France : la réforme controversée des retraites adoptée après l'échec des deux motions de censure à l'Assemblée nationale (SYNTHESE)

Par : Norbert |  Mots clés : France, retraites, censure
French.china.org.cn | Mis à jour le 21-03-2023

La réforme controversée des retraites de France est considérée comme adoptée après que l'Assemblée nationale a rejeté lundi soir les deux motions de censure contre le gouvernement, qui a réussi à faire passer le projet sans vote grâce à un levier constitutionnel.

La première des deux motions, lancée par le groupe des députés indépendants LIOT et co-signée par des députés de gauche, a recueilli 278 voix sur les 287 nécessaires pour renverser le gouvernement, soit a été rejetée à neuf voix près. L'autre, initiée par le groupe du Rassemblement national (RN), n'a gagné que 94 voix, ce qui était attendu par les observateurs politiques.


LA PREMIERE MINISTRE DEFEND LA REFORME

La Première ministre Elisabeth Borne avait pris la parole pour défendre sa réforme devant les députés dans l'après-midi juste avant le vote des deux motions.

"La haine et la brutalité ne devraient pas avoir leur place dans le débat parlementaire", avait-elle précisé en plaidant le compromis. Durant son intervention, les élus de La France insoumise (LFI) avaient quitté l'hémicycle, en signe de protestation.

Jeudi dernier, en engageant la responsabilité du gouvernement devant la chambre basse du Parlement français, Mme Borne avait déclenché l'article 49.3 de la Constitution pour tenter de faire passer la réforme des retraites sans vote des députés.

Juste après le rejet des motions de censure, la Première ministre s'est rendue à l'Elysée. Quant au président de la République Emmanuel Macron, il a fait savoir qu'il déjeunerait mardi avec les présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat, et qu'il recevrait mardi soir les parlementaires de la majorité.


LA GAUCHE S'OPPOSE TOUJOURS A LA REFORME

A l'annonce de l'échec de la motion de censure déposée par le groupe LIOT, les députés de gauche ont brandi diverses pancartes pour manifester leur opposition constante au projet de loi. On pouvait lire des slogans tels que "On continue", "RDV dans la rue", et "RIP", qui est l'acronyme du référendum d'initiative partagée.

"Rien n'est fini dans ce pays et nous continuerons jusqu'au retrait de cette réforme. La Première ministre n'a ni légitimité, ni pouvoir et doit évidemment démissionner", s'est exprimée dans la foulée de ce rejet, Mathilde Panot, la cheffe de file des députés LFI.

"Rien n'a été réglé et les centaines de milliers de gens qui se rassemblent tous les jours depuis jeudi ne s'arrêteront pas, face à une motion de censure qui a été si petitement battue, à neuf petites voix. En démocratie il n'existe qu'une seule solution au chaos : elle s'appelle le peuple", a poursuivi la députée.

Des responsables politiques comme le député insoumis François Ruffin, le chef des communistes Fabien Roussel ou encore la secrétaire nationale d'EELV Marine Tondelier ont appelé à l'abandon du texte voire à la démission du gouvernement. Plusieurs députés de gauche ont ensuite rejoint les manifestants à la place Vauban, dans le 7e arrondissement de Paris.

De l'autre côté du spectre politique, la députée et cheffe du RN Marine Le Pen a annoncé qu'elle déposerait dès mardi un recours devant le Conseil constitutionnel. Mais contrairement à ses homologues de gauche, elle n'encourage pas les blocages.


LE GROUPE LR SE DIVISE SUR LE SUJET

Les neuf voix qui ont manqué pour que la motion passe sont à trouver au sein du groupe Les Républicains (LR). "Nous ne voterons pas les motions de censure. Nous ne nous associerons pas à ceux qui ont pour funeste slogan : 'tout cramer ou révolution'", avait affirmé Olivier Marleix, chef du groupe LR à l'Assemblée.

Aurélien Pradié figurait parmi les 19 élus LR, soit près d'un tiers des 61 députés du groupe qui ont voté pour la motion de censure LIOT. Pour lui, "il y a un électrochoc absolument considérable, que le président de la République et la Première ministre ne peuvent pas ignorer. Il est évident aujourd'hui que le gouvernement a un problème de légitimité, et que le président de la République ne peut pas rester spectateur de cette situation", a-t-il déclaré sur BFMTV. Il a appelé le président de la République à "retirer ce texte, et à remettre tout le monde autour de la table".

Le député LR Alexandre Vincendet, opposé au soutien à la motion de censure LIOT, a appelé à la réunion d'un bureau politique au sein de son parti, pour discuter de la possibilité de sanctions contre les élus membres du groupe LR qui ont soutenu l'initiative.


DES MANIFESTATIONS APRES LE REJET DES MOTIONS DE CENSURE

Depuis jeudi, avec le déclenchement de l'arme constitutionnelle du 49.3, les manifestations déclarées ou spontanées se déroulent sur tout le territoire français, certaines dans le calme, d'autres marquées par des heurts.

Dans la foulée du rejet des deux motions de censure, des manifestations spontanées ont éclaté dans plusieurs villes de France, notamment à Paris, Lille ou encore Strasbourg. Les grève se poursuivent, notamment dans les raffineries, dans certains incinérateurs situés en région parisienne, ainsi que dans les aéroports de Marseille Provence et d'Orly, où un vol sur cinq était annulé lundi.

La CGT a publié un communiqué lundi soir, affirmant : "Rien n'entame la détermination des travailleurs". Le rejet de la motion de censure LIOT "à quelques voix près, ne change rien ! Il faut amplifier les mobilisations, et participer massivement aux grèves reconductibles et aux manifestations". En ligne de mire, une manifestation prévue ce jeudi 23 mars, qui marquera la neuvième journée de mobilisation nationale.

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Source: Agence de presse Xinhua
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