurs navals comme couverture pour développer des armes nucléaires et, avec l'accord comme précédent, ils pourraient échapper aux coûts intolérables pour le faire".

"Cela affaiblira la force de dissuasion des garanties de l'AIEA et rendra la prolifération nucléaire plus probable,'' peut-on lire dans le magazine.

La coopération en matière de sous-marins nucléaires est une affaire internationale qui est étroitement liée aux intérêts de l'ensemble des Etats membres de l'AIEA, et les questions relatives aux garanties doivent être réglées dans le cadre de discussions intergouvernementales entre toutes les parties intéressées de l'AIEA.

Washington, Londres et Canberra n'ont pas le droit de placer leurs propres objectifs géopolitiques au-dessus des lois et règlements internationaux ou des intérêts des autres pays, et ne doivent pas non plus, ni eux ni aucune autre partie, mettre en place l'AUKUS avant qu'un large consensus ne soit atteint.

Compte tenu de l'impact profond et à long terme de l'AUKUS sur la dynamique internationale de non-prolifération, l'ordre mondial de sécurité ainsi que la paix et la stabilité régionales et mondiales, tous les Etats membres de l'AIEA doivent travailler ensemble pour maintenir les discussions intergouvernementales, trouver un moyen de résoudre les questions de garanties et défendre fermement le régime international de non-prolifération afin de sauvegarder la paix et la sécurité mondiales. Fin

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Source: Agence de presse Xinhua
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