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L'interdiction complète de Huawei par les États-Unis affecterait encore davantage les entreprises américaines

French.china.org.cn | Mis à jour le 01. 02. 2023 | Mots clés : Huawei

L'administration Biden aurait suspendu l'approbation des licences permettant aux fournisseurs américains d'exporter la plupart des produits vers la société technologique chinoise Huawei, et envisagerait une interdiction complète visant à couper Huawei de tous les fournisseurs américains, une décision qualifiée par des observateurs chinois comme « un signe que Washington, paranoïaque, a pris un pas de plus dans son assaut sans relâche contre l'industrie technologique chinoise et l'a transformé en une bataille géopolitique pour la suprématie ».

Cibler Huawei, un représentant de l'industrie high-tech chinoise en plein essor, n'est pas nouveau, alors que le géant de la technologie a été ajouté à la liste noire du commerce américain il y a quatre ans. « Mais ce qui est ironique », selon les observateurs, « c'est qu'après des années de restrictions frappant n’importe quelle compagnie technologique chinoise sortant le bout de sa tête, l'administration Biden a dû brusquement revenir à sa cible initiale ».

« Cette décision montre non seulement que les contrôles à l'exportation des États-Unis ont été inutiles pour saper les capacités technologiques chinoises, mais reflète également le désespoir de Washington de “monter la barre” avant le soi-disant deuxième Sommet pour la démocratie en mars, au cours duquel le pays vise à entraîner davantage d'alliés pour les pousser au découplage industriel avec la Chine. »

Selon des analystes chinois, « il est estimé que l'interdiction, lorsqu'elle entrera en vigueur, aura certains impacts sur les activités de smartphones et d'ordinateurs portables de Huawei, bien que la société chinoise puisse remplacer les fournisseurs américains par d'autres sociétés telles que la japonaise MediaTek ». Ces analystes ont avancé que « les contrôles frapperont davantage les entreprises américaines, qui sont déjà aux prises avec des revenus en baisse et d'énormes pressions sur les licenciements ».

Ils ont également exprimé leur confiance dans la capacité de la Chine à résister à l'impact de l'interdiction potentielle, alors que « la préparation et les contre-mesures du pays à l'offensive américaine sont devenues de plus en plus matures au fil des ans ». Du point de vue industriel, des percées technologiques clés ont été réalisées et, au niveau du pays, les actions du gouvernement sont passées de la défense à la contre-attaque proactive, ont affirmé des initiés de l'industrie.

L'administration Biden a cessé d'approuver les licences permettant aux entreprises américaines d'exporter la plupart de leurs produits vers Huawei, a rapporté lundi Reuters, citant des personnes proches du dossier.

La société chinoise a été empêchée il y a plusieurs années d’importer des États-Unis des produits pour la 5G et d'autres technologies, mais le département américain du Commerce a ensuite approuvé des licences pour certaines entreprises américaines, dont Qualcomm et Intel, leur permettant de vendre certains produits à Huawei, principalement des technologies inférieures aux normes 5G.

Washington envisagerait d'étendre l'interdiction à toutes les importations américaines, bien que « les discussions en soient à un stade précoce », selon un article de Bloomberg publié lundi. Cela pourrait inclure des éléments inférieurs au niveau 5G, tels que les éléments 4G, le WiFi 6 et 7, l'intelligence artificielle et les éléments informatiques et cloud hautes performances, toujours selon Reuters.

En réponse, la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning, a soutenu mardi lors d'un point de presse de routine que cette interdiction était « une pure hégémonie technologique » et que « la Chine s'oppose fermement à la généralisation par les États-Unis des concepts de sécurité nationale et à l'extension de l'abus du pouvoir de l'État pour réprimer les entreprises chinoises ».

La Chine protégera fermement les droits et intérêts légitimes des entreprises chinoises, a ajouté Mme Mao.

Une décision « paranoïaque de dernier recours »

Certains initiés de l'industrie ont qualifié l'interdiction complète de « décision paranoïaque et de dernier recours qui montre que même si les États-Unis ont rassemblé tous leurs outils pour freiner la Chine, tous semblent n'avoir pas atteint les résultats souhaités. Ils manquent également de plus en plus de solutions et se résolvent à plonger dans des sphères de niveau plus moyen et fondamental ».

« La logique de Washington fonctionne comme ceci: si les États-Unis arrivaient à battre Huawei, un symbole des prouesses technologiques de la Chine, cela pourrait paralyser l'élan ascendant de l'industrie technologique chinoise et ébranler la confiance florissante des entrepreneurs. Mais cette stratégie n'a manifestement pas fonctionné », a affirmé mardi Ma Jihua, un analyste chevronné des télécommunications.

« Depuis l'inscription de Huawei sur la “Liste des entités” en mai 2019, les États-Unis ont lancé une guerre technologique à part entière contre la Chine. Une série de plus de 100 géants et start-ups chinois de la technologie ont été ciblés depuis lors, dont TikTok, ZTE, SMIC, Yangtze Memory et DJI, les États-Unis citant des menaces à la sécurité nationale », a déclaré M. Ma.

Mais ce blocus n'a pas arrêté le développement des entreprises chinoises ni leur quête d'autosuffisance technologique.

Le président tournant de Huawei, Eric Xu Zhijun, a déclaré en décembre 2022 que le chiffre d'affaires global de Huawei devrait atteindre 636,9 milliards de yuans (91,59 milliards de dollars) en 2022, marquant une étape critique de l'entreprise qui a « réussi à sortir du mode crise ». M. Xu a noté que l'activité d'infrastructures des TIC (technologies de l’information et de la communication) de Huawei avait maintenu une croissance régulière et que la chute du secteur des appareils électroniques s'était atténuée malgré la pression américaine.

Selon Ma Jihua, « ces discussions ont également été révélées à un moment où les États-Unis intensifient la pression sur leurs alliés, dont les Pays-Bas, pour qu'ils rejoignent leur clique qui exclue la Chine. Elles précèdent également le “Sommet pour la démocratie” qui se tiendra en mars, une scène que les États-Unis jugent très importante pour mettre en commun les forces des alliés afin d'isoler davantage la Chine ».

« Washington profite de l'interdiction potentielle d'une entreprise technologique chinoise emblématique pour montrer à ses alliés que les États-Unis occupent une position dominante dans la chaîne de l'industrie des puces et de la technologie », a avancé M. Ma.

Une épée à double tranchant

Une décision sur l'interdiction complète pourrait être annoncée en mai, coïncidant avec le quatrième anniversaire de l'ajout de Huawei à la liste des entités, a rapporté Bloomberg mardi.

Mais des initiés de l'industrie chinois ont indiqué douter que les États-Unis « aient l'audace d'appliquer pleinement les mesures, car de tels contrôles sont une arme à double tranchant qui pourrait finir par se retourner contre eux », ajoutant que « les politiciens américains fanfaronnent toujours, mais agissent peu ».

Xiang Ligang, un observateur chevronné des télécommunications, a avancé mardi que « l'interdiction nuirait aux intérêts commerciaux des fournisseurs américains qui coopèrent étroitement avec Huawei, en particulier ceux qui font déjà face à de maigres bénéfices ».

D'ici 2025, les entreprises américaines pourraient perdre 18 points de pourcentage de part mondiale et 37% de leurs revenus si les États-Unis interdisaient complètement aux entreprises de semi-conducteurs de vendre aux clients chinois, selon un rapport du cabinet de conseil Boston Consulting Group publié en mars 2020. Les mesures restrictives précédentes ont déjà fait perdre des milliards de dollars aux fabricants de puces américains. Le chiffre d'affaires d'Intel a diminué de 32% en glissement annuel au cours du trimestre qui s'est terminé le 31 décembre, soit le quatrième trimestre consécutif de baisse des ventes, alors que le marché des ordinateurs personnels recule aux États-Unis.

Intel a refusé de répondre au Global Times pour commenter la nouvelle.

M. Xiang a indiqué que dans le même temps, les activités grand public de Huawei seraient également touchées, car des sociétés comme Qualcomm et Intel sont d'importants fournisseurs du secteur des smartphones et des ordinateurs portables de Huawei.

Mais des observateurs ont également pris note de la possibilité de s'approvisionner ailleurs, comme auprès de MediaTek, ainsi que des efforts accrus de Huawei pour faire des percées dans les technologies en situation de goulot d'étranglement.

Selon eux, « dans l'ensemble, la situation en Chine est nettement différente d'il y a quatre ans, lorsque de nombreuses entreprises technologiques n'étaient pas encore préparées à une poussée de découplage menée par les États-Unis ».

Au niveau gouvernemental, la Chine a stimulé de manière proactive l'innovation locale et a organisé des contre-attaques contre ce qu’elle qualifie de « pratiques hégémoniques américaines ». Elle a également renforcé la communication et la coopération avec ses alliés américains.

En décembre, la Chine a déposé une plainte auprès de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) concernant les mesures discriminatoires des États-Unis contre son industrie des puces, tirant le premier coup d'une série de contre-attaques contre la répression américaine.

Il est estimé que les alliés des États-Unis et les entreprises américaines auront tendance à être pragmatiques lorsqu'ils traiteront les exigences du gouvernement américain, et qu’ils trouveront un nouvel équilibre qui correspond à leurs intérêts commerciaux, a avancé Tian Yun, un économiste indépendant.

Par exemple, dans le cas des machines de lithographie, de récents articles ont affirmé que « les États-Unis ont fait pression sur les Pays-Bas pour qu'ils interdisent les exportations des machines de fabrication de puces du fabricant ASML vers la Chine ». Mais lors d'un appel téléphonique tenu lundi entre le ministre chinois des Affaires étrangères Qin Gang et le vice-Premier ministre néerlandais et ministre des Affaires étrangères Wopke Hoekstra, M. Hoekstra a déclaré que la partie néerlandaise continuerait à gérer les problèmes commerciaux et économiques avec la Chine « de manière responsable », suggérant, selon M. Tian, « un certain niveau de résistance à suivre docilement les ordres américains ».


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Source:french.china.org.cn