La Chine appelle le G20 à œuvrer pour la paix et le développement

Le G20 se tient les 15 et 16 novembre à Bali, en Indonésie, en présence de dirigeants mondiaux, dont le président chinois Xi Jinping, le président américain Joe Biden, le président français Emmanuel Macron, le Premier ministre indien Narendra Modi et le président indonésien Joko Widodo. Il s’agit du deuxième voyage à l’étranger de M. Xi depuis janvier 2020 au tout début de la pandémie de COVID-19, après une visite en Asie centrale en septembre, et de sa première visite internationale après le 20e Congrès national du Parti communiste chinois (PCC). MM. Xi et Biden se sont rencontrés en marge du G20 le 14 dans l’après-midi, un moment très attendu. 

« Nous espérons que les États-Unis se joindront à la Chine afin de gérer de façon appropriée nos divergences, promouvoir une coopération mutuellement bénéfique, éviter les malentendus et les erreurs de jugement et ramener les relations sino-américaines sur la bonne voie d’un développement sain et stable», avait souligné Mao Ning, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, lors d’un point presse régulier avant la rencontre. De son côté, Joe Biden avait déclaré vouloir rouvrir le dialogue avec la Chine, mais qu’il comptait fixer des « lignes rouges » et établir des « garde-fous » sur fond de divergences profondes entre les deux pays, notamment sur le commerce, sur Taiwan et le Xinjiang, ou encore sur la suprématie dans le secteur des hautes technologies.

En cette période de trouble et d’instabilité internationales, les pays du G20 ont une responsabilité de poids. Ils représentent environ 80 % de la production économique mondiale, 75 % du commerce international et les deux tiers de la population mondiale. Ces pays ont les armées les plus puissantes du monde, les économies les plus prospères et les sociétés les plus innovantes. Et ils ont aussi de divers conflits commercial ou la confrontation géopolitique entre des pays membres. Ils peuvent soit s’unir pour trouver des solutions, soit rester divisés et aggraver la situation. Au cours de sa rencontre avec M. Biden, M. Xi a souligné la nécessité pour la Chine et les États-Unis de travailler, avec un sens des responsabilités envers l’Histoire, le monde et les peuples, à explorer une manière adéquate de s’entendre à l’ère nouvelle, à trouver la bonne direction à suivre pour les relations bilatérales et à les ramener sur la voie d’un développement sain et stable, dans l’intérêt des deux pays et du monde entier.

« Ce n’est que lorsque les pays du monde empruntent la bonne voie, coexistent pacifiquement et coopèrent de manière mutuellement bénéfique que l’on peut jouir d’une prospérité durable et assurer la sécurité dans le monde », avait déclaré Xi Jinping dans son rapport au 20e Congrès. Depuis l’épidémie de COVID-19, la Chine a ainsi participé à la formulation et à la mise en œuvre de l’Initiative de suspension du service de la dette (ISSD) du G20 et dans les faits, elle a contribué plus que tout autre membre du G20. 

L’Initiative de « la Ceinture et la Route » (ICR) que le président Xi a proposée en 2013, est par ailleurs devenue un symbole en termes de bien public international et une plateforme pratique de coopération. Dans le cadre de l’ICR, la Chine a signé plus de 200 documents de coopération avec 149 pays et 32 organisations internationales. Fin 2021, les entreprises chinoises avaient investi plus de 43 milliards de dollars dans les zones de coopération économique et commerciale des pays partenaires et créé plus de 340 000 emplois locaux. À la fin du mois d’août 2022, le commerce de marchandises entre la Chine et les partenaires de « la Ceinture et la Route » a atteint environ 12 000 milliards de dollars, et les investissements directs non financiers de la Chine vers les pays partenaires ont dépassé 140 milliards de dollars.

La Chine a aussi proposé l’Initiative mondiale pour le développement (IMD) afin de focaliser l’attention du monde entier sur les enjeux du développement, de favoriser le partenariat mondial pour le développement et de parvenir à un développement mondial plus vigoureux, plus vert et plus équilibré. Parlant de l’IMD, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres l’a qualifiée de « contribution précieuse pour relever les défis communs et accélérer la transition vers un avenir plus durable et inclusif ».

Dans son rapport au 20e Congrès, M. Xi avait déclaré que la Chine est toujours restée attachée à ses objectifs de politique étrangère de maintien de la paix mondiale et de promotion du développement commun. Mais le développement ne peut être pleinement réalisé sans la sécurité mondiale et la stabilité nationale. Dans un monde où de graves menaces planent sur la sécurité, notamment les différends entre grandes puissances et les conflits entre différents types de protagonistes, il est crucial que les pays du G20 qui disposent d’énormes ressources militaires, garantissent la sécurité et la stabilité.

Face à l’instabilité mondiale, la Chine a proposé l’Initiative de sécurité mondiale (ISM) pour créer une nouvelle voie vers la sécurité, privilégiant le dialogue à la confrontation, le partenariat aux alliances, et le gagnant-gagnant au jeu à somme nulle. David Monyae, directeur du Centre d’études Afrique-Chine de l’Université de Johannesburg, a déclaré que cette ISM était « cruciale à un moment critique où le monde doit faire face à de multiples crises ». 

Le G20 assume des missions de plus en plus complexes, sachant que les pays du G7 – ceux que l’on appelle les « économies avancées » – ont vu leur puissance et leur influence décliner à mesure que leurs orientations géopolitiques les entraînaient vers la confrontation. Plutôt que de participer de manière positive et active à la gouvernance mondiale, ces pays s’isolent pour former un bloc politique qui rappelle la Guerre froide en privilégiant l’antagonisme plutôt que la coopération. Et ces mêmes pays sont désormais confrontés à de graves problèmes internes. 

Le moment est venu pour que la communauté mondiale dans son ensemble assume une plus grande responsabilité en matière de développement et de sécurité. Et le G20 offre une occasion rare de favoriser un véritable dialogue et une véritable coopération. C’est le message que le président Xi s’efforcera de tenir au cours de ce sommet. 

par Jacques Fourrier (L’auteur est un journaliste et commentateur français basé à Beijing depuis 25 ans)

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