Compte tenu de la résilience économique de la Chine et de sa position centrale dans l'économie et les chaînes d'approvisionnement mondiales, la rhétorique du "découplage" d'avec ce pays est non seulement irréaliste, mais aussi manque de vision, ont estimé des experts.
En tant que deuxième plus grande économie du monde, la Chine joue un rôle important dans les chaînes d'approvisionnement mondiales et sera cruciale pour la reprise économique mondiale, juge ainsi Wichai Kinchong Choi, vice-président senior de la grande banque thaïlandaise Kasikornbank.
L'écosystème industriel dynamique de la Chine, ses infrastructures solides, son environnement commercial transparent et son immense marché intérieur sont autant de facteurs qui rendent ce pays attrayant pour les investissements étrangers, ajoute-t-il.
Se découpler ou s'isoler de pays ou de régions va à l'encontre de la mondialisation, a confié à Xinhua Lawrence Loh, directeur du Centre pour la gouvernance et la durabilité de l'Ecole de commerce de l'Université nationale de Singapour.
"Nous devons rester fidèles à la logique économique de la mondialisation", a-t-il dit, notant que ladite mondialisation contribue à favoriser la mobilité des ressources et des résultats, ce qui permet aux pays de gagner en efficacité.
Notant que la tendance à la mondialisation était irréversible, Koh King Kee, président du Centre pour la Nouvelle Asie inclusive de Malaisie (CNIA), un groupe de réflexion malaisien non gouvernemental, a estimé qu'une coopération ouverte, inclusive et mutuellement bénéfique demeurait la voie à suivre.
Selon lui, au cours de la dernière décennie, la contribution de la Chine à la croissance économique mondiale est restée stable à environ 30%. La Chine est la plus grande nation commerçante du monde et l'un des principaux partenaires commerciaux de plus de 120 pays et régions.
"Le monde est devenu plus dépendant de la Chine, à la fois en tant que fournisseur et consommateur", a noté M. Koh, ajoutant qu'elle prône le multilatéralisme et encourage une coopération ouverte, inclusive et mutuellement bénéfique via des plateformes de coopération régionale telles que la Zone de libre-échange ASEAN-Chine et le Partenariat économique régional global (RCEP).
L'afflux d'investissements directs étrangers (IDE) en Chine, effectivement utilisés, a augmenté de 17,4% en glissement annuel pour atteindre 723,31 milliards de yuans au cours du premier semestre. Mesurés en dollars, ces investissements ont augmenté de 21,8% en glissement annuel pour atteindre 112,35 milliards de dollars. Au deuxième trimestre, 91% des entreprises à capitaux étrangers ont maintenu ou étendu leurs activités en Chine.
La mondialisation sans la Chine n'est pas la mondialisation et le "découplage d'avec la Chine" n'est qu'un discours creux, pense Yuki Izumikawa, responsable de l'Association japonaise pour la promotion du commerce international.
Ronnie Lins, directeur du Centre sino-brésilien pour la recherche et les affaires, compare le "découplage d'avec la Chine" au fait d'enlever le moteur et les roues d'un véhicule.
Selon des experts, il faut des années aux entreprises pour bâtir une chaîne d'approvisionnement complète et un changement irréfléchi de l'un des maillons de cette chaîne serait peu rentable, voire irréaliste.
"Ceux qui parlent de découplage d'avec la Chine s'accrochent à une mentalité de Guerre froide et ne font que rêver", assure M. Choi de la Kasikornbank.
Le monde est toujours aux prises avec les impacts de la COVID-19, tandis que les défis émergents tels que la hausse de l'inflation et des prix de l'énergie posent de nouveaux risques pour la croissance économique mondiale, poursuit-il. A ses yeux, l'économie chinoise, avec son grand potentiel et sa résilience, aidera à stimuler la reprise et la croissance de l'économie mondiale dans les années à venir.