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L'économie française "a tenu bon" en 2022, mais devrait marcher à plus petite vitesse en 2023

French.china.org.cn | Mis à jour le 20. 12. 2022 | Mots clés : France-Economie-SYNTHESE

En proie au choc énergétique qui plombe les économies européennes, le PIB de la France pourrait enregistrer une croissance de 2,5 à 2,6% en 2022 malgré des difficultés. On s'attend néanmoins à un ralentissement de la croissance l'an prochain, selon les prévisions publiées en fin d'année par l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) et la Banque de France qui soulignent l'incertitude et mettent en lumière de nombreux défis, notamment un pic de l'inflation au début de 2023 et une production industrielle en repli.

UNE CROISSANCE DE 2,5 A 2,6% POUR 2022

Le PIB français fléchirait de 0,2% au quatrième trimestre de l'année 2022 sous l'effet d'une nette contraction de la consommation des ménages, traditionnel moteur de la croissance, d'une production industrielle en recul et d'une activité atone dans les services, selon les dernières estimations de l'Insee.

Avec des taux de croissance de -0,2%, de 0,5% et de 0,2% au cours des trois premiers trimestres, la croissance annuelle atteindrait 2,5% en 2022, selon lui.

Pour la Banque de France, l'activité résisterait encore au quatrième trimestre, avec une croissance de 0,1%; ainsi la croissance en moyenne annuelle du PIB s'établirait à 2,6%.

Ce serait une meilleure performance par rapport à celle de l'Allemagne à en croire les prévisions publiées fin novembre par l'OCDE qui prédit une croissance de 1,8% cette année pour la première économie de la zone euro.

Autres bonnes nouvelles pour la deuxième grande économie de ce bloc, les créations nettes d'emploi sont restées fortes et le taux de chômage est revenu à un niveau historiquement bas, à 7,3% en 2022, a précisé la Banque de France dans ses projections macroéconomiques de décembre 2022.

"Si on regarde la progression de l'économie au cours de ces années exceptionnelles, je dirais que notre économie a tenu bon cette année", a estimé François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, interrogé le 9 décembre sur France Info.

Toutefois, le choc énergétique qui a entraîné la flambée des prix de l'énergie et des produits alimentaires, a coûté environ 2% du PIB, ou près de 50 milliards d'euros de l'économie française cette année, selon le gouverneur. "Ce sera peut-être un peu moins fort l'an prochain, mais cela va durer", a-t-il jugé.

RALENTISSEMENT ET INCERTITUDES POUR 2023

En 2023, la croissance du PIB n'atteindrait que 0,3%, selon la Banque de France. "Une telle projection est entourée d'une incertitude toujours large, notamment liée aux aléas sur les quantités et les prix d'approvisionnement en gaz : nous retenons de ce fait une fourchette comprise entre 0,3% et 0,8% pour cette prévision de la croissance en 2023", précisent ces estimations qui n'excluent pas la possibilité d'une récession.

L'Insee, qui prévoit une croissance positive mais modeste (0,4%) pour l'an prochain, voit le début d'année 2023 "marqué par la hausse des prix de l'électricité et du gaz, pour les entreprises comme pour les ménages". Selon lui, la hausse programmée des tarifs réglementés du gaz et de l'électricité, ainsi que la fin de la remise à la pompe contribueraient à augmenter l'inflation générale, qui atteindrait 7% sur un an, tandis que le glissement annuel des prix de l'alimentation atteindrait environ 13%.

L'Insee souligne également une grande incertitude : l'évolution de l'inflation au cours des tout prochains mois dépendra, entre autres, de celle des mesures de limitation des prix de l'énergie et des fluctuations des cours du pétrole.

Le gouvernement français a annoncé que le bouclier tarifaire sur les prix de l'énergie serait prolongé en 2023, mais avec des hausses de prix pour le gaz et l'électricité limitées à 15%. En 2022, le bouclier tarifaire mis en place avait acté un gel du prix du gaz et une hausse limitée à 4% pour l'électricité, permettant au gouvernement français de proclamer que la France était "le pays qui avait le mieux protégé les ménages en Europe".

Le coût du bouclier tarifaire sera de 24 milliards d'euros en 2022 et il devrait grimper à moins de 44 milliards d'euros sur 2023, selon les estimations. Un des facteurs qui feront se dégrader le déficit public du pays en 2022-2023.

UNE DETTE PUBLIQUE DE 3.000 MILLIARDS D'EUROS

La dette publique française est remontée à 113,7% du PIB au troisième trimestre, selon l'Insee. Progressant de 40 milliards d'euros sur trois mois, elle approche ainsi des 3.000 milliards d'euros.

Avec les mesures "quoi qu'il en coûte" visant à aider les ménages et les entreprises à surmonter la crise de la COVID-19, la dette publique française a franchi définitivement le seuil de 100% du PIB en 2020. La Banque de France a récemment estimé, dans une évaluation sous forme de fourchette, que l'endettement pourrait varier sensiblement dans les années à venir, selon l'évolution de la conjoncture et le maintien de dispositifs protégeant le pouvoir d'achat, comme le bouclier tarifaire.

Partout en Europe, les gouvernements ont fait beaucoup pour atténuer le coup porté à l'économie par l'envolée des prix de l'énergie et des denrées alimentaires, notamment au moyen de plafonnements des prix, d'aides aux revenus, de prix subventionnés et de baisses d'impôts.

Le gouvernement français a annoncé sa volonté de garder la situation sous contrôle, notamment en accroissant les recettes grâce à des réformes comme celle sur les retraites. L'exécutif table sur un gain de huit milliards d'euros à l'horizon 2027. Le projet définitif doit être présenté le 10 janvier par la Première ministre Elisabeth Borne.

"Notre dette publique est trop élevée et de plus en plus coûteuse avec les taux d'intérêt qui remontent. Il faut sortir des mesures publiques d'urgence pour nous adapter à une nouvelle donne économique", a rappelé le gouverneur de la Banque centrale lors d'une interview accordée dimanche à des médias français.

Pour cela, il a proposé une répartition équitable entre entreprises et particuliers de la facture énergétique accrue, puis dans la durée une réduction de la dépendance aux énergies fossiles importées tout en musclant les capacités de production. "Nous avons besoin d'une croissance plus forte, mais aussi plus verte et plus juste", a souligné François Villeroy de Galhau.

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Source:Agence de presse Xinhua